Making the Silicon Aqueduc : from valleys to the prairies
Je suis directeur d’une pépinière d’entreprises depuis 2 ans en grande couronne parisienne.
Je pense sincèrement faire l’un des métiers les plus passionnants qu’on puisse avoir en 2017.
L’une des raisons qui me fait vibrer dans mon job est de faire des ponts, digitaux ou physiques entre ce qu’on peut appeller Les Vallées (les grands écosystèmes startups des métropoles notamment) composées de “Vortex” vertueux d’entrepreneurs New Age (les lieux où se rassemblent les startuppers pour échanger leurs bonnes pratiques, leurs outils, les intros, leur cycle de questions/réponses nourri et véloce, etc) avec les Prairies, des lieux en dehors des périphéries des grandes villes, Good transport, Good internet, mais souvent dépourvue de culture Startup et sans communauté sur le sujet.
Oui, une fois passé le périphérique de certaines grandes métropoles, si vous n’avez pas fait d’études au sein d’une grande école, ou regardé Koudetat, alors vous avez toute les chances de lancer votre belle et grande startup…contre un mur.
Soit que l’on vous y précipitera, soit que l’on vous laissera y aller par vous-même.
Et n’en déplaise à beaucoup, si TheFamily n’existait pas, no one could be an entrepreneur.
Clairement. Leur rôle d’éducateurs, de grammairistes entrepreneuriaux, de l’accessibilité immédiate et gratuite de leur contenu permet justement à ce que des prairies deviennent des vallées.
Et notamment parce qu’en plus d’actualiser les entrepreneurs, il forme aussi ceux qui les côtoient.
A défaut de les traiter de mégalos, il s’agirait juste de leur emboiter le pas.
Thanks so much guys ;-)
Making the aqueduc
Mon temps consiste à plugguer certains entrepreneurs dans ces vortex afin qu’ils soient synchro avec ce qui se joue en ce moment dans ce nouvel âge entreprenarial. Leur éviter de construire une fusée avec des allumettes, surtout s’il veulent monter dedans et faire décoller réellement l’engin.
Cela passe aussi par un peu d’acculturation numérique pour leur permettre de faire 1 pierre 8 coups sur certaines actions de productivité.
J’ai créé les App&Lunch en 2015, des sessions de recommandations d’applications web (suis un grand fan de producthunt ;-) à destination d’une population d’entrepreneurs asynchrones sur le sujet + 1 petit lunch qui va bien avec.
A Paris, ce genre d’events est une commodité.
Dans les prairies, c’est du folklore.
J’ai commencé à tenir le crachoir en présentant une dizaine d’apps sur les premières sessions en mode snacking-5-min-par-app. J’invitais une ou deux startups parisiennes pour pitcher à la fin leur propre app et recommander les apps qu’elles-mêmes utilisent au quotidien.
Cela permettait de faire le lien entre les 2 mondes et de sortir à la fin une liste super quali d’apps.
Au bout de la 5ème session, parce qu’un public fidèle revenait systématiquement, et que je me répétais un peu sur certaines apps de bases, je me suis dit pourquoi pas faire venir une star de la Tech tenir le micro ?
Cela ferait venir des parisiens en nombre qui échangeront / découvriront les entrepreneurs de la prairie et inversement. L’idée n’est pas de se couper des vallées, surtout lorsqu’elles sont à 30 min de rer !
De l’air frais assurément, surtout lorsque tu te tapes le culot de demander à Julien Le Coupanec de venir faire le show sur le Growth Hacking et que le type te dit : “ben oui, c’est ok, évidemment.”
Bon là, tu mets en branle ta pépinière de banlieue, t’appelles Chris Super Star du tweet pour envoyer du bois sur les réseaux, et tu fais 80 personnes, avec un élu dans la salle pour valoriser tes petites startups dans la prairie.
Et avec un gros budget déco (tu le vois le gros budget déco sur le paperboard en bas ? ;-)
Pour ceux qui se fichent de monter une startup, cela a permis à certains curieux de découvrir de nouvelles méthodes, même si j’ai eu trop souvent l’impression de donner un couteau à une poule :-(
Pour certains entrepreneurs aux idées ambitieuses, je pense que certains App&Lunch leur ont sauver pas mal de petits euros, donner une méga-pêche et faire de belles rencontres.
Je pense que ce qu’enseignent les vortex entrepreneuriaux, disons, les meetup quoi, c’est la normalisation de l’auto-formation de l’entrepreneur à projet ambitieux (ah ben finalement, se former, ça a du bon), la commoditisation des savoirs qui en résultent (ah ben tient, c’est accessible et intuitif), et la puissance des intros entre les personnes (tiens, tu existes toi ?)
Appliquer, dupliquer, répliquer ce genre d’initiative dans les prairies, et on évite les déserts.
Si ça vous intérresse voici le dernier App&Lunch de décembre avec la Team Product Hunt France
On accompagne des chercheurs d’or à devenir des trappeurs
Je viens de tomber ce matin sur un article de Nicolas Colin sur les écosytèmes entrepreneuriaux efficaces : 5 Steps to a Healthy Entrepreneurial Ecosystem.
J’ai souris sur son analyse des conséquences de l’absence de pression exercée dans ces environnements, sur le passage de l’Ambition Startup au repli défensif sur le modèle de l’agence de com.
J’ai souris car cela était bien vu, et je ne sais pas s’il sait combien la réalité est encore plus glauque dans les prairies car les chercheurs d’or sont incités à devenir des trappeurs, faute de mindset.
Voici 3 embuscades tendues aux entrepreneurs / startupper des prairies avant une autre série d’articles à venir :
Embuscade #1 : your are the problem
Marié, 45 ans, 2 enfants, prêt immobilier, prairie, anglais bof bof, mono founder, péachepé quoi ?
Tu prends Fifa, tu mets tous les handicaps aux max, EASPORTITSINAGME, et là tu fais
Mais ça veut lancer le prochain Uber, une startup quoi. Et c’est très motivé. Et ça a de l’argent, rupture conventionnelle, encore un peu d’argent à gauche. Alors on y va, on l’accompagne, Business Plan, puis fléchage vers une agence de com pour les dév, puis vers des pépinières, puis le 10ème mois sans vente, puis un autre presta dev en appui du 1er qui galère, puis le 10ème mois, puis un peu de love money parce quand on est dans le déni, autant y être à fond, le stress familial, la dette technique, la dette pyschologique…et enfin, la tôle.
Où est l’embuscade ? Soi-même. Qui pour lui dire stop à l’étape 1 ? Pourquoi ne parle-t-il pas avec d’autres startuppers en herbe de sa prairie ? Il est où Oussama Ammar ?
Siliconnons les prairies. Vite.
Embuscade #2 : 50k pour un site vitrine : normal.
C’est très courant. Le créateur a une idée de plateforme (parfois le type passe + d’1 an à imaginer jusqu’au dernier bouton sur le conseil de Tonton Ingé chez Edf), puis va voir un organisme institutionnel qui lui conseille plusieurs agence de com. Le créateur trouve une agence, et là c’est
J’ai rencontré la semaine dernière un porteur de projet de ce type. Pour la première fois dans un vie professionnelle, les larmes m’ont chatouillées les yeux (ainsi que son père, impliqué a priori jusqu’au coup financièrement).
Le créateur (et son papa) a effectué ce genre de parcours et m’a confié avoir débourser 10k sur les 40k totaux devisés par l’agence de com sur une idée de marketplace dont un template wordpress à 19 balles et quelques plugins auraient suffit à formaliser en un premier MVP (et encore, cela n’aurait toujours pas été un bon début pour un MVP, il y avait encore plus simple, mais bon.)
Je lui ai demandé combien d’acteurs il avait rencontré dans le cheminement de son projet, du début jusqu’au virement des 10k. 4. Parmi les 4, tous sauf un étaient des acteurs institutionnels jetlaggués sur les bonnes pratiques à mettre en place au début sur ce genre d’idée, Lean Startup like, Facebook ads, newsletter, Fake it until Make it, enfin vous savez, Koudetat, Les bons papiers de P. Graham, etc, etc.
A la limite, la première mine sur laquelle le créateur a sauté a été posée par hasard. Les organismes d’accompagnements ne sont pas malveillants, certains sont justes toxiques malgré eux. Ok, au final, vous n’avez plus de jambe mais vous ne pouvez pas sérieusement en vouloir au type qui a laissé glisser la mine de sa poche pensant qu’il transportait un papier de chewing gum ?
Mais 1 était moins jetlaggué que les autres sur le “comment on fait a-peu-près une startup”, combien coûte un template wordpress, ou connaissait des apps comme Strikingly. Le seul donc qui aurait pu à un moment dire stop.
Je vous laisse deviner qui.
Il y a donc 1 véritable embuscade et un nuage toxique.
Siliconnons les prairies. Vite.
Embuscade #3 : Faire de la R&D “par hasard”
“Vous faites de la R&D par hasard, quel dommage, je peux vous aider à valoriser tout ce travail”.
“T’inquiète pas, je lève 30k de subvention, c’est prévu, et puis après il y a le CIR, tranquille quoi.”
Ce genre d’embuscade et/ou de croyance mortelle est tendue aux startups en général sur la question des aides fiscales dédiées à la recherche (CIR, JEI, certaines aides BPI sur l’innovation) et pas uniquement les parisiennes (et pas qu’aux startups d’ailleurs), mais en dehors des grandes villes, la banlieue parisienne y compris, peu de moyens pour se rendre compte du piège de certains cabinets qui vous font tourner la tête en vous proposant de valoriser vos efforts de R&D et de vous monter des dossiers de subventions.
Dites “startups” et ce genre de cabinet tombe du ciel.
Je vais vous poser une question simple.
Pensez-vous sérieusement qu’on puisse faire de la R&D par hasard ?
Je vous repose la question.
Pensez-vous que ranger votre tasse dans le lave vaisselle est équivalent à un déménagement épuisant et qu’il y a de l’argent public pour amortir cet effort gigantesque ?
Si vous faîtes de la recherche, vous savez que vous en faîtes. Next.
Qui pour vous dire de rester focus ?
Siliconnons les prairies. Vite.
Welcome to The Silicon Prairie
Le concept de Prairie a été propulsé aux US par Jeff Slobotski il y a 8 ans dans le Midwest avec un petit blog devenu une référence à ce jour http://siliconprairienews.com/
Aujourd’hui, parce qu’un groupe d’entrepreneurs ne souhaitaient pas se lancer à SF ou à NY mais bien là où ils vivaient, cette région est devenu un tremplin pour startups car les investisseurs ont commencé, par des articles, des événements, à poser le regard sur eux.
Des prairies, si vous représentez la carte de France non pas en termes de distances mais en termes de temps de transports et de qualité de connexion internet, vous obtenez une carte autrement polymorphe qui révèlent de véritables lieux Good to live, Good to work pour les startups. Il ne manquent plus qu’à les fédérer entre elles pour qu’elles soient vraiment synchros.
Je pense craquer quelque chose le 23/01 par ici https://www.meetup.com/fr-FR/lasiliconprairie/,
On verra bien où on va. Mais on y va.
Et suis preneur de tous retours d’expériences et brainfood pour avancer sur ce concept ;-)
Love from the fields