Couverture Médiatique de la Crise des Réfugiés et des Migrants dans l’UE

Extrait du rapport préparé pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Décembre 2015)

Julien Sueres
Social Blogger
3 min readJul 19, 2016

--

En 2014, plus de 200.000 réfugiés et migrants ont fui pour leur sécurité à travers la mer Méditerranée. Dangereusement entassés dans des bateaux, des milliers se sont noyés, ce qui a incité le pape à avertir que la mer était en train de devenir un cimetière de masse. Les premiers mois de 2015 n’ont vu aucun répit. En Avril, plus de 1.300 personnes se sont noyées. Cela a quand même conduit le public a supporter une augmentation des opérations de sauvetage.

Tout au long de cette période, le HCR et d’autres organisations humanitaires, se sont engagés dans une série d’exercices à grande échelle de défense des médias, visant à convaincre les pays européens à faire plus pour aider. Le travail était crucial, donnant le ton à la hausse spectaculaire de l’attention à la crise des réfugiés qui a suivi dans la seconde moitié de 2015.

Mais les médias étaient loin d’être unis dans leurs réponses. Alors que certains ont rejoint l’appel pour plus d’aide, d’autres étaient antipathiques, et contre l’augmentation des opérations de sauvetage. Afin de savoir pourquoi, le HCR a ordonné un rapport par l’École de journalisme de Cardiff afin d’explorer la couverture médiatique dans cinq différents pays européens: l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède.

Les chercheurs ont passé au peigne fin des milliers d’articles écrits en 2014 et au début de 2015, révélant un certain nombre de conclusions importantes pour les futures campagnes de sensibilisation des médias.

Plus important encore, ils ont trouvé de grandes différences entre les pays, au niveau des sources utilisées (les politiciens nationaux, des hommes politiques étrangers, des citoyens ou ONG), le langage qu’ils emploient, les raisons pour lesquelles ils ont mentionné l’augmentation des flux de réfugiés, et les solutions qu’ils ont suggéré. L’ Allemagne et la Suède, par exemple, ont beaucoup utilisés les termes réfugiés ou demandeurs d’asile, tandis que l’Italie et la presse britannique préfèrent le mot migrant. En Espagne, le terme dominant était «immigrant». Ces termes ont eu un impact important sur la teneur du débat de chaque pays.

Les médias se sont également différenciés par les thèmes choisis. Par exemple, les thèmes humanitaires étaient plus fréquents dans la couverture italienne que dans la presse britannique, allemande ou espagnole. Les thèmes de la menace (tels que le système de protection sociale, ou même la menace culturelle) étaient plus répandus en Italie, en Espagne et en Grande-Bretagne.

Dans l’ensemble, la presse suédoise a été la plus positive à l’égard des réfugiés et des migrants, tandis que la couverture au Royaume-Uni a été la plus négative, et le plus polarisé. Parmi les pays étudiés, la presse d’extrême-droite de la Grande-Bretagne était uniquement agressive dans ses campagnes contre les réfugiés et les migrants.

Ce rapport fournit donc des informations importantes sur la culture-presse de chaque pays et l’évolution de la crise des migrants. Il offre également des indications précieuses sur les tendances historiques. Ce qui ressort est un message clair que pour le travail des médias sur les réfugiés, il n’existe pas de taille unique. Un plaidoyer médiatique efficace dans les différentes nations européennes exige donc des campagnes sur mesure, tenant compte de leurs cultures uniques et du contexte politique.

Le document complet (en anglais) est accessible ici.

--

--

Julien Sueres
Social Blogger

Blogueur | Actualité sociale et solidaire | Région Occitanie