Le Concile de Merlin

de Eloan Kroaz

Éditions Numeriklivres
SF, Fantasy, Fantastique

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« Moi, fille unique de Myrdhin Emrys, dit Merlin l’Enchanteur, voici ce que je peux conter de ce que le Théâtre du monde m’a permis de vivre, à dater de cet incroyable hiver 535–536. »

Résumé

An 532. Les Bretons quittent massivement l’Île de Bretagne en proie aux envahisseurs Angles et Saxes. De longs mois se sont écoulés depuis la défaite et la mort d’Arthur à Camlann.
Merlin s’est exilé comme beaucoup de ses compatriotes en Armorique. Gwendaëlle, sa fille, le retrouve dans sa demeure secrète au cœur de Brech El Lean. Ils discutent alors de longues heures des inquiétudes du vieux sage dont une particulièrement le préoccupe : la postérité de l’enseignement traditionnel face au pouvoir accru de l’Église. Au petit matin, le vieil homme lui demande de le suivre jusqu’à une clairière où se tiendra, le soir même, une réunion constituée de druides et de moines. Merlin y évoquera ouvertement ses craintes face à l’attitude du clergé. Il y dévoilera un trésor inestimable, depuis longtemps en sa possession et tenu secret : des manuscrits araméens sur la vie du Christ. Merlin souhaite leur partage, en guise de bonne foi, et pense créer ainsi un pont entre Chrétiens et Druides afin de trouver une issue aux crises actuelles. Mais ni l’Église romaine ni certains mages ne sont prêts à bousculer l’ordre établi. Les manuscrits représentent dès lors un danger qu’il leur faut circonscrire…

Un aperçu

Mon récit s’ouvre sur le jour du Concile secret. Plus exactement sur cette nuit magique, qui se révéla si cruciale. Mon cœur s’émeut encore à l’évocation de ces souvenirs. Pourtant, bien des années se sont écoulées, et les temps ont changé plus que je n’aurais pu l’imaginer. Mais, ainsi que me l’enseignaient mes maîtres autrefois, je garde l’esprit clair et ma pensée sous le joug d’une volonté inflexible.

Parfois, revivre certains souvenirs requiert autant de force et d’impeccabilité que lorsqu’on invoque la Haute magie. Mais il est là question de bienveillance et de devoir. Après tout ce temps, me voici face à mes souvenirs et à ce défi de les faire revivre.

Ô esprit, ô corps vieilli, puissiez-vous ne pas faillir maintenant !

J’observe mes mains et ne peux que constater qu’elles n’ont plus rien de la poigne d’antan. J’ai pourtant, comme les dernières Bandrui, manié l’épée et l’arc nombre de fois, tant sur les terrains de chasse que sur les champs de bataille. Cela m’a menée dans nombre d’endroits étranges et de situations périlleuses. J’ai connu l’horreur des combats rapprochés, les chocs terribles de deux armées s’affrontant dans une vallée. Mais j’ai aussi goûté le faste des cours royales. Ces paumes de mains autrefois fermes et enserrant le pommeau de la spatha ont aussi tenu les fioles de verre, le gui et les herbes sacrées. Elles ont soigné bien souvent, car mes doigts savaient être souples et délicats. Le Roi Arthur lui-même mandait mes talents pour lui et ses guerriers.

Durant mes années de jeunesse, j’ai côtoyé tant de gens de pouvoirs, de grands guerriers, de sages Dru-Wide ; touché tant de richesses, parfois vécu de si grandes joies ! Mon cœur se gonfle de ces souvenirs d’une vie si pleine, si riche.

J’ai pourtant vu l’opulence comme l’extrême disette. J’ai pénétré des lieux cachés et protégés par mille sortilèges. J’ai reçu tant de connaissances, contemplé tant de paysages. J’ai croisé des hommes et des femmes si différents de moi. Je crois sincèrement que les Dieux m’ont bénie et ouvert les portes sur des secrets qui resteront à jamais inaccessibles aux communs des mortels. De tout cela, je n’en tire aucune gloire sauf celle d’avoir eu le cœur rempli et la joie sans faille d’une vie pleinement vécue.

À l’époque, il y avait pourtant ces guerres terribles contre les envahisseurs. Bien sûr, mon peuple a connu quelques longues périodes de paix, si précieuses. Mais nous étions sans cesse tenaillés, d’une manière ou d’une autre. C’était, malgré ce contraste, une ère faste et riche. Sans doute est-ce pour cela que le mythe d’Arthur Riothamus et de mon père est aujourd’hui si grand et ne cesse encore de se répandre bien au-delà de nos frontières. Il y a beaucoup de rêveries et de légende pure dans les histoires contées. Mais il y a certaines vérités aussi. Et ces vérités recèlent aussi les facettes cachées de la véritable histoire, celle que je suis une des rares à pouvoir transmettre dans son intégralité.

Pour toutes ces aventures, pour cette vie extraordinaire, je remercie les anciens et les nouveaux Dieux de tout mon cœur. Mon histoire a été un tel miracle. Si riche, si folle. Si belle.

J’ai usé de magie, devisé avec les êtres de l’Autre-monde et les esprits des plantes. J’ai ouvert les portes de la mort et contre toute attente en suis revenu. J’ai failli perdre la raison, l’âme morcelée, le corps blessé. Mais les Dieux avaient d’autres desseins pour moi. Et me voici là, si longtemps après toutes ces péripéties.

Au moment où je m’apprête à écrire ces lignes d’Histoire, mon cœur non plus n’est plus aussi vaillant, ni mes yeux aussi perçants. Mon pouvoir d’autrefois s’estompe avec mes forces et les affres de l’oubli me tendent leur bras. Mais je ne cède pas, pas encore. Je peux me remémorer sans difficulté toute cette période. C’est bien durant ces quelques mois que j’ai le plus appris sur la vie, et que je m’en suis trouvée le plus transformée. Mon cœur et mon âme furent sondés, durement parfois.

Bien des lunes se sont écoulées et presque tous ceux que je m’apprête à faire revivre dans cette histoire ont donc quitté ce monde ou sont sur le point de le faire.

J’ignore comment réagirait mon père s’il voyait ce que je vais transmettre ici, avec, inévitablement, quelques-uns de ses secrets. Lui qui s’était toujours refusé à transmettre par écrit ce qu’il estimait être réservé aux seuls disciples méritants, il serait peut-être choqué. À moins qu’il ne trouvât cela audacieux… Je pense, en vérité, qu’il serait satisfait.

Non que je veuille divulguer de précieux arcanes aux non-initiés. Je trahirais alors son héritage et celui des Anciens. Je couche sur papier ce récit simplement parce que je sens dans mon cœur que, depuis ces jours-là, les temps changent. Mais aussi parce qu’il est de mon devoir, en tant que femme, initiée et être humain, de révéler cette histoire, afin que tout ceci ne se perde point, car celle-ci est elle-même imbriquée dans la grande Histoire. Sans cela, ces secrets sombreraient bientôt avec moi dans notre Terre-mère.

Afin de clarifier la chronologie du récit, je compilerai des écrits des Chroniques des moines, d’amis Dru-Wide, de guérisseuses Bandrui, ainsi que des extraits du livre de celui qui fut l’amour de ma vie : Gildas le Sage.

Moi, fille unique de Myrdhin Emrys, dit Merlin l’Enchanteur, voici ce que je peux conter de ce que le Théâtre du monde m’a permis de vivre, à dater de cet incroyable hiver 535–536.

Gwendaëlle, Transmission

Tous droits réservés. Eloan Kroaz et Numeriklivres, 2014

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Format numérique (ebook) | 329 pages-écrans | 6,49€

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