Cette part mentale que chassent les startups
Sur le web où s’étendent les ombres.
Un Produit pour les gouverner tous
Un Produit pour les trouver
Un Produit pour les amener tous,
Et dans les…
On connait la fin. Peut-on encore la changer ? Et s’il fallait succomber finalement ? On pourrait y ajouter :
Y succomber un peu, chaque jour, souvent, à jamais
Comment exprimer plus clairement ce que cherchent les marketeuxmillenials pour rendre rentable leur produit ? Oui, rentable. Car, il n’est plus question désormais de vendre quelque chose, mais de rendre indispensable UNE chose. Et ce, tout le temps. Incontournable à jamais.
L’ancien paradigme des affaires était de tirer profit d’un bien ou d’une prestation à vendre, et de faire avec la concurrence. Le nouveau se fiche du seul ROI, il vise avant tout sa récurrence pérenne en mettant hors jeu toute concurrence. Un peu, chaque jour, souvent, longtemps, “mais qu’avec moi”.
C’est la technique de la casserole et de la grenouille. Plongez une grenouille dans un peu d’eau bouillante (un peu) et elle fera un bond prodigieux pour pouvoir s’en échapper ; plongez la même grenouille dans une casserole où vous faites réchauffer l’eau progressivement, et vous obtenez un repas délicieux sans que l’amphibien n’ait eu le temps de réagir à la manoeuvre (il faut aimer les grenouilles bouillies effectivement).
Tout le webmarketing est tendu vers cette quête de récurrence car elle repose sur la conquête de nos habitudes. Une fois acquises à la cause d’un produit, il est quasiment impossible de se détacher sans effort de ces nouveaux réflexes créés , garantissant un monopole conséquent.
Un produit est d’autant plus rentable si, dans la tête de tous, il devient incontournable. Incontournable présuppose qu’il n’y ait que lui qui puisse donner entière satisfaction. C’est donc que cette solution exclusive a été placée là, quelque part dans un coin de notre tête. Mais pour que la solution surgisse systématiquement et régulièrement, elle doit y avoir été fixée solidement. Quoi de mieux que de répéter quelques cycles de douleur/médication pour ancrer un peu plus à chaque fois ce réflexe.
C’est cette part mentale que souhaite occuper chaque appli web, chaque nouveau service ubérisant, en fait, chaque startup finalement. Désormais, nous assistons moins à des aventures entrepreneuriales qu’à des explorations du psyché où s’e lancent des neo-pionniers vers des territoires mentaux qui n’attendent plus qu’eux.
Qu’est-ce qu’une part mentale ? Si je vous “site français de petites annonces ? Bim. Si je vous dis réseau social ? Bam. Si je vous dis taxi 2.0 ? Boum. Ce n’est pas un principe nouveau. Pourquoi préfère-t-on une marque plutôt qu’une autre vis à vis de 2 produits de qualité identique ? La première s’y est placé plus vite et et y prend toute la place. Il n’est aucunement question de réflexion ou de raisonnement logique. “Prend ça, c’est de la marque”.
Tous entrent en quête de vers cette nouvelle niche mentale vierge de toute concurrence pour pouvoir s’y installer largement et y installer dans nos chères petites têtes qu’il n’y a, n’aura et n’a jamais véritablement eu d’alternatives.
Un peu, souvent, régulièrement s’installe l’idée qu’il n’y a que CE produit.
A cette fin, ce sont belles et bien nos faiblesses qui sont catégorisées puis analysées en vue de donner “un pli” tout particulier à la reptilienne partie de nos cerveaux malléables. Nos habitudes sont désormais la cible de véritables offensives marketing. Des habitudes qui passent de la notion de temps (j’ai besoin tout de suite de ça, et j’ai souvent besoin de ça tout de suite) à la forme d’espace de référence (bien sûr, cestca.com !). Le temps créerai donc des habitudes qui deviendraient elles-mêmes de puissants vecteurs de business, voire les business eux-mêmes.
Que faut-il vraiment en penser ? Diminution de la pollution marketing avec un ciblage plus précis, plus juste, qui répond plus précisément à nos demandes autant qu’il les anticipe, ou rapt de nos esprits, de nos initiatives, de notre liberté en somme ?
Et vous, quelles sont les parts mentales que vous avez cédées ?