Stairway To Heaven vers les marches du tribunal

Fred Thomasseau
Shyne
Published in
4 min readApr 24, 2016

Tout le monde connait la chanson Stairway to Heaven composée par Robert Plant, le charismatique chanteur, et Jimmy page, le mythique guitar hero, tous deux fers de lance du groupe anglais Led Zeppelin. N’oublions pas les non moins importants membres du groupe, John Paul Jones à la basse et John Bonham à la batterie.

« Led Zep », comme on dit, hissé au rang des mastodontes de l’histoire du rock, en service de 1968 à 1980, fut au sommet de la scène dans les années 70. Dans la lignée de ce que l’on nommait, à Londres au début des années 60, la “British Blues Explosion” ou “British Blues Boom”, courant issu de l’influence majeure du blues américain sur les groupes anglais tels que Cream (Eric Clapton), John Mayall & The Bluesbreakers, The Yardbirds (dans lequel Jimmy Page fut le guitariste), ou encore les Rolling Stones.

Cependant, Led Zep poussa ce style blues rock dans ses ultimes retranchements avec un jeu de groupe lourd et fougueux dont la puissance pourrait être à l’origine du hard rock. D’autant plus que Jimmy Page demanda à son ingénieur du son de lui confectionner ce qui fut, peut-être, la première pédale de distorsion de l’histoire du rock (effet de guitare qui sature le son comme si l’on poussait les amplis à fond). Il suffit d’écouter la dernière partie de Stairway To Heaven, justement, pour s’en convaincre. Jimmy Page a-t-il ouvert une voie ? Dans tous les cas, il a contribué à l’émergence du gros son de guitare et inscrit les riffs les plus mythiques de l’histoire du rock tels que Whole Lotta Love.

Leur style évoluera encore grâce à des influences folk avec l’intrusion de la guitare à douze cordes et de la mandoline. Des influences indiennes, notamment grâce au jeu de Sitar de Ravi Shankar que Jimmy vit en concert lors d’un passage en Inde. Mais aussi une influence orientale comme on peut constater dans la chanson culte kashmire composée après un voyage au Maroc, qui, selon John Paul Jones et Robert Plant, représente le mieux le groupe.

Si je viens de faire un long préambule par rapport au sujet qui nous intéresse, ce n’est pas pour rien, mais bien pour souligner l’influence majeure qu’a eue ce groupe sur le rock, et également pour rappeler la connaissance qu’a Jimmy Page de la musique, et qu’il fut, dès le début de sa carrière, un véritable musicien de studio lecteur de partition.

Venons-en au fait. La chanson Stairway To Heaven (1971) est-elle un plagiat du titre, je précise sans paroles, Taurus composé par le groupe Spirit en 1968 ?

Il est vrai que dans les deux titres nous avons sur quatre mesures la même progression d’accords dans la même tonalité : “La mineure”. Une progression se basant sur un accord mineur dont les basses descendent de manière chromatique (par demi-tons), altérant ainsi l’accord initial, puis les trois dernières notes appuient les trois derniers accords jusqu’au retour à l’accord initial, “La mineure”. Nous appelons cela, dans le jargon des musiciens, une descente chromatique. On retrouve ce procédé dans des centaines de morceaux depuis le 16e siècle : écoutez l’entrée de la Suite « L’Infidèle » de Silvius Leopold Weiss, en “La mineure”, qui est elle aussi de la même tonalité que nos deux morceaux précédents.

Jimmy Page et ses avocats se défendent en disant, je cite :

“ l’auteur-compositeur n’a effectué aucune demande de droit d’auteur, la progression d’accords étant tellement « bateau », qu’elle ne mérite pas la protection du copyright.”

Je pense qu’il a raison. Car, malgré les similitudes, c’est la progression d’accords soutenant une mélodie qui forme une œuvre à part entière susceptible d’être protégée. C’est l’œuvre dans son ensemble qui constitue son originalité propre, tenant compte de l’arrangement, de l’atmosphère, des différentes parties, de la ligne de chant. Malgré les similitudes sur ce passage précis de quatre mesures, les deux œuvres n’ont rien à voir.

Une progression d’accords « clichée » constitue-t-elle une œuvre à part entière ?

Le procès aura tout de même lieu le 10 mai à LA, le juge ayant estimé qu’il y avait suffisamment de ressemblances entre les deux morceaux. Je vous laisse juge dans ce débat complexe sur la propriété intellectuelle. Mais quand on sait que Led Zeppelin a vendu plus de 200 millions d’albums, ce qui en fait l’un des groupes les plus vendeurs au monde, et qu’il vend encore actuellement plus d’un million d’albums chaque année, il y a de quoi se poser la question sur la légitimité d’une telle accusation.

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