Lorsque le jeu s’approprie notre réalité
J’ai assisté mercredi 22 mars à la Master Class “Comment relier le jeu à la réalité?” à l’école ECV Digital, dans le cadre de mon Master UX Design. Cette conférence a été animé par Thibault Cabanas, UX Designer senior chez Axance et Co-fondateur de Pixcook. Thibault nous a sensibilisé à la reconnexion entre jeu et réalité. Ce thème a poussé ma réflexion plus loin, à propos des jeux qui dépassent nos limites, qui prennent l’avantage sur la réalité.
“Rien ne peut égaler ce qui nous entoure”
Thibault Cabanas
Dans cet article je parle de ce que je pense et perçois, cet article n’engage que mon opinion personnelle.
A quoi jouons-nous ?
Le jeu est quelque chose d’ancré en nous. Depuis la nuit des temps tous les hommes jouent. Le jeu évolue avec le temps, avec la technologie, avec les idées de l’homme. L’objectif étant de toujours renouveler cet amusement par de multiples innovations. Ainsi lorsque nous parlons de “jeu”, nous parlons d’une multitude de choses.
L’imagination
En effet l’imagination est notre premier terrain de jeu. Notre imagination part de ce qu’on connaît, de notre environnement et recrée sans cesse de nouvelles choses. Une personne qui joue avec son imagination est une personne qui joue avec son esprit et qui en cela, le développe.
“Logic will get you from A to Z; imagination will get you everywhere”
Albert Einstein
Les jeux vidéos
Lorsque l’on parle de jeux vidéos, on parle des consoles (Playstation, XBox, Nintendo..), des ordinateurs avec les jeux PC et en ligne, mais aussi des smartphones et tablettes qui sont des supports accueillant énormément de jeux. Les jeux vidéos ont souvent été abordés comme étant un type de jeu qui renferme l’homme sur lui-même. Heureusement, l’opinion général a évolué à ce propos. Ce type de jeux est particulier puisque qu’il rassemble beaucoup d’autres types de jeux : il peut s’agir d’un jeu de stratégie en équipe, d’un jeu de simulation, d’un jeu de sport etc.
Les jouets
Lego, Playmobil, Jenga, constructions en tout genre, poupées, voitures etc.
Les jouets font partie de nous, de l’enfance de chacun. Ils construisent notre éducation, notre caractère. Si on joue seul, à plusieurs, dehors, à l’intérieur : toutes ces choses ont un impact sur notre personne en devenir.
Les jeux de société
Jeux de plateau, cartes, dés …
Ce type de jeux est particulièrement intéressant pour le développement des capacités mentales. Ces jeux font beaucoup travailler la logique, la stratégie, la patience etc.
Les jeux d’alcool
Beaucoup de personnes pratiquent les jeux d’alcool mais tous ne font pas cela pour les mêmes raisons : certains affirme jouer pour se sentir rapidement ivre et certains disent jouer pour s’amuser entre amis autour d’un (ou plusieurs) verres. Ces dernières personnes montrent que le jeu est ancré en nous même si le contexte est différent. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
Escape game
Depuis quelques années un nouveau système de jeu se développe : les escape games. C’est un jeu d’évasion grandeur nature, on se trouve sur un environnement dédié au jeu, et on joue. Cela peut être des épreuves de logiques, des jeux physiques type acro-branches en intérieur par exemple, des tests de rapidité etc. Les escape games favorisent la gestion de la pression puisque que les épreuves sont la plupart du temps chronométrées. Aussi, la réflexion en collaboration car ces jeux sont souvent organisés en équipes.
Le sport
Le sport est un jeu, ou du moins devrait être pris avant tout comme jeu, avant de penser compétition. Le jeu et la compétition sont liés par leur nature. Il s’agit de devenir “bon joueur” ne pas être un mauvais perdant, “Faire cela pour s’amuser avant tout”, apprendre de ses erreurs et repousser ses limites sans pour autant vouloir “écraser” l’autre. Cela entraîne nos capacités physiques et les développe. Cela améliore notre capacité à jouer en équipe ou seul.
Le jeu ne permet-il pas le dépassement de soi ?
Nous venons de voir ce que le jeu peut nous apporter selon son type. Je pense sincèrement que le jeu, en général, permet de manière positive le dépassement de soi : on se donne sans cesse de nouveaux objectifs à travers le jeu, à travers les compétitions. La compétition repousse nos limites car on souhaite être toujours plus fort, être fière de nous même et que l’on soit fier de nous. On parle de développement de la collaboration, de la logique, de la gestion de la pression, des capacités physiques, de la stratégie, de la gestion de la défaite etc.
L’évasion par le jeu
Si on prend le jeu de manière plus globale, je pense que celui-ci a un impact sur le bien être d’une personne. Jouer permet de s’évader du quotidien, c’est comme lorsqu’on est plongé dans un bouquin : on pense à l’histoire en cours et pas au reste, pas à notre quotidien. Le jeu permet donc l’évasion. Il permet aussi la découverte puisque les jeux et leurs contextes évoluent sans cesse. En cela le jeu ouvre temporairement une porte par laquelle on s’échappe de notre quotidien. Cela nous permet de “faire une pause” et d’être plongé dans un autre univers. Le jeu nous permet d’extérioriser : à ce sujet on parle plus souvent du sport, mais tous les jeux permettent ce défoulement.
Le jeu a un impact sur beaucoup d’aspects de notre personnalité et de notre mode de vie. Ce qui est positif comme le développement de multiples capacités peut devenir négatif s’il est poussé à l’extrême. L’ouverture d’esprit apportée par le jeu peut rapidement basculer. Une personne qui joue “trop” peut se renfermer dans le jeu. Attention : lorsque l’on parle de jouer “trop” ce n’est pas clair. D’après moi il peut y avoir des conséquences négatives, mais pas forcément si on joue “trop” en quantité, je dirais plutôt que cela dépend de l’immersion et de l’implication du joueur dans le jeu. On est “trop” dans le jeu.
Les “jeux de vie” ou prendre la vie comme un jeu
De nombreuses personnes ont cet attachement au jeu et le pousse jusque dans leur vie quotidienne. Ils aiment “jouer” avec leur vie et parfois avec celles des autres. Cela me fait penser au film Jeux d’Enfants où le “Cap ou pas cap” fait entièrement partie de la vie des personnages et les poussent à faire des choses qu’ils n’auraient certainement pas fait si ce n’est dans le cadre d’un défi. Ces jeux représentent d’après moi la limite du “jeu”. Dans ce contexte on parle de gestions de ces propres émotions et parfois manipulations de celles des autres, de prises de risques énormes, de réactions démesurées, de recherche d’adrénaline. Finalement on a du mal à appeler ça des “jeux” en vue de leurs conséquences.
Lorsque le jeu repousse les limites de notre réalité
Aujourd’hui les challenges et défis en tout genre sont très tendances et ils sont relayés par tous les réseaux sociaux, à partir de là tout va très vite : de partages en partages, de buzz en flops, tout est diffusé et c’est à celui qui impressionnera le plus par son courage, par sa bêtise, par son humour, par son exploit etc.
Jeux de l’extrême
Le film Nerve traite de ce sujet en poussant les défis à l’extrême. Je pense que cela peut être intéressant pour les joueurs de voir ce genre de films car cela permet d’avoir un regard extérieur sur ce qui peut arriver aux joueurs “de l’extrême”.
Le risque de ce genre de film est de créer l’effet inverse c’est à dire de pousser les gens à reproduire ce qui est montré, de les inspirer.
[SPOILER ALERT] La bande annonce montre presque tout le film :
Autour du film
Une application est disponible pour vivre en réalité virtuelle les défis réalisés dans le film. Ces défis ont été réalisés par des professionnels (pas par les acteurs) : il ne faut pas reproduire leurs défis. Il s’agit simplement de l’écosystème du film, et non pas d’une application visant à reproduire l’application de défis du film.
Création d’une autre application “NERVE — Truth or Dare” par Beta Labs qui elle vise réellement à lancer des défis à sa communauté. Il ne s’agit pas de défis mettant en danger les joueurs.
Cependant ce genre de jeu, puisque il s’agit d’un jeu, ne pousse-t-il pas à repousser ces limites comme dans tous les jeux auxquels nous jouons depuis que nous sommes enfants ? En cela n’est-ce-pas dans la nature de l’homme de se lancer des défis et d’aller toujours plus loin ?
Les films comme Jeux d’Enfants, NERVE, 13 SINS (bande-annonce ci-dessous) traitent de ce sujet plutôt inquiétant. Repousser ses limites est une bonne chose tant que l’on en gère le contexte, dans quel cadre on joue, on se surpasse, dans quel domaine.
Aussi, tant que les défis sont les notres et non pas dictés par des tierces personnes. Personne ne doit dicter ou pousser une personne à faire des choses qui ne lui ressemblent pas, et surtout qui vont à l’encontre de ses envies. Cela peut paraître logique mais c’est une bonne chose de faire de la prévention à ce propos. Il y a des nouveaux “jeux extrêmes” tous les jours et les risques de débordements sont à prévenir.
