Prince: Neo Jesus Superstar
Il était une fois un Prince, Prince Rogers Nelson, qui vivait dans un grand studio à Minneapolis, Paisley Park. On raconte, selon la légende, qu’il ne dormait jamais, mais qu’il composait de la musique toute la journée et toute la nuit. Les ingénieurs du son se relayaient pour enregistrer le Prince. Il jouait de tous les instruments, élaborait des arrangements sophistiqués, composait une oeuvre hybride : du funk, de la pop, du rock, une pointe de soul, du rhythm blues et, une jolie dose de sexe bien sûr. Pour se mettre l’eau à la bouche, goûtons ce fameux breuvage avec Cream. Et pour se mettre dans le bain, enchaînons avec l’œuvre majeur qui propulsa Prince au firmament en 1986, Purple Rain.
Il devint célèbre, très jeune. Il fut une bête de scène, tantôt dandy aristocrate, tantôt subversif androgyne dénudé. Son univers artistique, une imagerie mystique et érotique. Écoutez Controversy, chanson dans laquelle il récite la prière de notre père. Tel un nouveau Jésus transgenre, il nous distille des messages de paix et d’amour frou-frou, de sexe oui. Il propage une contre-culture provocatrice, presque hippie, face à une Amérique rigide, raciste, et conservatrice.
« J’aimerais que nous soyons tous nus, qu’il n’y ait ni noirs ni blancs, qu’il n’y ait aucune règle » (Controversy,1981).
Madonna n’est pas loin de cet univers non plus. Peut-être, la recette semble avoir ouvert la voie à tous ce qu’on l’on peut voir de clips chorégraphiés et érotiques, à la limite du peep-show, depuis les années 80 jusqu’à nos jours. La croix du christ et l’érotisme font plutôt bon ménage et font plutôt bonne recette. D’ailleurs, en 1989, c’est bien Prince qui signe le tube de Madonna Like a Prayer.
Prince a écrit des tubes pour nombres d’artistes, Sinead O’Connor avec ce titre qui nous fit un peu chialer Nothing Compares To You, mais il a aussi produit des albums pour des monstres sacrés tel Earth Wind and Fire, Georges Clinton, Stevie Wonder, Maceo Parker, pour ne citer qu’eux.
La légende fut bien une réalité. Il composait non stop. Depuis son premier album en 1978 For you, jusqu’au dernier 2015 (Hitnrun Phase One and Hitnrun Phase Two), il a composé un album par an en plus de ces multiples collaborations et autres groupes satellites. Le magazine Rolling Stone le déclare comme l’artiste le plus productif du monde et 27e sur la liste des 100 plus grands artistes de tous les temps.
J’insiste sur ce point, car, effectivement, rares sont les artistes qui, comme Prince, révèlent autant de compétences : compositeur, multi- instrumentiste, avec un style et un niveau redoutable à la hauteur des musiciens de scène et de studio qui l’accompagnèrent tout au long de sa vie. Mais également auteur, arrangeur, producteur, danseur, acteur et chanteur interprètent, avec une voix d’une richesse incroyable. Crooner à la voix suave, parfois hystérique tel un cri, comme dans Kiss, avec un groove, un placement de voix à faire pâlir James Brown.
Des artistes de cette ampleur ne frôlent pas le génie, ils sont des génies, comme il y en a peu dans un siècle. Prince fut tel un Mozart de notre temps, un artiste qui marque le temps de son œuvre. Il arrive parfois même qu’un génie voit chez un autre, le génie, et du coup ses paroles ont du poids.
Miles Davis disait : « Prince était à la fois James Brown, Marvin Gaye, Jimi Hendrix et Charlie Chaplin. »
Tout est dit, la messe est dite. Peace and Love, Amen!
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