Au sommet du Mont Sebastopol

Un an déjà…

All Blackpacker
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7 min readNov 9, 2017

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Jeudi 9 Novembre 2017, 10h37, Auckland. Je sirote tranquillement mon verre d’eau, de retour dans le salon de l’auberge de jeunesse qui m’avait accueilli il y a maintenant presque un an, pour mes premiers pas chez les Kiwis. Je suis entouré de backpackers arrivés tout fraîchement au pays, prêts à en découvrir les merveilles et vivre une expérience qui, certains ne s’en doutent peut-être pas encore, marquera leur vie à jamais. Après un dernier road trip, je m’apprête à faire le chemin inverse. L’avion m’attend demain soir, à l’aéroport d’Auckland, pour un retour en France où la boucle sera bouclée. Je repars, et vis cette dernière étape avec les “nouveaux” comme un passage de témoin. Je commence finalement à taper sur mon clavier pour écrire ces quelques lignes, les dernières de mon aventure en Nouvelle-Zélande. Dans l’espoir que celles-ci puissent inspirer quelques voyageurs en herbe qui hésitent encore à se lancer. 11h01, il est l’heure du bilan.

Coucher de soleil sur les Marlborough Sounds, pour un adieu à l’Île du Sud

Partir vous aide à grandir

Au delà de tous les paysages magnifiques qu’il m’ait été donné de voir durant cette année, cette expérience m’a apporté énormément d’un point de vue personnel. Je me revois ce matin encore dans le miroir de l’auberge. La barbe a poussé, l’esprit aussi. Le voyage forge. Et ce en différents points.

Entouré par les moutons à Farewell Spit, pointe nord de l’Île du Sud

Tout d’abord, l’immersion dans une nouvelle culture. Il faut le reconnaître, elle s’apparente ici fortement à une culture occidentale. Le dépaysement n’est pas si fort que dans d’autres pays du monde. Mais mine de rien, la manière d’appréhender les choses, les mentalités, changent. Les quelques locaux que j’ai pu rencontrer durant mon séjour ici ont été d’une gentillesse incroyable, toujours prêts à vous aider. Je me souviens encore de ma première nuit en HelpX à Raumati South, près de Wellington, où j’avais participé à une soirée où plusieurs personnes que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam m’avaient alors proposé de m’héberger gratuitement, alors que je n’étais pas forcément dans le besoin.

Le sentiment de zénitude qui règne ici est également très frappant. Les Néo-Zéalandais sont des personnes très ouvertes et relax. De quoi mettre de côté son stress naturel durant un an. Prendre la vie côté Kiwi, cela a du bon !

Des pêcheurs à Tolaga Bay

D’autre part, le fait de voyager en solo apporte son lot de maturité. Cela permet plus que tout de sortir de son quotidien, de sa zone de confort. Cela force à repousser ses limites, à connaître ses limites, à SE connaître, à s’accepter. Cela permet de relativiser énormément sur l’importance des choses, sur l’importance du bien matériel. Après quelconque problème, quelconque galère (car il y en a !), on se rend compte que finalement, ce n’était pas si grave et que l’on est capable de les surmonter, généralement plutôt facilement.

Voyager en solo force également à se tourner vers l’autre, chose que l’on a moins tendance à faire lorsque l’on voyage à plusieurs. Alors c’est sur, partir avec des personnes que l’on connaît, que l’on aime, n’empêchera pas de faire des rencontres, bien au contraire ! Mais partir seul vous prive de ce confort d’avoir toujours quelqu’un à vos côtés pour partager les bons et les mauvais moments, pour vous aider à prendre les décisions, quelqu’un sur qui se reposer. Ce qui vous pousse d’autant plus à laisser de côté votre éventuelle timidité, et partir à la rencontre d’autres voyageurs de tous horizons. Et ce sont notamment ces rencontres qui font du voyage une expérience exceptionnelle, qui permettent cette ouverture d’esprit. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes extraordinaires durant ce voyage, qui m’ont aidé à grandir et à faire de cette aventure l’expérience d’une vie. J’ai également eu la chance de vivre l’aventure à plusieurs, avec des amis me rejoignant de France pour un bout de route avec moi. Et c’est également une expérience magnifique de partager ces moments, ces découvertes avec des personnes que l’on aime. Ce qui peut parfois manquer lorsque l’on est seul.

Fin de journée sur la Bay of Plenty

Car oui, d’un autre côté, tout n’est pas toujours rose lorsque l’on part en solitaire. Il ne faut pas se le cacher. Après des périodes d’euphorie viennent parfois des périodes de doutes. Des périodes où la famille, les amis manquent. Des périodes où l’envie de rentrer au pays se fait ressentir. Des périodes qui peuvent presque pousser jusqu’à une lassitude de voyager. Mais finalement, ces moments de doutes vous aident également à grandir, et tout se dissipe lorsque l’on repense à ce que l’on a vécu et ce qui nous reste à vivre durant cette aventure. Dans ce magnifique pays, il est souvent facile de repartir du bon pied et de se laisser surprendre par de nouvelles découvertes. Et s’il y a bien une chose que j’ai pu apprendre et qui aide beaucoup, c’est le positivisme !

Tolaga Bay, Gisborne

La liberté pour épée, le partage pour bouclier

Mis à part ce positivisme, je souhaiterais maintenant revenir sur deux notions, deux sentiments qui ont été très forts durant cette période à l’étranger. Des notions que je souhaiterais conserver et toujours développer à mon retour en France, et que je décrirais en déformant quelque peu la célèbre citation “L’amour pour épée, l’humour pour bouclier”, de l’excellent Bernard Werber.

Avant l’envol du planeur à Omarama, en décembre dernier
  • La liberté comme épée : celle qui vous aide à avancer, à percer. Le sentiment de liberté que j’ai pu avoir durant un an est impossible à décrire. C’est lui qui m’a poussé vers l’avant, qui m’a poussé à accomplir des choses que je n’aurais sans doutes jamais réalisées si j’étais resté en France. Sans jugement, sans pressions sociales, j’ai pu me laisser porter au gré du vent par les opportunités qui se sont présentées à moi. Au final, le peu de choses que j’avais pu prévoir ou planifier ne se sont pas produites dans la majorité des cas, du fait de ces opportunités auxquelles je n’avais pas forcément pensé. Cela a pu conduire a des choses parfois illogiques, avec de nombreux aller-retours entre nord et sud, pour un total de presque 25 000 km parcourus sur le pays et 4 traversées en ferry entre les deux îles ! Mais je n’ai absolument aucun regret de m’être permis le “luxe” de voyager de cette façon, tant j’ai pu apprécier ce sentiment. C’est en faisant tomber ces barrières que l’on se fixe parfois soi-même que j’ai été le plus heureux.
Cathedral Cove, dans le Coromandel
  • Le partage comme bouclier : celui qui protège, qui vous aide à construire. Les Néo-Zélandais utilise eux l’expression “Sharing is caring”, que je traduirais sans doute par “Partager, c’est prendre soin des autres” (ou tout simplement selon Google Traduction, “Partager, c’est aimer”). Selon moi, rien n’est plus vrai. J’ai pu voir à quel point la notion de partage pouvait être importante lors de mon voyage. L’intérêt de tout garder, construire pour soi-même, est à mon sens très limité. Tôt où tard, le revers de la médaille se fait apparaître lorsque l’on s’isole. Le partage en revanche permet la construction, la mise en place de relations plus importantes, et ce durablement, avec des personnes pouvant compter sur vous mais également sur qui compter. Et pour moi, il n’y a rien de plus agréable que de pouvoir partager, donner à l’autre.
Sur Castle Hill, Arthur’s Pass

Jeudi 9 Novembre 2017, 14h21, Auckland. Difficile de résumer les émotions, les impressions, les sentiments ressentis sur une année complète en si peu de ligne. J’ai donc pris le temps, comme à chaque fois. Le verre d’eau est terminé. Un air de Kiko Bun dans les oreilles, sous le soleil de la terrasse maintenant, il est l’heure de conclure.

Est-ce-que je repartirai un jour? Il est trop tôt pour le dire, même si l’envie est là. Pour le moment je savoure, et je me souviens. Je me souviens de mes premiers pas à Auckland. Je me souviens de ma première expérience en bénévolat chez une personne exceptionnelle. Je me souviens de mon Noël passé au pied de la plus haute montagne du pays. Je me souviens de mon jour de l’an passé à nettoyer des casseroles. Je me souviens de mon premier road trip en amis, puis de mon deuxième. Je me souviens des kumaras. Je me souviens de l’hiver en été, passé à dévaler les pistes de ski dans un décor de rêve.

Je me souviens, Nouvelle-Zélande, de tes routes somptueuses, de tes plages, de tes collines, de ta verdure, de ta végétation, de ta vie sauvage, de tes rivières, de tes montagnes, de tes volcans, de tes fiords. Je me souviens de tous tes paysages plus magnifiques les uns que les autres. Je me souviens de tes habitants adorables et toujours accueillants. Je me souviens des voyageurs qui viennent te rendre visite, toujours plus nombreux, et qui ont pour beaucoup été des rencontres extraordinaires. Je me souviens, et je me souviendrai. Et pour tout cela, je n’ai qu’un seul mot à dire : merci.

Coucher de soleil sur le Lac Taupo

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