20 Juin : le témoignage de Georgia Al Zahr, experte en finance et affaires bancaires

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5 min readJul 1, 2024

Afghanistan, Syrie, Ukraine… en 2023, plus de 100 millions de personnes dans le monde ont été forcées à fuir leur foyer. Malgré un diplôme d’éducation supérieur en poche pour près de la moitié des personnes réfugiées en Europe (Eurostat, 2020), elles mettent environ 10 ans, une décennie entière, pour retrouver leur situation socioprofessionnelle d’origine.

Georgia Al Zahr est Syrienne, diplômée en banque et finance, avec une expérience dans les secteurs bancaire, financier, de l’investissement et du business.

Pouvez-vous rapidement vous présenter et nous parler de votre carrière professionnelle avant votre arrivée en Suisse ?

Je m’appelle Georgia, j’ai 39 ans et je suis originaire de Syrie. Je suis titulaire d’une licence en banque et finance. J’ai travaillé dans le secteur bancaire pendant six ans, ce qui m’a permis d’acquérir une expérience précieuse. Ensuite, je me suis tournée vers la finance et j’ai travaillé dans le domaine des prêts automobiles pour une société d’investissement. Plus tard, j’ai assumé des fonctions dans le domaine des études de marché et du développement commercial.

Quels étaient vos plus grands accomplissements professionnels dans votre pays d’origine ?

Chargée de relations avec les entreprises, puis spécialiste du crédit automobile et enfin chargée de développement commercial.

Depuis combien de temps vivez-vous en Europe ?

6 ans et 4 mois, depuis février 2018.

Avez-vous ressenti un déclassement professionnel depuis votre arrivée ? Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, je n’ai pas choisi de continuer dans le secteur de la banque et de la finance parce que mes 10 années d’expérience n’auraient pas été prises en considération. Il aurait fallu que je commence un stage de plus d’un an pour réintégrer le secteur bancaire, et j’aurais dû commencer en tant que junior. Cela fait 6 ans que j’attends d’avoir mon permis B et de pouvoir quitter le pays comme n’importe quel être humain… Pendant 6 ans, j’ai été déclassée parce que je suis soit sans statut, soit avec un permis F sans avoir le droit de voyager, de travailler correctement et de quitter la Suisse et avec une situation financière très limitée inférieure au salaire minimum ici… puis à partir de janvier 2024, après six ans, j’ai commencé à avoir les droits humains normaux pour tout être humain dans ce pays…

Quels ont été les principaux obstacles que vous avez rencontrés dans la recherche d’un emploi correspondant à vos qualifications ?

Les principaux obstacles que j’ai rencontrés pour trouver un emploi correspondant à mes qualifications étaient le fait de n’avoir qu’une “attestation de résidence” et le temps passé à attendre que le gouvernement m’accorde un permis de séjour à Genève pour plus de deux ans. Cette situation a limité mes droits, comme celui d’avoir un emploi, de voyager et de rendre visite à mon frère et ma sœur qui vivent en Europe. Même après avoir reçu le permis F, il m’a été difficile de trouver un emploi, en particulier dans le secteur bancaire.

Pouvez-vous partager un moment particulièrement difficile ou frustrant que vous avez vécu en cherchant un emploi en France ?

Je n’ai pas beaucoup cherché d’emploi en Suisse. J’ai plutôt choisi de travailler gratuitement comme bénévole pendant quelques années afin de faire mes preuves et de montrer que j’étais instruite et que je pouvais parfaitement mettre à profit mon expérience professionnelle. Grâce à mes efforts, j’ai fini par recevoir une offre d’emploi de la part de l’entreprise où j’étais bénévole.

Comment avez-vous entendu parler de SINGA ?

J’ai entendu parler de SINGA par mon avocate en 2022, qui m’aidait à obtenir mon permis de séjour en Suisse. J’avais une idée pour un projet, Georgia’s Bread, et je partageais avec mon avocate comment je voulais commencer à vendre le pain aux salles de sport, et elle m’a recommandé SINGA pour m’aider à donner vie à mon idée.

Quel(s) programme(s) de SINGA avez-vous suivi et comment vous ont-ils aidé à surmonter le déclassement professionnel ?

J’ai suivi le programme d’incubation de SINGA, puis le programme Bridge, qui m’ont donné beaucoup de confiance et de connaissances sur la manière de créer une entreprise. Grâce à ces programmes, j’ai noué des liens précieux et fait la connaissance de personnes clés qui m’ont beaucoup aidée dans ma carrière et dans mon projet (Georgia’s Bread) à Genève. De plus, grâce à la confiance que j’ai acquise, j’ai été promue responsable de la restauration sur mon lieu de travail et je suis maintenant en train d’ouvrir mon propre restaurant.

Comment SINGA a-t-il influencé votre inclusion en Suisse ?

SINGA m’a aidée à surmonter les difficultés mentales que je traversais grâce à un soutien incroyable en matière de carrière et d’entrepreneuriat. SINGA a toujours été chaleureuse, aimable et généreuse à tous les niveaux. Ils m’ont écoutée et m’ont mise en contact avec les bonnes personnes qui m’ont apporté un grand soutien et m’ont guidée. Ils m’ont donné confiance et courage en m’aidant à réaliser que les réfugiés sont une valeur ajoutée pour la société lorsqu’ils sont mis en valeur.

Pouvez-vous partager une expérience ou un moment clé où SINGA a particulièrement impacté votre parcours professionnel ?

SINGA a eu un impact important sur ma vie en m’aidant à amener Georgia’s Bread à un niveau plus professionnel. Ils m’ont apporté des connaissances inestimables en matière de gestion de projet, de financement, de marketing et d’image de marque. En outre, SINGA m’a aidée à traverser une période d’épuisement professionnel grâce à son amour et en me mettant en contact avec un mentor dans le cadre du programme Bridge. Aujourd’hui, SINGA m’aide à lancer ma nouvelle entreprise. Leurs conseils m’ont donné le courage de poursuivre mes rêves d’entrepreneur. Avec le mentor qu’ils m’ont assigné dans le cadre du programme Bridge, je suis en train de construire mon projet et d’apprendre beaucoup de choses sur les procédures légales, la gestion opérationnelle, etc, et je suis sur le point d’ouvrir mon propre restaurant, Bab Simsim.

SINGA travaille activement à l’accompagnement des nouvel·les arrivant·es en Europe et au Canada, pour les aider à reconstruire leur réseau et trouver une activité professionnelle à la hauteur de leurs compétences. SINGA propose des programmes d’accompagnement à l’entrepreneuriat, permettant aux nouvel·les arrivant·es de créer et développer leurs entreprises. Avec 12 incubateurs en Europe, SINGA a soutenu plus de 2000 entrepreneur·e·s, dont 50% de femmes. Ces initiatives permettent de concrétiser des projets ambitieux et de maintenir 60% des entreprises incubées en activité après trois ans.

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Interview réalisée dans le cadre de la campagne de sensibilisation de SINGA Global sur le déclassement professionnel des personnes réfugiées à l’occasion de la Journée mondiale des Réfugiés le 20 juin.

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