Passage aux pays baltes

Estonie, Lettonie, Lituanie : découverte de la culture baltique

Quentin Bellanger
Semelles sans frontières
9 min readMay 24, 2017

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Contraste avec la Scandinavie

La traversée en bateau de Helsinki à Tallinn a marqué un profond changement de décor entre la Scandinavie et les pays baltes. On est passé d’un univers à un autre en 2h30 de voyage et ce, tant en termes de mentalité, que de style de vie ou de climat.

D’abord, il fait plus chaud que dans le nord, même si les hivers peuvent descendre aux alentours de -20°C, on est plus dans un climat nordique. Les trois pays sont tous plats : le plus haut point de Lettonie se situe à … 321 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ils sont majoritairement constitués de forêts et de plaines / champs (on en a profité pour redécouvrir ce qu’était une vache). Seule l’Estonie possède une particularité : 30% de la surface du pays est composée de tourbière, ce qui en fait un pays bien marécageux mais c’est aussi génial à découvrir ! Du coup, nous sommes passés de la Finlande et ses lacs géants à de la tourbe et des forêts. Transition brutale pour le coup, d’un hiver très froid à une fin de printemps plutôt tempérée (on a d’ailleurs dû renvoyer nos vêtements chauds en France).

La culture est un point très changeant également. Par exemple, les premiers lieux de culte orthodoxe (religion majoritaire avec le protestantisme) ont commencé à faire leur apparition dans les villes, et notamment la très belle cathédrale Alexandre Nevski à Tallinn. En termes de langages, l’anglais est beaucoup moins parlé qu’en Scandinavie. Les langues les plus communes étant les langues nationales ainsi que le russe, appris à l’école. De manière plus générale, les cultures locales ne sont pas vraiment mises en valeurs et il était difficile de dire de quoi elles étaient constituées. Cela étant peut-être dû aux restes de la domination russe passée.

C’est aussi un changement de niveau de vie. Les pays scandinaves sont très riches et extrêmement chers (en tout cas d’un point de vue français) et quand on passe d’un des pays les plus riches d’Europe aux pays baltes, il y a une grosse différence : ce sont des pays plutôt pauvres comme nous avons pu le constater au fil de nos visites. Les salaires sont beaucoup plus faibles (le salaire minimum en Lettonie est de 380€), les prix, de ce fait, sont également très bas. Manger dehors nous a un peu moins rebutés quand on est passé d’une pizza à 15€ à un kebab à 2,90€. Cette divergence est également reconnaissable dans le paysage urbain : là où en Norvège les barres d’immeubles sont plutôt rares, ici c’est quelque chose de banal. Il y a peu de maisons individuelles hormis dans les quartiers huppés. De même pour les voitures qui sont pour la plupart des modèles relativement abordables et bon marché.

Aperçus de Tallinn et Riga

Et plus on s’aventurait dans les villes de ces trois pays et plus on rencontrait de locaux, plus on se rendait compte que notre vision de la culture baltique était soit erronée, soit méconnue. Il y avait parfois une grande différence entre image est réalité.

Nos nuits de camping

Ce changement de décor signifiait également pour nous un gros changement de saison. En termes de température, on est passé du -5°C finlandais au 15°C d’Europe de l’est en quelques jours. Et si vous vous souvenez, on avait acheté du matériel de camping juste avant d’aller sur les îles Lofoten en Norvège mais nos expériences du camping restaient très… froides. Maintenant que les beaux jours sont là, on a poussé le camping game un peu plus loin et on peut désormais poser la tente où on veut pour passer quelques nuits dans la nature.

Comment ça se passe ? On va sur Google Maps pour chercher un coin sympa où on pourrait s’installer : prêt de la mer, à côté d’un lac ou d’une rivière, dans un camping… Les endroits ne manquent pas, surtout lorsque le pays dispose d’organisations qui créent des emplacements de camping gratuits (comme en Estonie avec RMK, qu’on remercie pour leur boulot !). Nos critères pour trouver l’endroit parfait sont les suivants : la possibilité de faire un feu (pour se chauffer mais surtout pour manger chaud), un point d’eau potable et pourquoi pas des choses à voir aux alentours. Une fois l’endroit choisi, on s’y rend, toujours en stop quand c’est possible et on s’installe : montage de la tente (en moins de 10 minutes !), gonflage des matelas et récolte du bois pour le feu. Bref ça tourne !

C’est vraiment une chose qu’on attendait tous les deux : pouvoir dormir dehors. Ne plus être dépendant du climat très froid et des endroits où dormir et pouvoir s’installer où l’on souhaite. L’achat d’une casserole a aussi été déterminant : ça nous a permis de cuisiner et d’arrêter de manger tout le temps froid. Les sandwichs, ça va bien 5 minutes ! Avec du matériel de cuisine, on peut se faire du riz, des pâtes, des soupes et c’est un réel confort de pouvoir manger chaud. Faire cuire les saucisses au barbecue, griller le pain et les champignons : par-fait !

Pour le moment, toutes nos expériences de camping ont été cool. Une fois, nous nous sommes installés près d’un ancien village fortifié datant du Moyen-Âge avec des restes d’une catapulte, d’un grand puits​ et de murailles. Une autre fois, nous avons rencontré Timo, un passionné d’ornithologie volontaire pour compter les oiseaux migrateurs et que nous avons invité le temps d’un repas. Encore une bonne rencontre, surtout pour Florian, qui adore aussi les oiseaux. Ce qui est génial lorsqu’on campe, c’est qu’on est libre. On est là, posés au milieu de la nature, à entendre les oiseaux chanter et à marcher pieds nus dans l’herbe torse nu. Parfois on découvre des lieux insolites, parfois on rencontre des personnes inattendues avec des expériences folles à raconter mais surtout : ça fait du bien de se couper un peu de tout et de souffler, se balader et profiter.

En Estonie, Lettonie et Lituanie, nous avons donc fait une dizaine de nuits de camping, en alternant avec le Couchsurfing. Oui, le camping c’est génial, mais une bonne nuit de sommeil dans un lit pour récupérer, ça fait pas de mal. Et c’est aussi l’occasion de laver quelques affaires ! Du coup tous les 2–3 jours, on essayait de trouver des Couchsurfers ou des auberges de jeunesse sympa pour trouver un brin de confort avant de repartir dans la nature.

Si vous voulez voir les endroits où l’on a posé la tente, jetez un coup d’oeil sur la carte de notre itinéraire.

Influence russe

Au cours de notre voyage dans les pays baltiques, nous avons bien vu qu’il y avait une grande différence entre la vie scandinave et celle dans les pays baltes. Pour comprendre d’où vient ce contraste, il faut remonter un peu dans le temps.

Durant la seconde guerre mondiale, les pays baltes ont été envahis par l’armée russe en 1940 puis par l’Allemagne entre 1941 et 1944. Après la défaite des Allemands, l’Armée rouge recapture les pays baltiques et les garde sous le joug communiste jusqu’en 1991. Pourtant, le retrait total des troupes russes et des équipements militaires prendra encore plusieurs années. Ces occupations durant la guerre ainsi que les déportations et les centaines de milliers de morts qui s’en sont suivis, ont marquées profondément les pays baltiques. Depuis leur indépendance de 1991 puis l’entrée dans l’Union Européenne en 2003, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie se sont redéveloppés et on reconstruit leur pays. Aujourd’hui ils ont adopté l’Euro comme monnaie nationale.

Pour autant, les traces laissées sous l’occupation communiste sont encore visibles comme dans l’architecture urbaine. On retrouve de nombreux blocs d’immeubles, construits dans les années 60, qui pour la plupart sont actuellement toujours habités. Nous y avons d’ailleurs dormi dans certains d’entre eux, dont l’aspect extérieur, décrépit et détérioré, n’a rien à voir avec l’intérieur, qui souvent est rénové, chaleureux et coloré.

Au mois de mai, du 5 au 21 se tenait la coupe du monde de Hockey sur glace à Paris et Cologne. Pour la Lettonie, c’est une compétition importante car le hockey est le sport national. C’est à Rēzekne à l’est du pays que nous avons vraiment suivi cette compétition. Le soir de notre arrivée dans la ville, Vita notre couchsurfeuse nous propose de regarder le match Lettonie - Russie. Un match important pour eux, car c’est un peu comme une revanche sur l’Histoire pas si lointaine. Drapeaux lettons sur la télé et bière à la main, nous sommes prêts pour affronter la Russie, dont la frontière n’est pas si loin. Bernardo, un volontaire Italien de notre âge faisant son service européen dans la ville, est aussi de la partie. Zéro zéro le match commence qui sera hélas remporté par la Russie.

Ici la population est à 50% lettone, 50% russe et peu de gens parlent l’anglais excepté la jeune génération. À plusieurs reprises, nous avons eu du mal à nous faire comprendre lors de discussions avec des gens de plus de 40 ans. À ce propos, en quittant la ville de Rēzekne en direction de Daugavpils, 🎥 toujours sur la route, un soixantenaire nous a pris en stop : il ne parlait pas anglais, mais letton et russe, pas évident pour se faire comprendre. Le trajet aura été plutôt silencieux et sa vie restera un mystère, car nous ne savons pas d’où il vient et où est-ce qu’il allait, mais nous avons quand même réussi à connaître son prénom : Alexander.

La semaine qui suit se fera à Vilnius où nous retrouvons des amis. En attendant, on termine de profiter des villes lituaniennes avant la capitale : Utena, Molėtai... Comme d’habitude à base de rencontres et de découvertes chez des personnes toutes aussi chaleureuses les unes que les autres. À bientôt pour le prochain chapitre, merci de nous lire !

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Quentin Bellanger
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