8 Mars : le témoignage de Daria Babchenko & Aude Mennechet, créatrices d’“Au fil du Cœur”

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5 min readMar 5, 2024

Contrairement aux idées reçues, la migration est fortement féminine. En 2020, les femmes représentaient 51.6% des migrations européennes. Pourtant, les femmes nouvelles arrivantes restent souvent négligées dans l’élaboration des politiques migratoires et sont très peu visibles dans l’espace public et médiatique. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, SINGA donne la parole aux femmes nouvelles arrivantes pour rendre leurs histoires visibles, pour qu‘elles prennent possession de l‘espace public et mettent en avant les projets qu’elles ont lancés.

Daria Babchenko est ukrainienne, artiste et illustratrice.

Aude Mennechet est une formatrice thérapeute locale.

Elles sont co-créatrices du projet “Au fil du Cœur”.

Pouvez-vous rapidement vous présenter ?

Daria : Je suis une artiste et illustratrice, je suis ukrainienne, et j’ai étudié les Beaux Arts à Kiev. J’ai 35 ans, et j’ai fait l’incubateur de SINGA Bordeaux. J’ai monté mon entreprise, qui s’appelle Naif, et j’ai créé un projet avec Aude Mennechet, qui s’appelle “Au fil du Cœur”. J’aime bien voyager, faire des randonnées, la nature et les desserts.

Quand êtes-vous arrivée en France, et depuis quel pays ?

Daria : Je suis arrivée le 8 mars 2022 à Bordeaux depuis l’Ukraine.

Quelles ont été les principales difficultés que vous avez rencontrées en arrivant ?

Daria : On a eu de la chance, parce qu’un ami habite ici, et nous a dit qu’on pouvait venir. Je suis arrivée avec ma sœur et ses deux enfants, et on a trouvé une famille qui nous a accueillis. Ils nous ont aidés avec la bureaucratie, parce que c’était trop difficile, on ne parlait pas français. Pour l’assurance maladie, on a donné tous les documents mais ils ne l’ont pas faite… Sans cette famille, tout aurait été plus compliqué.

Pour s’intégrer sans parler la langue, c’est très difficile. Bien sûr, il y a aussi une transformation parce que tu as quitté ton pays, tes amis, tes parents… il y a des connexions, des racines coupées.

Au début, j’essayais d’apprendre la langue, de trouver du travail, de faire les rendez-vous. Je ne savais pas que ça prendrait du temps et je me suis dit que si ça marchait pas, il fallait que je fasse plus d’efforts. Je ne savais pas que de façon générale, si tu veux t’intégrer, ça prend du temps. Bien sûr, SINGA Bordeaux a aidé puisque tu peux rencontrer des locaux et des personnes comme toi, venant d’autres pays. Il y a aussi une diaspora ukrainienne, mais si tu veux juste communiquer avec les Ukrainiens, ce n’est pas de l’intégration.

Dans notre pays, il y a la guerre, donc on ne peut pas se dire : “Je suis ici, c’est ma décision”. C’était spontané, donc on ne s’est pas préparés.

Ces difficultés ont-elles selon vous été accentuées par le fait d’être une femme ?

Daria : C’est une bonne question. Bien sûr, c’est différent d’être une femme en Ukraine et en France. Mais je n’ai pas de situation exacte à décrire.

Comment vous êtes-vous rencontrées, avec Aude ? Comment vous est venue l’idée de votre projet entrepreneurial ?

Daria : J’ai mon espace créatif, avec mes objets créatifs, c’était mon projet pour l’incubateur. J’ai fait les Beaux Arts, j’ai créé des illustrations, des gravures, des peintures… mais je n’ai pas étudié comment récolter des financements, monter un business plan, un plan marketing… j’ai commencé le programme d’accompagnement à la création d’entreprise, où j’ai rencontré Aude, l’une des mentors. Elle cherchait à être mise en relation avec des participants avec des projets créatifs et c’est comme ça qu’elle est devenue ma mentor.

Puis on a beaucoup parlé de moi. J’aime beaucoup son histoire, je ne savais pas que c’était une autrice, j’aime son écriture. Petit à petit, on a décidé qu’on pouvait créer un projet. Il y a une sensibilité dans mes illustrations et dans les citations et les poèmes d’Aude. C’est ce qui nous a donné cette impulsion pour créer “Au fil du Cœur”.

Pour soutenir Daria Babchenko : Babchenko Illustrations

En quoi SINGA vous a été d’un soutien ?

Daria : De façon générale, pour s’intégrer à la société. Aussi, il y avait de nombreux aspects par rapport au business que je ne connaissais pas : business plan, comment on finance, comment on crée notre budget, etc.

Aussi, c’est le soutien, parce que j’ai fait l’incubateur pendant 6 mois : donc c’était une bonne motivation pour se concentrer sur son projet. Depuis que j’ai commencé à travailler avec Aude, nous continuons aussi à développer notre projet en lien avec SINGA Bordeaux.

Je pense que j’ai pu trouver des réponses à mes questions et rencontrer de nouvelles personnes. Pas seulement Aude, mais aussi différents mentors et experts.

Pour en savoir plus sur les actions de SINGA Bordeaux : @singabordeaux

Quels sont vos rêves et vos projets pour l’avenir ?

Aude : Nous souhaitons éditer un coffret de cartes poétiques, développer également les cartes postales et les objets déclinés t-shirt, affiches… Notre plus grand rêve c’est d’apporter avec nos cartes poétiques du baume au cœur, une déclaration d’amour à soi et aux autres. Une source d’inspiration au quotidien… un moment de partage et de poésie.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux femmes issues de la migration ? Si vous aviez un conseil à une femme qui vient d’arriveer, que lui diriez-vous ?

Aude : Tu peux faire de ta singularité une force. Nous avons chacune en nous une réserve de ressources. Dépasse tes peurs et va à la rencontre de l’autre. Je choisirai deux citations issues de nos cartes poétiques :

  • “Deviens ton amoureuse et je serai ton prince”
  • “Transforme ta douleur en douceur”

Daria : Je dirais de ne pas abandonner et de continuer avec ses projets, de trouver les personnes qui croient en toi et qui sont comme toi. D’être motivée et de motiver les autres.

Aude a dit que parfois, on pense qu’on est différents, qu’on a d’autres expériences dans notre pays, mais ça c’est aussi notre avantage, notre singularité. Et si tout le monde faisait quelque chose de pareil, ce ne serait pas intéressant. Et bien sûr, pour chaque projet, il y aura des gens qui l’aiment, même si c’est porté par des personnes de différentes cultures.

Bien sûr, je pense que quand les femmes se soutiennent, quand il y a une bonne communauté, ça peut booster la confiance. Je ne sais pas si les hommes ont ça, mais de mon expérience, être dans une bonne communauté féminine peut donner de l’énergie et de la motivation.

Chez SINGA, nous œuvrons pour libérer et mettre en lumière la force et le potentiel des femmes nouvelles arrivantes. 53% des personnes que nous accompagnons sont des femmes. En soutenant SINGA, vous contribuez à l’accompagnement et à l’émancipation de centaines de femmes nouvelles arrivantes chaque année, favorisant un monde où chaque individu, quel que soit son genre ou son origine, peut s’épanouir et réaliser ses rêves !

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Interview réalisée dans le cadre de la campagne de sensibilisation de SINGA Global autour de la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars 2024.

Pour en savoir plus sur SINGA et nous soutenir > https://www.helloasso.com/associations/singa-global

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Une société se renforce quand elle s’ouvre à la migration.