Le Mont Cook se dresse sur la route

Un premier road trip, qui en appelle bien d’autres

All Blackpacker
Scribe
Published in
12 min readFeb 27, 2017

--

Les derniers temps n’ont pas été propices à l’écriture. En revanche, beaucoup plus à l’aventure. Entre travail et voyage, le temps a parfois manqué pour pouvoir rédiger quelques lignes... C’est donc après pas loin de deux mois que je profite de quelques instants de repos pour enfin griffonner un nouvel article. Tellement de choses se sont passées qu’il est difficile de revenir sur chacune d’entre elles. Essayons déjà de commencer par le commencement.

Sur les dessus d’Akaroa, vue sur la baie

Durant le mois de janvier, les fêtes étant passées, j’ai réussi à dégager plus de temps entre deux sessions de plonge à Akaroa. J’ai ainsi pu profiter de la péninsule du Banks, qui, il faut le reconnaître, possède son charme. Avec notamment une virée en voilier, à la rencontre de la faune marine du coin. Par un bel après-midi ensoleillé, le bateau quitte tranquillement le port, au gré des vagues et des explications du fils du capitaine sur le village, la baie et leur histoire. Des explications assez vite interrompues, quand une des membre de l’équipage (une amie rencontrée à l’auberge de jeunesse où je séjournais) crie “Dolphins !!”. À ce moment là, le bateau s’arrête, la musique démarre, et l’on voit petit à petit des dauphins Hector (les plus petits du monde, paraîtrait-il) se rapprocher de nous, puis nager et s’amuser tout autour. Après quelques instants qui semblent sortis d’un rêve, le bateau redémarre, et c’est là que les dauphins, excités par le bruit du moteur, se mettent à suivre sa proue. Comme une danse, ils nagent, sautent, passent les uns au-dessus des autres, repartent au large pour mieux revenir… Ce furent des émotions vraiment intenses à la vue de ces “poissons” particuliers, d’une grâce impressionnante, qui semblent toujours vouloir se montrer et s’amuser avec vous. Bref, un moment magique !

Les dauphins suivent le bateau

Entre diverses activités et travail, j’ai également pu passer du bon temps en auberge de jeunesse, avec encore une fois de très belles rencontres. Cependant, après trois semaines d’une expérience plus qu’enrichissante, il a finalement fallu lever les voiles. Et lorsque j’ai repris la voiture pour retourner sur les routes, un gros pincement au cœur me suivait. C’était la première fois depuis mon départ que je posais mes valises aussi longtemps au même endroit. Trois semaines, c’est peu me direz-vous. Mais c’est suffisant pour commencer à prendre ses marques, ses habitudes, et surtout à tisser des liens forts avec les gens qui vous entourent. Des personnes qui, je l’espère, je recroiserai dans le futur. La raison de ce départ en valait cependant la peine : des amis d’études me rejoignaient de France, pour trois semaines, avec la ferme volonté de découvrir au maximum la Nouvelle-Zélande. Et pour cela, quoi de mieux qu’un road trip?

Un road trip qui commence… par une randonnée !

Après être remonté plus au nord, à Nelson plus précisément, j’accueille donc mes amis à l’aéroport . Deux d’entre eux sont ici uniquement pour les vacances, pour le dernier, la Nouvelle-Zélande sera une étape de son tour du monde (il partage également ses aventures sur ce site, pour les intéressés : https://www.myatlas.com/cyrilleccht/around-the-world). Deux jours de pluie plus tard, et leur récupération du décalage horaire, c’est parti pour la première étape du road trip : une randonnée de trois jours sur l’Abel Tasman Coast Track, l’une des Great Walks de Nouvelle-Zélande, située à quelques dizaines de kilomètres de Nelson. Les Great Walks sont en quelque sorte nos GR à nous, et regroupent les plus belles randonnées du pays. Celle-ci n’étant pas une boucle (comme la plupart d’ailleurs), il a fallu trouver un moyen de transport pour se rendre presque à la fin du circuit, et faire le chemin inverse à pied pour retrouver la voiture. Dans ce cas, autant joindre l’utile à l’agréable, et c’est par bateau, en longeant la côte, que nous avons pu avoir un premier aperçu de ce qui nous attendrait dans les prochains jours. Et déjà depuis la mer, nous avions de quoi saliver !

Totaranui Beach, vue depuis une pointe rocheuse, sur l’Abel Tasman Coast Track

Nous accostons donc à Totaranui, une des étapes de la randonnée, et remontons le sentier, pour mieux le redescendre ensuite. Au total, le sac sur le dos et les chaussures bien lacées, pas loin de 52 km ont été parcourus, sous le chant des cigales néo-zélandaises, en alternant plages de sable jaune, forêt dense, ponts suspendus, ruisseaux et cascades... Le tout avec un panel de couleurs tout simplement ahurissant ! Et parfois, dans un décor rappelant Jurassic Park, nous aurions vu un ptérodactyle s’envoler au dessus de la cime des arbres à fougères que cela ne nous aurait pas étonné. Après une bonne journée de marche, on se décrasse dans l’océan, au gré des vagues et de la fraicheur de l’eau… Avec même pour notre premier soir la compagnie d’un phoque, somnolant seul sur la plage ! Tout cela pour ensuite préparer le camping dans des endroits tout simplement somptueux. Quoi de mieux que de se réveiller au lever du jour, à quelques 20 mètres d’une crique à l’état presque sauvage? Cette randonnée aura été une première expérience très forte, tant par les paysages parcourus que par le mode de vie suivi pendant trois jours. Et c’est par une bière en terrasse bien méritée que cette première étape s’est terminée.

Lever de soleil sur Onetahuti Bay, après une nuit sous la tente

Direction le Sud, par la West Coast

Un road trip, ce n’est pourtant pas de la randonnée sur plusieurs jours. C’est sur l’asphalte que ça se passe, c’est des kilomètres à n’en plus finir, c’est des paysages différents tous les jours, c’est parfois des problèmes aussi. Le temps de nous remettre de nos émotions et de nos courbatures donc, et hop, c’était par… Comment ça? Pardon? La voiture n’est pas de cet avis? Nous n’avions pas encore fait les kilomètres, pas encore vu les paysages, mais par contre, nous venions de rencontrer les problèmes ! Suite à la première montée un peu exigeante après Nelson, le disque d’embrayage n’a pas supporté le poids du coffre bondé et de nos quatre personnes… Retour à la case départ, à la recherche du garagiste qui pourra nous réparer ceci le plus rapidement possible... C’est donc un jour en retard et les poches allégées de 700$ que nous avons enfin pu vraiment partir à la conquête de l’île du Sud.

Pancake Rocks, sur la West Coast

La première destination en vue était Wanaka, petite ville réputée pour son lac et les montagnes qui l’entourent. Mais avant d’y parvenir, une longue route nous attendait. Et nous avons choisi de passer par la normalement très pluvieuse côte ouest. C’était sans compter notre bonne étoile, qui nous a permis d’avoir du beau temps presque tous les jours de ce voyage, même dans les endroits où il se fait le plus rare. C’est donc sous le soleil que nous avons pu parcourir les nombreux kilomètres qui séparent Wanaka de Nelson, le long des arbres pliés par le souffle du vent et de la côte où les énormes vagues venaient se fracasser sur les falaises environnantes. Et pour un peu plus profiter de l’océan, nous faisions une première halte aux Pancake Rocks, des formations rocheuses qui, érodées par le vent, l’eau et le temps, ressemblent aujourd’hui à… des piles de crêpes, sur lesquelles l’océan vient s’abattre dans un bruit de tempête. Impressionnés, nous repartons ensuite pour le camping du soir, un peu plus au sud, au bord du lac Mapourika.

Lever du jour, au bord du lac Mapourika

Le lendemain, après avoir admiré la brume se levant tout doucement au dessus du lac, nous reprenons la route pour finalement arriver à destination à la mi-journée. Le tout en longeant la rivière Haast, dont l’eau d’un bleu plus pur que jamais s’écoule au creux des montagnes. Et petit à petit, au fur et à mesure que nous approchons de Wanaka, son lac se dévoile lentement, si grand que l’on croirait un bras de mer. Après avoir pris quelques conseils à l’office de tourisme du coin, nous partons pour une petite marche au bord du Diamond Lake, quelques kilomètres après la ville, qui nous offrait une vue panoramique sur le bleu profond du lac Wanaka. Magnifique ! Mais pas le temps de chômer, après un petit traquenard dans un pub de la ville, et une courte nuit passée à quatre sur les sièges de la voiture, nous nous dirigeons vers Queenstown.

Vue sur le lac Wanaka, depuis la balade du Diamond Lake

Queenstown est l’une des villes les plus touristiques de l’île du Sud, notamment connue pour ses activités à sensation forte et ses stations de ski l’hiver. Mais skier en été reste compliqué. C’est donc plutôt vers la première option que nous nous sommes tournés. Le matin, nous prenions donc un jetboat pour une virée sur la rivière Shotover. Des passages dans des canyons à 80 km/h et des 360°, ça décoiffe ! L’après-midi, c’est direction la luge d’été. Et ici, cela vaut le détour, car contrairement à chez nous, les luges circulent sur piste ouverte. Comme des enfants, nous nous sommes donc amusés à faire la course, et après de multiples collisions et avoir frôlé plusieurs fois l’accident, nous sommes repartis plus sagement sur la route, la vraie. En direction du Milford Sound, pour la découverte des plus célèbres fjords de Nouvelle-Zélande.

Nous ne sommes restés que peu de temps sur Queenstown et Wanaka, qui recèlent pourtant tellement de trésors à découvrir… Assurément, j’y retournerai de mon côté pour explorer la région plus profondément.

Le traditionnel rangement de camping au petit matin, avant de se rendre aux Milford Sound

Le Milford Sound, comme dans un autre monde

Le Milford Sound, dans la région du Fiordland, c’est comme un incontournable de la Nouvelle-Zélande. Présents sur toutes les brochures touristiques, dans toutes les vidéos de voyage, qualifiés même de huitième merveille du monde par Rudyard Kipling, il était enfin venu le temps de juger par nous même si ces fjords méritent vraiment leur réputation. Pour ce faire, une journée spécialement dédiée à leur découverte et à l’exploration de la région, même si je dois reconnaître qu’un mois serait beaucoup plus adapté pour tout visiter. Le moins que l’on puisse dire, c’est que même sans avoir déjà vu le cœur de l’attraction, la région nous paraissait déjà sensationnelle ! La route qui se rend aux Milford Sound est tout simplement magnifique, peut-être l’une des plus belles qui m’aient été donné l’occasion de traverser jusqu’à présent. Entourés par les montagnes, dans une végétation luxuriante, des ruisseaux, des rivières, des cascades, parfois des lacs, nous avancions doucement sur la route sinueuse, les yeux rivés sur les paysages qui nous encerclaient. Pour finalement arriver aux fjords, le célèbre Mitre Peak se dressant devant nous, au milieu de l’eau.

Le Mitre Peak, célèbre sommet des Milford Sound

Déjà amoureux de l’endroit, nous nous dirigeons vers le point d’embarquement de notre bateau. En effet, pour pouvoir découvrir plus intimement les lieux, mieux vaut une petite excursion aquatique. Nous avions donc choisi une croisière de deux heures, au petit matin, pour éviter la foule de touristes qui envahiraient l’endroit plus tard dans la journée. Un autre avantage de partir en croisière tôt dans la journée réside dans les lumières que l’on peut observer à ce moment là. Le soleil, d’abord caché par les montagnes aux alentours, fait petit à petit apparaître ses premiers rayons pour éclairer les cascades et la végétation environnantes.

Une des cascades permanentes des Milford Sound

Tout doucement, nous passons près des falaises qui se jettent tout droit dans l’eau, recouvertes par tout un panel d’arbres et de plantes plus verts les uns que les autres. Nous passons sous les infinies cascades qui fleurissent tout autour, et dont le nombre peut croitre très rapidement les jours de pluie. Nous passons près de dauphins pilotes, qui ressemblent à s’y méprendre à de petits orques. Nous passons près de phoques, qui flânent tranquillement sur un rocher. Nous allons jusqu’au bout de ce petit paradis, la houle de l’océan, d’abord brisée par les montagnes, commençant petit à petit à se faire sentir. Et finalement, nous revenons au port d’embarquement, toujours émerveillés par ce que nous venons de voir.

Les phoques se reposent au loin, et ne semblent pas perturbés par notre passage

Après cette croisière, nous grignotons dans le coin, dans la Gertrude Valley, au pied des montagnes et au bord d’une rivière bleue turquoise. Mes amis commencent une randonnée dans les environs, qui, après une petite partie d’escalade, donne un point de vue magnifique sur les fjords et la région. Malheureusement, je ne peux les suivre jusqu’au bout, un petit problème au genou ayant survenu. Mais le début de la marche valait déjà le détour. Après une nouvelle nuit dans le Fiordland, nous repartons le lendemain pour continuer et finir notre tour dans l’île du Sud. Entre Nugget Point, phare perdu face à l’océan Pacifique, Dunedin, à mon avis l’une des plus belles villes de Nouvelle-Zélande d’un point de vue architectural, le Mont Cook encore, et le ferry dans les Marlborough Sound, nous n’avons pas chômé pour remonter dans l’île du Nord, et terminer le voyage.

Nugget Point, la brume au loin

A la conquête de la Montagne du Destin

Arrivés à Wellington, nous en profitons pour découvrir la ville. Et celle-ci m’a parue beaucoup plus intéressante qu’Auckland, plus décontractée, plus charmante, avec plus de caractère. De quoi donner des idées pour pourquoi pas y rester quelques temps dans le futur. Mais d’abord, pas le temps de s’attarder, nous avons un voyage à terminer ! Mes amis comptent bien profiter de leurs quelques jours restants dans l’île du Nord. Et nous commençons par l’une des marches les plus célèbres du pays, le Tongariro Alpine Crossing. Ce parc national volcanique, situé tout au centre de l’île du Nord, avait été choisi comme lieu de tournage du Seigneur des Anneaux pour les scènes du Mordor. Nous partons donc à la conquête de la Montagne du Destin ! 19,5 km de marche dans un paysage lunaire, 700 m de dénivelé. Et au fur et à mesure que nous avançons, nous allons de surprise en surprise.

La Montagne du destin se dresse devant nous

Nous passons proches de ruisseaux complètement soufrés, en témoignent les traces oranges laissées sur les pierres volcaniques alentours. Nous passons près du Mont Ngauruhoe, avec l’impression que Frodon et Sam sont toujours en train de crapahuter jusqu’au sommet pour détruire l’anneau. Nous passons près de cratères rouge, où non loin une vue somptueuse sur la vallée désolée nous attendait. Nous passons près de lacs couleur émeraude, et de quelques fumerolles nous rappelant l’activité du volcan. Puis nous redescendons tranquillement de la montagne, avec au loin l’immense lac Taupo.

Emerald Lakes, Tongariro Alpine Crossing

Après cette nouvelle marche, nous remontons en direction de Rotorua, cœur de la culture Maorie. Malgré le fait qu’un pneu ait éclaté sur la route et fut changé par une équipe de mécaniciens dignes d’une écurie de Formule 1, nous sommes finalement arrivés à bon port. Rotorua et sa région, c’est aussi des sources chaudes et des phénomènes géothermiques parfois impressionnants. Au programme donc, baignade dans une rivière provenant de sources chaudes, luge d’été à la mode kiwi (encore !), balade dans un parc de la ville avec souffre et fumerolles à l’air libre, et on conclut par un petit tour à Wai-o-Tapu, et le fameux Champagne Pool, un lac fumant rempli de souffre, de fer et… d’or ! La légende dit qu’on en aurait retiré cinquante millions de dollars. Nous n’avons malheureusement pas pu profiter de la ruée vers l’or, et sommes finalement retournés sur Auckland, pour une dernière nuit dans un appartement avec une vue somptueuse sur le centre de la ville au loin.

Champagne Pool à Wai-o-Tapu, dans la grisaille

Au final, en trois semaines, nous aurons parcouru près de 4 250 km, dormi dans 14 endroits différents, tous plus magnifique les uns que les autres, visité, marché, crapahuté, réparé, revisité… Des plages magnifiques, des montagnes, des lacs, des rivières, des cascades, des fjords, des glaciers, des volcans, des sources géothermales… Un road trip exténuant, mais tellement excitant ! En si peu de temps, on en voit déjà beaucoup, mais on ne peut assurément pas tout explorer. Il y a forcément des endroits à approfondir, dans lesquels je retournerai plus tard. La tête pleine de souvenir et d’images sensationnelles, je finissais par déposer deux de mes amis à l’aéroport d’Auckland, le dernier restant avec moi pour une semaine de plus. Le temps d’une dernière bière tous ensembles, un haka se met à retentir à quelques pas de nous. Des maoris accueillent un membre de leur famille, parti à l’étranger depuis deux ans. Un hommage vibrant, une émotion palpable dans le hall du terminal international. Comme un symbole. J’ai finalement quitté mes deux amis à l’aéroport d’Auckland, sans aucuns plans pour la suite. L’aéroport d’Auckland, là où tout avait commencé pour moi. Comme un nouveau départ.

Lever de soleil sur Onetahuti Bay, d’un autre point de vue

--

--