Réflexions Académiques sur l’Agenda Médiatique

Julien Sueres
Social Blogger
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4 min readAug 9, 2016

Après le sujet plus geeky de mon dernier article, voici un petit extrait de mon projet de recherche où j’y traite de l’agenda médiatique, des réseaux sociaux et de la crise des réfugiés.

Les études autour de l’agenda médiatique remontent souvent à l’ouvrage l’opinion publique de Lippmann (1922), qui est un point de départ dans ce domaine de recherche. Lippmann établit une évaluation critique de la gouvernance démocratique fonctionnelle. Dans le premier chapitre intitulé Le monde extérieur et les images dans nos têtes, il décrit la difficulté du peuple à percevoir et interpréter le monde dans son ensemble. Un monde considéré comme trop grand, trop complexe, et trop éphémère pour en avoir une connaissance profonde.

Afin de mieux comprendre le monde et son environnement complexe, Lippmann a introduit le concept d’un pseudo-environnement, inséré entre l’homme et son environnement. Ce pseudo-environnement agit comme un filtre subjectif et partial, modifiant pour la personne l’image réelle du monde. En outre, face à un problème particulier, lorsqu’une personne doit prendre des décisions, ou agir, l’influence de pseudo-faits peut amener à une contradiction avec l’environnement réel et la véritable action requise.

Fort de ce concept, et toujours dans un souci de comprendre la presse, Lippmann émis l’hypothèse que les nouvelles et la vérité ne sont pas la même chose, et doivent être clairement distinguées. Son argument principal repose sur le fait qu’une nouvelle, par nature, peut être influencé par un pseudo-environnement, alors que la vérité ne peut découler que de l’environnement réel.

Bien que Lippmann ait certainement parlé de l’agenda médiatique sans le nommer, c’est McCombs et Shaw qui ont officiellement lancé le concept au cours des élections présidentielles américaines de 1968. Comme ils l’expliquent par rapport à la politique, les opinions, les promesses et la rhétorique encapsulées dans les reportages, les colonnes et les éditoriaux constituent une grande partie de l’information sur laquelle une décision de vote doit être prise. McCombs et Shaw ont fondé leurs recherches sur la comparaison de l’agenda des médias et l’agenda des électeurs indécis afin d’enquêter sur la capacité des médias de masse à influencer l’opinion publique.

Dans sa conclusion, il admet que si ses recherches n’ont pas établit de façon catégorique l’influence des médias sur l’opinion publique, il a toutefois mis en évidence les corrélations entre ce que les gens pensent être des nouvelles et ce que les médias diffusent. Cette recherche était donc une première étape afin de vérifier la théorie selon laquelle les médias participent à la construction de l’opinion publique.

McCombs a publié un autre document sur le sujet en 2005 afin de passer en revue les effets de la révolution numérique sur sa théorie. Les possibilités de communication offertes par le web ont conduit à une plus grande concentration de l’attention du public comparé à ce qu’il en était au temps de l’impression. Il explique que dans ce contexte

les médias peuvent non seulement nous dire à quoi penser, mais aussi comment y penser

Toutefois, il reconnaît également le fait qu’internet a permis la multiplication des agendas et des communautés en ligne derrière ceux-ci, créant ainsi un effet d’influence des médias encore plus généralisé qu’il ne l’était auparavant.

Dans ce contexte, nous comprenons plus facilement l’effet pyramide inversée: alors que les nouvelles étaient traditionnellement passées de quelques journalistes vers le public, le public a maintenant accès directement à une grande quantité d’information, atténuant ainsi l’effet d’influence. Naturellement, ceci a entrainé le rôle des journalistes a évolué. Internet présente de nombreuses ressources, l’accès à des millions de photos, de vidéos et de commentaires est en effet une source immense de nouvelles mais la question d’éthique la plus fondamentale et primordiale pour les journalistes, concerne leur gestion de ces ressources.

La question d’éthique la plus fondamentale, et primordiale pour les journalistes, concerne leur gestion de ces ressources.

L’agenda médiatique peut avoir un impact considérable dans de nombreux domaines, y compris la politique. Le journalisme pratiqué selon les règles d’éthique acceptées semble être la seule barrière pour protéger l’intégrité des personnes les plus vulnérables. En ce qui concerne la crise actuelle des réfugiés, l’intégrité d’un grand nombre de personnes n’a pas toujours été protégée, et les migrants tombent souvent victimes des politiciens, des médias et du journalisme en général.

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Julien Sueres
Social Blogger

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