Ré-apprendre à Aimer, à tes cotés

Marie M
Scribe
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7 min readApr 21, 2018

J’avais oublié, j’avais oublié l’envie du temps qui s’arrête pour profiter encore, encore un tout petit peu…

Depuis quelques mois l’idée du couple me dépassait, ce n’était plus pour moi. L’amour, sans que je m’en sois rendu compte, était devenu synonyme de souffrances, de mal-être, d’humiliations. Je n’en voyais plus l’intérêt, à mes yeux c’était presque une perte de soi. Moi, ce que je voulais c’était être indépendante, l’amour c’était cette prison insupportable, l’impossibilité de vivre et dépendre des émotions de l’autre.

Aujourd’hui, je suis capable de mettre des mots sur ce que je ressentais mais il y a de ça quelques semaines, je ne savais pas qu’en réalité l’idée que j’avais du couple avait été violemment détruite. Si j’avais compris le mal qu’il m’avait fait, je n’avais pas vu que ma représentation des sentiments amoureux avait aussi souffert.

Alors ce soir-là, quand j’ai senti l’apaisement dans les bras d’une personne qui me voulait du bien, je me suis souvenue de la beauté des gestes, de la facilité, de la légèreté que de telles émotions peuvent en réalité apporter.

C’est pour ça que j’ai décidé d’écrire cet article.

Pour te remercier toi qui m’a redonné goût à l’amour.

On est fragile tous les deux. On a un passé qui prend de la place, tellement de place, surtout le mien. Sans trop le vouloir, on s’est lancé dans une situation qui malgré son envie de légèreté ne le sera sûrement pas. On y laissera surement quelques plumes mais l’envol sera là parce qu’à tes côtés c’est de voler dont je rêve, de voyage et de liberté.

Pourtant je croyais si fermement ces derniers temps qu’aimer c’était perdre justement cette liberté, je pensais qu’aimer c’était m’oublier. J’étais devenue le vide, le rien, l’absence du bruit de mes pas sur le sol. J’errais dans la pénombre de mes sentiments pour celui que j’appelais dans mes écris : le tortionnaire. J’étais devenue sa marionnette alors après ce vécu, envisager le couple, ce n’était plus possible.

Et puis tu es arrivé, dire que tu es arrivé semble drôle puisqu’en réalité cela fait déjà treize longues années que l’on se connait, se confie, s’aime amicalement. On n’avait rien vu venir, les autres si… apparemment !

C’est arrivé un soir, j’ai soudainement senti que les choses avaient changé entre nous, que ma chance à tes côtés, il fallait que je la saisisse. C’était étrange, ces changements presque imperceptibles dans nos comportements. C’était là entre nous et ça me paraissait fou, comment en treize ans n’avais-je rien vu venir ?

Il y a eu des périodes, des instants où l’on aurait pu se rapprocher mais cette idée d’amitié entre nous était trop profondément ancrée et puis osons le dire… j’étais la copine de ton meilleur ami. J’avais le statut d’intouchable mais les évènements ont fait que j’ai retrouvé ma liberté et cette liberté nous avons alors décidé sans vraiment le savoir, un soir, de la partager.

J’ai senti ce changement, ta présence à mes côtés n’était plus la même, tu étais devenu encore tellement plus présent justement, si palpable. J’ai attendu un soir de plus et quand on s’est serré dans les bras pour se dire bonne nuit, quand tu devais alors rejoindre ton lit et moi le canapé de ton salon, j’ai saisi notre chance. Je t’ai attiré à moi, amicalement d’abord puis après de longues heures à se perdre dans notre amitié, nous avons fait le premier pas, nous avons brisé les barrières qui inconsciemment nous séparaient.

Durant ces quelques premières heures et d’autres encore nombreuses qui ont suivies, j’ai eu cette impression de te redécouvrir, d’apprendre à te connaitre… autrement !

C’était incroyable !

Sauf que ce premier soir-là, on a gardé nos distances, on a pensé à cette amitié si forte qui nous lie et tu es allé te coucher de ton côté. Je me souviens du réveil le lendemain matin, j’avais une boule en moi, c’était énorme, un mélange de peur et de bonheur, si intense. Cette nuit-là, ces quelques instants à nous, si nouveaux, nous avaient bouleversé.

Je me souviendrai toujours avec nostalgie de ces ressentis que nous avons tenté alors de décrire et que l’on partageait, nos émotions étaient synonymes, nos impressions similaires. Tu trouvais mes mots, j’avançais les tiens, nous étions là en chœur face à cet inconnu inattendu.

Ecrire cet article, c’est retrouver au fond de moi ces premières sensations et encore maintenant je vois la folie de ce qu’il s’est alors produit. J’ai répété ton prénom, tu répétais le mien, comme une possibilité de revenir à la réalité et pourtant nous étions bien là, c’était toi, c’était moi et c’était ce nous qui prenait place.

Est venu alors le temps des longs discours, « prendre le temps », « protéger notre amitié », « ne jamais perdre ce que l’on était », « se respecter et se faire confiance ». Ces deux derniers mots ont résonné en moi. Du respect, de la confiance, était-ce ça alors partager ? La base d’une relation saine et sereine ? Ce sentiment qu’à tes côtés, il me faudra tout réapprendre, de la confiance en moi à la confiance en l’autre mais cette envie aussi d’y croire parce que c’est toi, c’est nous et notre amitié qui restera quoi qu’il advienne.

Alors j’ai peur souvent, trop souvent. Dès que tu n’es plus là, en quelque heure, l’effroi s’installe. « Et si je m’emportais. Et si ce n’était pas réciproque… » Quand tu es là, tout parait limpide mais face à moi-même, je me décompose. Ma confiance en moi, pour être sincère, a toujours été fragile mais seule, en célibataire endurcie, je crois un peu en ce que je suis.

Face à l’autre et même face à toi, je ne me plais plus car il y a les autres, toutes les autres qui sont tellement mieux que moi. L’incompréhension s’impose : pourquoi moi quand tu pourrais avoir toutes les autres ? Et mes yeux pleins d’admiration pour toi qui me fusillent du regard : « Marie tu ne fais pas le poids ».

Pourtant cette envie d’y croire encore et encore, cette envie de m’évader dans tes bras, de ce fameux temps qui s’arrête. Ces jours que je ne veux voir passer puisque bientôt tu partiras à l’autre bout du monde.

Ce week-end, un samedi soir comme les autres, je suis sortie boire un verre avec une amie, tu étais en tournage de ton côté. Un peu avant minuit je suis rentrée et sur le chemin du retour, cette impression si étrange m’a désorienté, je n’avais pas peur. Je n’avais pas peur de rentrer, mon ventre ne se tordait pas de douleurs insupportables, les larmes ne coulaient pas, au contraire mes pas s’accéléraient.

Rythme effréné du bonheur de te retrouver, danse incroyable de l’amour qui surgit, pas après pas, qui me rapprochait de toi.

C’était une sensation particulière, c’était me mettre face aussi à mon passé, au fait que j’avais accepté comme un quotidien, pendant plusieurs mois, la peur de celui que je croyais aimer. De cette peur malsaine, tu m’as délivré. A tes côtés, je redéfinis l’amour, tu me donnes les mots, je les façonne en phrase, en poème et je chante.

Tu n’es pas la solution à mon passé meurtri, tu n’es pas l’option de secours, celle qui m’arrachera à ce qu’il m’a fait subir, à ce que j’ai aussi provoqué. Tu es toi, tu es celui à qui je souris avant la nuit, au réveil quand tu ne consens à te lever. Tu m’apportes des armes de velours pour combattre mes doutes et siège à mes côtés, offre ton pacifisme à mes colères véhémentes.

Tu ne me juges pas, acceptes que ma réalité soit encore dure, qu’à cause de mon passé nous allons sûrement devoir être forts mais nous le serons ensemble car nous avons aussi fait ce choix, être ensemble.

Encore parfois, j’ai honte, j’ai ce sentiment de t’imposer ce bagage déjà trop lourd pour moi. J’ai ce sentiment d’apporter à ta vie des bourrasques de vents violents quand tu n’aspires qu’à la sérénité mais tu me rassures et je tente alors de me calmer.

Y croire, je veux y croire.

Dans mes carnets, je métamorphose petit à petit le champ lexical de la douleur en une poésie vibrante d’espoir.

Alors, ces mots, ils sont pour toi, ces mots ils me font peur car j’ai ce doute, encore, qu’ils te fassent fuir. Mais ils sont là, bien présents et je refuse de les faire taire. Pendant si longtemps j’ai été vouée au mutisme, interdiction de penser ou presque, la peur abusive des représailles mais face à toi je veux dompter l’ennemi, le doute, le manque de confiance, la peur parce que je veux m’offrir à toi, pleine et entière. Je veux que tous ces ennemis qui sont aussi les tiens disparaissent et que, ensemble, on parte conquérir le monde.

Avec toi, j’en suis capable, avec toi, j’en ai envie, petit à petit mais j’en ai envie.

Aujourd’hui je laisse tomber mon armure car notre amour n’est pas un combat.

Aujourd’hui, je transforme ce « je t’aime si fort » que nous partagions déjà amicalement pour un « je t’aime » limpide qui me rapproche toujours plus de toi. Nous ne savons pas encore où l’avenir nous mènera, qui peut vraiment le savoir ? Cependant au fond de moi une certitude, notre avenir, il sera là, ça sera toi, ça sera moi, deux êtres entiers dont le chemin ne fait que commencer.

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Marie M
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Entre écriture, lectures, voyages et réflexions.