On n’a jamais autant parlé pour ne rien dire

Quand on oublie de répondre aux messages de ses amis, on peut considérer qu’il y a un problème.

Egon Ghst
Scribe
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3 min readJan 22, 2018

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Je vous écris aujourd’hui, poussé par un besoin sentimental — un désir aigu et douloureux de vous parler.
Fernando Pessoa

Pourquoi je t’écris si peu ?

Je suis de ceux qui n’envoient pas souvent de leurs nouvelles. Ça n’a pas toujours été le cas. C’est seulement depuis quelques années que je suis devenu plus distant avec le message instantané.

Pourtant mes amis me manquent, je pense beaucoup à eux et j’aimerais leurs écrire plus quand on ne se voit pas — je crois qu’on est beaucoup à partager ce sentiment.

Pour être honnête, je ressens souvent un certain malaise quand je discute par messages. J’ai toujours la désagréable sensation que mes échanges sont pauvres, que je ne suis pas vraiment présent sans être distant pour autant.

J’ai régulièrement un sentiment de frustration pendant une conversation, l’impression de rester en surface, d’avoir un échange tiède — celui qu’on utilise pour remplir un vide mais qui n’est pas nécessaire.

On se raconte beaucoup de choses anodines, parfois superficielles malgré nous. Mais combien de messages ont réellement comptés ? Avons-nous beaucoup de souvenirs de toutes ces conversations ? Est-ce qu’on y trouve quelque chose de mémorable ?

Et si on décide de s’en passer, qu’adviendra-t-il de nos relations ?

Ça ne m’intéresse pas de savoir qu’une personne va “bien”, qu’est ce que ça veut dire “bien” ? Pas grand chose en vérité.

J’aimerais savoir ce que mes amis ont ressenti ces derniers jours, de quoi ont-ils eu peur ? Ont-ils ressenti de la gratitude ? Qu’ont-ils appris ? Qu’ont-ils à me faire découvrir ? Quels sont leurs projet, leurs échecs et leurs réussites ? Quelles sont leurs dernières lectures ?

C’est ça qui m’intéresse — pas les trois derniers emojis qu’on se texte avant de dormir — c’est ce que j’aimerais lire malgré la distance qui nous sépare parfois. J’ai conscience que ce que j’écris n’est pas nouveau, mais changeons-nous réellement quelque chose à ça ?

J’aimerais t’écrire moins souvent mais mieux.

Pour cesser de mal vivre mes conversations, j’utiliserai le mail pour leurs écrire. Parce que oui, évidemment, je crois que c’est important d’entretenir de vrais échanges avec ses amis.

Rédiger une lettre virtuelle, me laisser le temps de choisir mes mots et leurs accorder toute mon attention à un instant t. Je n’ai pas envie d’être distrait par les réseaux sociaux ou d’avoir de multiples conversations simultanément — je pense aussi à l’absurdité des doubles conversations, sur des plateformes différentes avec une même personne.

Je ne peux plus voir ces trois points de suspensions qui s’agitent et me font désirer une réponse rapide.

J’aimerais qu’on s’accorde une parenthèse dans l’immédiat.
Qu’on s’écrive moins souvent — une fois par semaine, une fois par mois, pourquoi pas ? — pourvu que nos mails soient longs.

J’ai peur qu’à ne rien changer à notre communication, on finisse par se survoler — comme lorsqu’on swipe sur Tinder.

Si ces mots vous parlent, si vous aimeriez que j’écrive plus souvent, prenez le temps de laisser un ou plusieurs 👏 et partagez cet article avec vos amis.

Ça me donne du courage.

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Egon Ghst
Scribe
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Designer queer passionné par les mots et la technologie.