Rencontre avec Gabriel Waked, fondateur de Infin-Eighty

SINGA
SINGA BLOG
Published in
7 min readNov 25, 2022

L’analyse des marchés financiers, Gabriel Waked en est passionné. Il est le fondateur de Infin Eighty, une Fintech proposant un service d’investissement innovante via un robot de trading basé sur l’intelligence artificielle. Son but ? Rendre le trading plus accessible aux passionné.e.s, comme lui ! Après être passé par le programme d’accélération de SINGA Paris et lauréat de la French Tech Tremplin, il nous raconte tout sur son expérience.

Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Gabriel. Je suis le fondateur d’Infin Eighty. Je suis arrivé en France fin 2014. J’ai un background de droit. J’ai fait une licence de droit en Syrie. Après j’ai fait mon master ici en France. Et après le master, j’ai fait une reconversion professionnelle vers la data et je suis devenu data scientist.

Est-ce que tu peux me parler un peu plus de ton projet ?

Infin Eighty est une startup d’investissement financier. On propose un robot de trading qui applique une stratégie de placement financier particulièrement innovante qui garantit des bénéfices exceptionnels à moindre risque. Ça fait 10 ans que je suis en train d’analyser et d’étudier le marché financier pour justement créer cette stratégie. La stratégie est toujours gagnante. Personne ne peut prédire les tendances du marché financier, parce qu’on ne sait pas si demain, n’importe quelle action ou n’importe quelle devise ou des marchés financiers comme le CAC 40 va monter ou baisser. Mais l’algorithme que j’ai créé est toujours gagnant. C’est un algorithme mathématique basé sur l’intelligence artificielle. On peut prédire. Mais même si on a des fautes pour prédire, on peut gérer cette prédiction…

Pour utiliser les erreurs pour encore s’améliorer ?

Ce n’est pas exactement le cas aujourd’hui. On a planifié de faire d’autres améliorations, un autre développement pour l’algorithme pour arriver à ça. Ce qu’on a fait aujourd’hui c’est la gestion des transactions qu’on a sur le marché financier. Si on prend n’importe quelle transaction, on regarde si cette décision est bonne ou pas. Si elle n’est pas bonne, on va gérer les autres décisions pour sortir toujours gagnant. Même si la première décision prise n’était pas la bonne.

Aujourd’hui il y a pas mal d’applications d’investissement financier, comment est-ce que tu te démarques sur le marché ?

Moi même, ça fait 10 ans que je trade avec mon propre argent. J’ai perdu de l’argent. Ça c’est normal. Et j’ai constaté que je n’étais pas le seul. 90% des traders perdent 90% de leurs capitaux en 90 jours. C’est énorme. J’ai commencé à me dire “ok, il n’y a pas que moi, il y a énormément de gens qui perdent de l’argent”.

Il y a pas mal d’effets psychologiques quand on fait du trading. N’importe quelle décision prise dans le trading va être menée par l’effet psychologique. On va avoir peur, on va avoir d’autres sentiments… et après on va prendre d’autres décisions. C’était la problématique que j’étais en train de résoudre. Mais quand Infin-Eighty a été labellisé French Tech Tremplin, j’ai vu qu’il y avait pas mal de particuliers qui n’ont aucune information sur le trading et sur les marchés financiers qui sont intéressés. Donc on va essayer de rendre tout simple. Simple, transparent, et performant. Ce sont nos 3 valeurs. Pour ce qui est de la simplicité, il suffit au client de créer un compte, de déposer de l’argent et ensuite le robot se charge de tout le reste. C’est simple. On a plus besoin d’être des analystes financiers ou des professionnels des marchés financiers, c’est le robot qui s’en occupe.

Est-ce que le marché français intègre les nouvelles technologies assez facilement ? Est-ce qu’il est early adopter ? Est-ce que c’est facile de recommencer et d’innover toujours plus avec le public français ?

Je ne trouve pas pour l’instant. Après, personnellement, je n’ai pas testé d’autres marchés. J’entends tout le monde parler du marché américain, du marché anglo-saxon. Mais je n’ai pas testé. J’ai pas mal de contacts avec des personnes anglo-saxonnes, mais tester un business, je ne l’ai pas fait pour l’instant donc je pense que je ne suis pas légitime pour répondre à cette question.

Qu’est ce que tu penses de l’écosystème des startups ? Est-ce que c’est facile d’y entrer ? Tu as eu beaucoup d’expériences avant ça. Quelles sont les expériences qui ont pu te forger ?

L’expérience entrepreneuriale a commencé ici en France. En Syrie, j’ai travaillé dans des ONG et dans des entreprises privées. Quand je suis arrivé en France, en deuxième année de master, j’ai cofondé Place Network. On soutient et on essaye de donner de l’accessibilité aux migrants pour créer leur business ici en Europe. C’était la porte vers l’entrepreneuriat pour les migrants. Ça a été la première expérience pour moi dans l’entrepreneuriat. J’étais en train d’apprendre, de construire un réseau, comprendre l’écosystème…. Mon arrivée en France s’est faite je crois en parallèle au lancement de l’écosystème de l’entrepreneuriat français. C’est au même moment que la French Tech a commencé à se développer, même l’incubation…

Est-ce que tu as trouvé que c’était facile de s’intégrer dans ces milieux-là ? Quelles ont été tes premières difficultés ?

Je crois que grâce à SINGA, j’ai un réseau personnel et professionnel assez incroyable. Je crois que c’est ce dont on a besoin pour se lancer. On ne serait pas là aujourd’hui sans écosystème, sans un réseau perso et pro qui nous soutient.

Dans le monde de l’entrepreneuriat, il y a un certain vocabulaire. Est-ce que la barrière de la langue a été un frein lorsque tu t’es lancé ?

Pour moi c’est toujours un frein parce que je suis quelqu’un d’exigeant. J’essaye toujours de communiquer et d’utiliser la langue de façon à toujours faire passer le message. Parfois je n’arrive pas à faire passer le message à 100% parce que je n’utilise pas la langue française chaque jour. Dans le cadre de mon projet, je lis beaucoup d’articles en anglais, je travaille en anglais… Je travaille dans 2 langues différentes. J’ai appris la langue française sur Youtube. C’était plutôt efficace. En 6 mois, je me suis inscrit dans un master. Pour moi c’était trop bien. J’ai constaté qu’en face à face je comprenais, mais au téléphone je ne comprenais pas. Alors j’ai pris la décision de prendre des magazines, des publicités. J’ai commencé à appeler tout le monde : des piscines, des bibliothèques, des magasins… Pour m’entrainer à la communication par téléphone.

Quelles opportunités vous a apporté l’expérience SINGA ?

On peut commencer par parler du programme d’accélération de SINGA. Je crois que c’est la première année que SINGA était labellisé French Tech. French Tech, c’est un mouvement français pour soutenir les startups qui sont dans le milieu de la tech. Il y a plusieurs programmes dans la French Tech et l’un de ces programmes est French Tech Tremplin, un programme qui vise à plus de diversité dans la tech. Il y a d’autres projets French Tech qui sont soit dans l’écologie, soit dans le business… Donc c’était la première année que SINGA et French Tech Tremplin collaboraient ensemble. C’était la première année que SINGA donnait des ateliers, des workshops, des contacts, dans le milieu tech. Ce n’était pas le cas avant mais je crois que c’est une énorme opportunité pour nous et pour eux aussi parce que SINGA a un réseau assez large. Donc c’est important pour bénéficier de ce réseau et les mettre en contact avec les accélérés.

Comment s’est passée ton arrivée dans l’accélérateur ? Est-ce que tu y croyais ? Pourquoi tu penses qu’ils t’ont retenu ?

Avant l’incubation j’avais candidaté à la prépa de la French Tech Tremplin. Il y avait deux phases. La prépa et ensuite l’incubation. J’ai postulé à la prépa, je suis passé devant des jury mais ils m’ont refusé. J’ai essayé de prendre leurs retours sur les raisons de leur refus et j’ai compris que c’était une question de légitimité technique parce qu’à l’époque je n’étais pas data scientist. C’est pour ça que j’ai fait une reconversion professionnelle. J’ai mis 3 mois à me former dans un bootcamp, Viva data. Suite à ça, j’ai repris le code du robot de 0 et j’ai postulé pour French Tech Tremplin Incubateur. Et quand j’ai présenté mon projet, je savais que j’avais fait tout ce que je pouvais faire pour réussir. J’attendais les résultats et j’étais assez stressé. Mais quand j’ai eu les résultats, on a fait la fête !

Est-ce que tu penses que c’est un frein de ne pas avoir le statut de réfugié pour entreprendre ?

Moi même, je n’ai pas le statut de réfugié. En tant que personne d’origine syrienne qui n’a pas le statut de réfugié, je trouve que le statut de réfugié peut être un avantage pour quelques démarches. Il y a pas mal d’incubateurs qui sont lancés ou des programmes pour les personnes réfugiées. Moi je n’avais pas accès à ces programmes la. Mais d’avoir la nationalité syrienne… je suis mis dans une case avec les syriens. On a un petit peu galéré. Pour les personnes réfugiées d’autres origines ça peut être plus facile.

Est-ce que tu as envie d’inspirer les prochaines générations qui arrivent en France et de leur montrer que c’est possible d’innover en France ?

Pour moi c’est possible. C’est difficile, mais c’est possible.

On a la chance aujourd’hui d’avoir pas mal de programmes d’accompagnement, d’avoir de l’incubation, aussi d’avoir des échanges avec des investisseurs, avec tout le monde. Parce qu’on a commencé à avoir l’esprit ouvert autour de l’entrepreneuriat. Le chemin est en train de se construire. Je crois que d’ici quelques années on aura des offres et des programmes d’accompagnement pour tout le monde. Il faut simplement trouver le bon programme, le bon incubateur, le bon investisseur… Il y a pas mal d’offres, mais il faut vraiment choisir ce qui nous convient et ce qui convient au projet.

Où est-ce que tu te vois dans 5 ans ?

Quand tu as posé la question je me suis dit “5 ans c’est long quand même”. On ne sait pas ce qu’il va se passer dans les projets entrepreneuriaux dans 2 mois. Mais je suis sûr que je vais avoir d’autres projets, faire grandir Infin-Eighty et avoir de l’impact social à long terme.

Article retranscrit à partir de l’interview d’Edilène Gauthé réalisée dans le cadre du podcast Elikia le 16 décembre 2021. Un podcast imaginé par SINGA. À redécouvrir dans son intégralité ici.

Pour en savoir plus sur SINGA et nous soutenir > https://www.helloasso.com/associations/singa-global

--

--

SINGA
SINGA BLOG

Une société se renforce quand elle s’ouvre à la migration.