Lettre à une jeune mariée

C. Befoune
3 min readNov 7, 2016

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Source : Tameka Coleman

Je n’ai pas pu assister à ton mariage pour des raisons indépendantes de ma volonté. Le travail, encore le travail, toujours le travail, me diras-tu.

Je n’ai pas été à tes côtés alors que tu pensais avoir besoin de moi, besoin que je te tienne la main et que nous franchissions ensemble cette nouvelle étape de ta vie.

Je n’ai pas eu le courage de t’appeler pour te prévenir de mon absence. Je n’allais pas doublement gâcher ce jour unique. Alors je n’ai pas été là, tout simplement.

Au départ je l’ai regretté. J’ai regretté mon absence, puis je me suis reprise, j’ai pris du recul et j’en suis venue à la conclusion que tu n’avais pas besoin de moi en ce jour. Tu n’avais pas besoin que je te tienne la main.

La vérité est que j’aurais gâché ta journée. Je n’aurais pas été l’amie souriante et heureuse dont tu avais besoin. Je n’aurais pas sauté au plafond à l’idée de te voir partir. Je n’aurais pas embrassé ton mari comme on embrasserait celui qui, par voie de mariage, devient lui aussi un ami.

Je sais affronter l’inconnu malgré mes peurs quand il s’agit de moi, toute seule. Je suis capable de m’exposer aux pires dangers lorsque je sais être la seule personne impliquée. Mais je ne sais pas gérer l’inconnu lorsqu’il s’agit de mes proches. Je ne sais pas comment ne pas être effrayée quand je ne sais pas ce qu’il y a derrière la porte qu’ils s’apprêtent à franchir. Je ne sais pas comment gérer un engagement à vie lorsqu’il ne s’agit pas de moi.

J’ai peur, jeune mariée. J’ai peur du fait de ne pas savoir de quoi demain sera fait. Tu me diras une fois de plus que je suis dans les extrêmes, mais c’est ma façon à moi de t’aimer. Je veux tout contrôler, m’assurer que rien ne t’arrivera, que je peux prendre les coups avant qu’ils ne t’atteignent.

Présente ou pas, je n’aurais pu franchir cette porte avec toi. C’est une vie dans laquelle je ne peux m’immiscer, ce sont des secrets que je ne peux entendre, des réalités qui, pour la plupart, doivent m’être inconnues.

Tu m’en voudras de ne pas avoir été là au moment où tu lui disais “oui”. Tu m’en voudras de ne pas avoir vu ta tenue spéciale, de ne pas avoir crié à m’en décrocher la machoire lors de votre première danse. Je n’essaierai pas de me trouver d’excuse. Je n’aurais pu être là, tout simplement.

Ce soir tu rejoindras ta nouvelle maison, et sera officiellement aux côtés de celui à qui tu as juré amour et fidélité.

J’ai peur, mais je suis heureuse pour toi.

Je suis heureuse de cette étincelle que j’ai vue dans tes yeux deux jours avant ton mariage. Je suis heureuse de ce sourire que celui qui est aujourd’hui ton mari offre à ton visage qui, jusqu’à récemment encore, ne respirait pas autant de sérénité. Je suis heureuse de ton bonheur. Je suis heureuse et fière de la future maman que tu es, car tel est mon plus grand souhait : que Dieu t’accorde un lit fécond et que tu nous fasses l’honneur de connaitre ces petites parts de toi qui, par sa grâce, naitront bientôt.

Je te souhaite la plus heureuse des vies, le plus aimant des maris, et une famille heureuse et prospère.

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C. Befoune

Bleeding on paper, unleashing the human. I stopped writing here. Find me on mesdigressions.com