Le ‘wororu’

A.R. Brown (1912)

Dans certaines tribus plus au nord, j’ai trouvé un système de croyances plus intéressant et mieux organisé. Dans les tribus Kariera, Namal et Injibandi, la conception d’un enfant est censée être due à l’agence d’un homme spécifique qui n’en est pas le père. Cet homme est le wororu de l’enfant quand il naît. Il y avait trois récits différents de la façon dont le wororu produit la conception, chacun d’eux m’a été donné à plusieurs reprises. Selon le premier, l’homme donne de la nourriture animale ou végétale à la femme, et elle la mange et tombe enceinte. Selon le second récit, l’homme lorsqu’il chasse tue un animal, de préférence un kangourou ou un émeu, et alors que celui-ci est en train de mourir, l’homme dit à son esprit ou à son fantôme d’aller à une femme en particulier. L’esprit de l’animal mort va dans la femme et naît enfant. Le troisième compte-rendu est très similaire au précédent. Un chasseur, lorsqu’il a tué un kangourou ou un émeu, prend une partie de la graisse de l’animal mort qu’il place d’un côté. Cette graisse se transforme en ce que nous pouvons appeler un enfant-esprit et suit l’homme à son camp. A la nuit, lorsque l’homme dort, l’enfant-esprit lui apparaît, et l’homme lui ordonne d’entrer dans une certaine femme qui devient ainsi enceinte. Lorsque l’enfant naît, l’homme reconnaît l’avoir envoyé et devient son wororu. Dans pratiquement tous les cas que j’ai examinés, une quarantaine en tout, le wororu d’un homme ou d’une femme était le frère du père réel ou tribal de cette personne.[1] Dans un seul cas, un homme avait pour wororu la sœur de son père.

BROWN A.R. (1912): Beliefs Concerning Childbirth in Some Australian Tribes. Man, 12, 181
http://www.jstor.org/stable/2787775

[1] Il s’agit donc de l’oncle du côté paternel, le père de l’enfant étant soit le père biologique (réel) soit le père classificatoire ou social (tribal).

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