20 Juin : le témoignage de Yulia Taubin, psychologue

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6 min readJun 19, 2024

Afghanistan, Syrie, Ukraine… en 2023, plus de 100 millions de personnes dans le monde ont été forcées à fuir leur foyer. Malgré un diplôme d’éducation supérieur en poche pour près de la moitié des personnes réfugiées en Europe (Eurostat, 2020), elles mettent environ 10 ans, une décennie entière, pour retrouver leur situation socioprofessionnelle d’origine.

Yulia Taubin est psychologue, écrivaine et conférencière, et elle a fondé un centre médical à Moscou.

Pouvez-vous rapidement vous présenter et nous parler de votre carrière professionnelle avant votre arrivée en Suisse ?

Je m’appelle Yulia Taubin. J’ai une pensée systémique, analytique et créative très développée. J’ai la capacité d’intégrer diverses connaissances pour atteindre certains objectifs et résultats, ce qui est confirmé par ma vie, mon expérience pratique et mes réalisations. Je suis diplômée de psychologie et titulaire d’un Master en pédagogie, en Russie, membre de l’association de la psychologie holistique de l’ONU, conférencière, créatrice du jeu Accélérateur d’Adaptation, d’une méthode de diagnostic médical ainsi que fondatrice d’un centre médical à Moscou.

Écrivaine nominée, j’ai écrit et coécrit des d’ouvrages scientifiques (dont un des dictionnaires de la psychologie), un recueil de poésies et des contes en psychologie transformative pour les adultes et les enfants.

Mon chemin professionnel est parcouru de quatre chemins. Je vous souligne les grandes lignes.

J’ai fait mes études à Moscou à l’Université pédagogique faculté psychologie et pédagogie d’enfants… La soif de connaissance m’a poussée à rejoindre l’Université d’État de Moscou (avec le passe de mon université) pour apprendre les disciplines psychologiques de la bouche des grands scientifiques, fondateurs de la psychologie en Russie. Là-bas on m’avait proposé une collaboration pour la rédaction d’un dictionnaire de psychologie de Vygotsky. J’avoue que je n’étais pas étudiante dans cet établissement, ce qui a renforcé cette proposition. C’est comme ça que je suis devenue co-auteure de dictionnaire psychologique. J’avais 19 ans. Je sentais que j’avais trouvé mon chemin professionnel dans ces domaines et j’avais l’intention de terminer mon année et de changer d’université. Mais, j’ai eu un accident de bus qui m’a empêché de le faire.

J’avais besoin de me reconstruire. J’ai perdu mon travail, j’ai failli perdre mon logement. Je n’avais pas d’argent pour le traitement. Comme j’ai grandi sans parents, personne ne m’a aidée financièrement.

Une autre opportunité m’ouvre ses portes. J’ai découvert un nouveau domaine dont les spécialistes m’ont offert leurs services. Mon intérêt a été orienté dans cette direction innovante en cours de développement à l’Institut de l’énergie de Moscou, qui se situe à l’intersection de la logique de la médecine et de l’ingénierie.

Après l’avoir essayé moi-même, je suis devenue fidèle à cette méthode. J’ai récupéré après mon accident et coécrit ma méthode, qui a été reconnue dans cette communauté.

Des études de cette méthode ont été confirmées par des résultats statistiques et elle était incluse dans les protocoles de traitement et l’appareil de diagnostic pour la biorésonance. Et avec les résultats de ce travail j’ai participé à des discours lors de congrès médicaux de 2003 à 2008.

Malgré ma jeunesse et le fait que je n’avais pas encore terminé mes études, j’étais oratrice lors de congrès médicaux.

Quels étaient vos plus grands accomplissements professionnels dans votre pays d’origine ?

J’ai plusieurs accomplissements professionnels qui sont confirmés par diverses communautés :

- Dans le domaine de la littérature : un prix littéraire et une participation dans les conférences littéraires internationales.

- Dans le domaine de la psychologie : co-autrice et adhésion à des associations.

- Dans le domaine de la biorésonance et de l’ingénierie : participation à la recherche et coopération avec les fabricants de ces appareils médicaux.

- Dans le domaine des affaires : organisation et création d’une entreprise titulaire d’une licence d’État avec le droit d’embaucher du personnel médical à différents niveaux pour fournir des services dans le domaine de l’activité médicale sur le terrain.

- Dans le domaine de la promotion : participation en tant qu’une experte aux radio et à la télévision.

Depuis combien de temps vivez-vous en Europe ?

J’habite en France depuis 10 ans.

Avez-vous ressenti un déclassement professionnel depuis votre arrivée ? Pouvez-vous nous en parler ?

Je comprends que mon processus d’adaptation en France est lié au fait que toutes les compétences et tous les diplômes obtenus en Russie ne peuvent pas être validés et utilisés. Je ne peux pas créer le même centre médical en France. Je ne peux pas participer aux mêmes recherches et conférences.

Alors je me suis transformée en coach de développement personnel et de bien-être, j’ai commencé à donner des consultations dans un tout petit bureau, à domicile. C’est trop petit pour moi. Donc, j’ai commencé à écrire un livre et créer une méthode pour faciliter l’adaptation car j’avais besoin d’exprimer ma nature créative.

Quels ont été les principaux obstacles que vous avez rencontrés dans la recherche d’un emploi correspondant à vos qualifications ?

J’ai recommencé à construire ma vie professionnelle dès le début, mais… Il a fallu que j’apprenne le français d’abord. Le système fonctionne différemment. Mes diplômes et certificats ne sont pas reconnus. Je ne pouvais pas valider mon expérience professionnelle car elle est atypique. Donc, je me disais qu’il fallait que j’élabore un beau projet qui serait utile et accepté dans mon nouvel environnement et surtout que je me rende utile pour la France. C’est pourquoi j’ai créé un projet d’adaptation.

Pouvez-vous partager un moment particulièrement difficile ou frustrant que vous avez vécu en cherchant un emploi en France ?

En m’adaptant, j’ai trouvé une direction qui m’intéresse. Je me suis réalisée dans le processus créatif. J’ai créé une méthode ludique et j’ai rédigé trois livres. Mais en France ce n’est pas possible de l’éditer. Je ne suis ni vue ni (re)connue. Pour avoir au moins un résultat, j’ai publié un livre en auto-édition. Maintenant je sais comment ça fonctionne. Mais deux autres attendent toujours leurs chances.

Pour mettre en œuvre ma méthode c’est pareil. J’avais besoin du support. J’ai fait un business plan pour mon jeu et je suis allée à SINGA pour ses soutiens et aides à réaliser mon projet pour la France.

Comment avez-vous entendu parler de SINGA ?

J’ai présenté mon projet Accélérateur d’adaptation à l’OFII et on m’a adressée à SINGA.

Quel(s) programme(s) de SINGA avez-vous suivi et comment vous ont-ils aidé à surmonter le déclassement professionnel ?

J’ai participé au cinquième incubateur de projets nommé « Bégué».

Singa m’a aidée à structurer et à adapter mes supports aux exigences de cet environnement commercial et à comprendre les possibilités de promotion de ma méthode, à identifier les structures intéressées par ce produit et la procédure d’interaction avec les agences gouvernementales.

Comment SINGA a-t-il influencé votre inclusion en France ?

Quand je suis arrivée à SINGA, j’avais déjà la nationalité française, mon entreprise et des ami.e.s. Je n’avais pas besoin de m’intégrer en France. Mais j’avais besoin de m’intégrer dans la communauté professionnelle. Je ne savais pas de quel côté aborder ce domaine. SINGA m’a ouvert les portes de ce monde. Elle m’a montré comment ce système fonctionne. J’ai découvert le grand monde des associations. Vu tous mes angles morts. SINGA m’a aidé à transmettre la valeur de ma méthode aux structures et aux entreprises intéressées.

Pouvez-vous partager une expérience ou un moment clé où SINGA a particulièrement impacté votre parcours professionnel ?

Je rêvais de présenter mon projet non seulement à la mairie, mais aussi à Madame la Maire de Nantes elle-même et à un ministre. Je le leur ai présenté. Ainsi, l’un des rêves est déjà devenu réalité grâce à SINGA. Je remercie cette association, toute son équipe et les bénévoles pour leur soutien et les opportunités qu’elle offre. Un merci spécial à Chloé Lesterlin pour nos rendez-vous personnalisés bien ciblés.

SINGA travaille activement à l’accompagnement des nouvel·les arrivant·es en Europe et au Canada, pour les aider à reconstruire leur réseau et trouver une activité professionnelle à la hauteur de leurs compétences. SINGA propose des programmes d’accompagnement à l’entrepreneuriat, permettant aux nouvel·les arrivant·es de créer et développer leurs entreprises. Avec 12 incubateurs en Europe, SINGA a soutenu plus de 2000 entrepreneur·e·s, dont 50% de femmes. Ces initiatives permettent de concrétiser des projets ambitieux et de maintenir 60% des entreprises incubées en activité après trois ans.

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Interview réalisée dans le cadre de la campagne de sensibilisation de SINGA Global sur le déclassement professionnel des personnes réfugiées à l’occasion de la Journée mondiale des Réfugiés le 20 juin.

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