Un essai à propos de MakeSense
Les vacances d’été sont un moment propice à de nouvelles inspirations.
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Une de ces inspirations est venue d’un livre sur les stratégies de RSE qui avait quelques pages très intéressantes sur la façon dont IBM a retravaillé son identité de marque en 2002. Avant d’aboutir au parfait slogan ou tagline, le CEO a demandé à ce que soit écrit un essai de 5 pages à ce sujet pour affiner la réflexion.
C’est une personne externe à l’entreprise qui l’a rédigé, mais une personne qui connaissait bien l’entreprise et qui avait des talents d’écriture. C’est cet essai qui a donné naissance au célèbre “Smarter Planet”.
Alors que nous sommes en train de travailler sur l’évolution de l’identité de marque de MakeSense, je me suis dit que ce serait un exercice à faire nous aussi. Cela pourrait nous aider à avancer et dans le cas contraire ce serait un exercice fun et intéressant !
L’amplitude, la diversité, l’intensité de ce que nous faisons au sein de MakeSense et l’évolution que nous sommes en train de vivre et que nous construisons ensemble est très difficile à résumer en une seule phrase. Et comme nous adorons les histoires, pourquoi ne pas commencer par une histoire ! :)
J’ai partagé cette idée avec Solène, global community development coordinator, et ensuite j’ai demandé à Julie Seydoux si l’exercice pouvait l’intéresser.
Julie Seydoux est ce qu’on appelle une “vieille Gangster” du Hotspot de Bruxelles. Elle a été à de nombreux SenseCamps. Elle a travaillé dans une top agence de communication avant de tout arrêter pour se lancer dans des études d’art puis de rejoinder MakeSense en tant que 1er community developer de Future of Waste. Elle a rencontré des Gangsters dans toute l’Europe. Elle a aussi contribué à des missions de CommonsSense, SenseSchool et SenseCube. Elle a ensuite repris ses études d’art, collectif ouvert d’artistes qui co-construit des œuvres et a récemment déménagé à Lille pour aider des projets d’intérêt général dans leurs campagnes de communication. Merci Julie !
Lorsque nous avons partagé l’essai avec l’équipe à temps plein de MakeSense, la réaction immédiate a été l’envie de le partager avec toute la communauté.
Le voici, c’est l’équivalent de plusieurs pages alors bloquez vous un peu de temps pour le lire et dîtes nous ce que vous en avez pensé!
Le texte est aussi disponible en anglais.
Têtes bleues
Des jeunes gens s’y sont mis
Il n’y a pas si longtemps encore, il avait ce machin appelé « MakeSense », une sorte de mouvement rassemblant une poignée de jeunes qui auraient tout fait pour mettre leurs compétences au service d’ entrepreneurs sociaux pour les aider à changer les choses. Ils ne savaient pas encore ce qu’ils allaient faire, comment ils allaient le faire, ni avec qui, mais ils avaient pourtant quelque chose en commun.
Issus d’études supérieures, ayant beaucoup voyagé, ils avaient déjà eu l’opportunité de tomber sur des projets sociaux et des entrepreneurs qui les inspiraient. Et quand ils les rencontraient ils ne pouvaient pas s’empêcher de proposer des solutions, de partager des connaissances, des compétences, des idées de développement et des outils pour créer de la visibilité, en somme, toutes les choses qu’ils avaient apprises. Ils se sont impliqués en devenant stagiaires, bénévoles, ou à la volée, au gré de leurs voyages et de leurs rencontres.
Quand ça a commencé, il n’y avait pas une idée toute faite de ce que serait MakeSense, on ne parlait pas encore d’un modèle pour l’engagement citoyen. L’histoire de ce qui allait faire MakeSense avait déjà lieu dans de plus petites histoires à moindre échelle, faites des engagements individuels de jeunes gens dans plusieurs pays — à commencer par la France, le Royaume Uni, l’Allemagne. Quelques-uns étaient étudiants, certains cherchaient du travail, d’autres avaient décroché un premier emploi stable et certains avaient déjà fait leurs premiers pas dans le monde des start-up et des entreprises sociales.
Oui, ils étaient déjà demandeurs projets à impact social et environnemental positif et ils voulaient travailler pour eux ou avec eux, parfois en plus de leur travail normal, souvent gratuitement. Pourquoi ? A ce moment là, la plupart d’entre eux n’aurait pas pu vous répondre, mais ils savaient qu’ils allaient apprendre, si ça se trouve, plus que ce qu’ils pouvaient imaginer. Et peut-être qu’ils ne prévoyaient pas de mener une carrière classique car ils avaient vu qu’ils pouvaient être utiles dans des projets qui avaient du sens, ou auraient pu créer le leur.
De plus, aucun d’entre eux ne souhaitait se concentrer sur un seul projet, devenir spécialiste d’une seule cause ou bien remplacer le projet d’un autre par une super bonne idée. Ils avaient de la curiosité. Ils pouvaient être émus ou exaltés par une variété de sujets et de parcours. Alors, au lieu de chercher leur seul et unique projet de vie, ils ont plutôt cherché à faire quelque chose pour aider les entrepreneurs sociaux qu’ils croisaient et s’inspirer d’eux, à les aider à passer à l’échelle et à faire grandir leur impact. Le statut, la reconnaissance, la stabilité, ça viendrait après, entretemps ils allaient faire en sorte que leur vie soit compatible avec leurs engagements, au fur et à mesure.
Dans la tête d’un designer
C’est alors que l’engagement d’un petit groupe singulier de personnes (connaissances, amis d’amis et leurs amis) commença à prendre forme.
Une graphiste a designé des têtes bleues pour représenter MakeSense. A partir de ce moment là, chaque manuel, chaque histoire allait dériver de ce concept. Les têtes bleues racontaient plus qu’un simple logo. Elles contenaient le noyau du modèle MakeSense : ça dit grosso modo que quand vous mettez des personnes (+) des cadres pour agir tout simples, vous pouvez créer du « sens » (à entendre comme l’efficience mêlée à l’éthique) pour le monde.
Ce point de vue de designer collait bien à l’engagement des premiers membres et fonctionnait aussi pour comprendre les besoins des entrepreneurs sociaux qui avaient des défis à résoudre. C’est sans surprise que le premier format d’atelier inventé par les membres a été dérivé du « design-thinking ». Cela signifiait que l’innovation d’entreprise était désormais ouverte à l’expérimentation et à l’itération pour les entreprises sociales et environnementales, petites ou grandes. En passant, ça allait permettre aux gens de se rencontrer dans la vraie vie.
Plus qu’un réseau
Durant la première année, des ateliers se sont multipliés dans un tas de villes et après quelques mois, ils se sont produits simultanément dans plusieurs pays. C’est alors que le mot de communauté est devenu plus qu’un concept. Une théorie était devenue réelle : un ensemble de personnes qui ne se connaissaient pas auparavant et qui avaient eu accès à de brillantes études, étaient tous arrivés à la même conclusion, à savoir qu’ils voulaient aider les entrepreneurs sociaux, et monter dans le train en route, quel que soit sa destination.
Y a-t-il une recette magique ?
Une autre manière de voir la réussite
Quelques soient les outils utilisés pour évaluer le succès, les membres savaient que le mouvement était une réussite du moment que la communauté continuait à grandir, à développer et à améliorer ses outils jour après jour. L’engagement de membres de la communauté pour créer des activités commerciales nées directement de la marque « Sense » était aussi un indice de la solidité du modèle qui se créait devant nos yeux. La petite troupe de potes qui prenait des cafés avec des super entrepreneurs, allait bientôt se transformer en un gros loft en plein Paris et dans plusieurs villes du monde. C’est sûr que MakeSense était en train de réussir son pari, même si les critères de cette réussite restaient encore flous.
Car le mouvement évoluait sans suivre une stratégie prédéfinie, en fonction des désirs des membres, de leur intérêt pour tel ou tel sujet, et aussi en fonction de la réussite des différents formats testés en atelier.
Le meilleur indicateur de réussite de la communauté était le nombre nouveaux « Hotspots » qui s’ouvraient dans des pays éloignés, et aussi le fait que certains membres traversaient des continents juste pour venir assister à un seul SenseCamp. Cela veut dire que cette réussite a un lien fort avec le fait de rencontrer des nouvelles personnes, et c’est toujours le cas. D’ailleurs, chaque membre de MakeSense a vécu au moins une fois un de ces moments très spécial de rencontre :
A. Quand on rencontre quelqu’un de la communauté, et qu’on s’aperçoit qu’il/elle est juste comme nous
B. Quand on rencontre le premier entrepreneur social qui nous inspire jusqu’à la fin de notre vie
A. Les camarades de jeu
En ce qui concerne la mobilisation des citoyens, parler d’émulation est clé pour comprendre comment le mouvement s’étend dans les villes, comment les formats et les attitudes se partagent et continuent à se diffuser. C’est bien plus que juste le fait de se connecter, de se connaître rapidement, de se faire des potes et enfin de ne plus se sentir seuls à défendre des choix de vie qui ont du sens. L’ émulation dans la communauté est un ingrédient de la recette.
MakeSense crée des parcours pour ses utilisateurs qui s’adaptent dans le temps et en fonction des endroits et des causes sur lesquelles on s’engage. La force est de faire coïncider l’engagement et les compétences, avec des opportunités pour se mobiliser, partout. Dès le début, un des postes clé dans MakeSense était celui de « community developer », dont le travail était de proposer aux citoyens, en continu, de nouvelles options pour s’engager. Ainsi MakeSense a fourni des milliers d’expériences aux personnes pour se mobiliser, s’engager.
Cette expérience a lieu aussi bien « en ligne » que « hors ligne ». Même si seulement 1% des utilisateurs utilise les fonctionnalités clés sur le web — idées, participation, co-organisation- il s’avère être un 1% à impact multiple. En effet, quand une ville invente le format « SenseCamp », elle rend possible pour +10 autres pays d’organiser aussi une « anti-conférence », parfois annuellement. Un autre exemple, le format des ateliers de créativité : qu’ils réussissent ou non à amener des solutions, ils rassemblent une communauté dans une ville, ils sont faciles à reproduire et ils sont voués à être transformés pour générer de nouveaux résultats bien au-delà de l’intention première du créateur. C’est pourquoi, la question de la paternité de ce qui est apporté à la communauté a vite été dépassée. Comme le disait un community developer : « Si tu veux faire partie du mouvement, tu fais une action, et ça y est ».
En fait, ce qui vient justifier l’usage du mot « communauté », c’est que chaque réalisation en un point A déclenche une autre réalisation en un point B de l’espace et du temps. Ce n’est pas du pur mimétisme, mais c’est le même principe.
Ainsi donc, l’émulation c’est un peu plus que de rencontrer des camarades de jeu. Toute contribution peut générer des résultats sans limite préalable. Quelques soient les causes et les secteurs économiques, MakeSense donne pour chaque action, une opportunité pour créer des résultats illimités. C’est pour cela que quand tu t’engages avec MakeSense tu ne peux pas prévoir l’ampleur de ta contribution réelle pour ce qui est de construire des solutions, aider des entrepreneurs, inspirer les membres, ou même changer leur vie.
B. Qui est votre entrepreneur social préféré ?
L’entrepreneuriat social est un moyen, pas une fin. Plus important encore, il fait vibrer les gens. Aussi petits soient-ils, les entrepreneurs sociaux incarnent un message : « Il est possible d’entreprendre de manière sociale, à tous les niveaux. »
En tant qu’individu, on peut prendre position pour ou contre ceci ou cela, être conscient du changement climatique, de la pauvreté, de l’exclusion… mais au bout du compte, lorsqu’on regarde autour de nous, il nous semble vraiment difficile de concilier le social et l’économique. Lorsqu’on rencontre des entrepreneurs sociaux qui ont relevé le défi, on peut nourrir l’idée que c’est possible, les rejoindre dans leur aventure et les soutenir dans leur audace.
Une fois que vous avez rencontré un entrepreneur social, vous avez la preuve que combiner bienfait social et objectifs économiques est possible. Pas en théorie, mais dans la vie de tous les jours. C’est pour cela que chaque première rencontre avec un entrepreneur social est unique, c’est comme une découverte : c’est possible et ça marche. Et les entrepreneurs sociaux nous forcent à nous imaginer dans une société future capable de mixer l’économie et le bien commun. Quand tu es face à une vraie personne qui le fait, tu ressens une obligation immédiate en tant que citoyen : tu veux parler du projet à tes proches, et t’engager à ta manière, pour autant que tu ais la possibilité de le faire. Tu te dis : « j’aimerais avoir quelque chose à apporter à ces projets ». Parce que si tu avais ce quelque chose à apporter, cela voudrait dire que toi aussi tu peux aligner objectifs sociaux et objectifs économiques et donner un sens à tes actions.
A + B L’enthousiasme est contagieux
Le dénominateur commun pour initier, accueillir et maintenir la mobilisation à long terme est l’enthousiasme.
MakeSense ne peut pas évaluer l’impact pour tous les bénéficiaires de chaque projets, ni les classer selon cette règle. L’évaluation d’impact est si complexe et si spécifique, que chaque entreprise sociale propose de nouvelles représentations dans le domaine, innove sur les méthodologies et construit ses propres indicateurs. Alors, comment pouvons-nous faire confiance aux projets dans lesquels les gens s’engagent ? Sur quoi est fondée notre confiance ? La seule mesure de valeur commune utilisée dans la communauté est l’enthousiasme partagé.
L’enthousiasme n’est pas une réponse binaire de type oui ou non, c’est un degré d’étonnement en entendant parler d’un projet, un degré de curiosité pour essayer de comprendre comment ça marche, un degré d’urgence ressentie à le partager dans nos réseaux, un degré de motivation pour le faire marcher ou l’améliorer. Alors, dans notre pratique quotidienne, l’enthousiasme est évaluable au fil du temps et nous sert implicitement à mesurer la valeur d’un projet.
La valeur d’un projet ne se fixe donc pas selon un système ou une personne, mais se mesure via un jugement collectif. Dès lors, si l’on prend l’enthousiasme comme unité de valeur, cela veut dire que la communauté évalue collectivement les projets selon :
1. Leurs réponses immédiates et potentielles aux problèmes sociaux et environnementaux (qui seront probablement plus équitablement jugées par les citoyens proches de l’impact recherché localement)
2. La cohérence des modèles et des actions entreprises par les fondateurs, actuellement et dans le futur ;
3. La capacité des entrepreneurs à coproduire des réponses et à associer des citoyens à leur rêve entrepreneurial (en comprenant que ça leur importe en premier lieu), en proposant ce que nous appelons un « défi ».
Par conséquent, l’enthousiasme nous sert aussi bien pour évaluer les projets des entrepreneurs sociaux que pour démontrer leur capacité à générer de la mobilisation citoyenne. L’enthousiasme est notre instrument de musique. Il peut être joué partout dans le monde par celui qui veut bien essayer.
Sense démultiplié
De nouvelles générations
En dépit du temps, il y a toujours le même enthousiasme des nouveaux venus. Mais les relations, de même que le contexte, ont changé.
Les relations ne sont pas les mêmes parce qu’elles se sont multipliées ainsi que les secteurs, les pays, les activités commerciales et non commerciales de MakeSense. En somme on pourrait dire qu’il y a une professionnalisation en cours.
Si on regarde les parcours des utilisateurs de MakeSense, le modèle est toujours à jour : il semble qu’il y ait des générations de membres qui s’engagent et qui font en même temps connaissance, en partageant le même niveau de curiosité, sur une base cyclique. Bien sûr, si on compare avec les premières années, il y a moins de liens directs entre chacun des membres de la communauté, mais il y a encore une forte identité et une forte reconnaissance de groupe. Comme dans une famille. Des générations d’amitiés entre les membres construisent une famille infinie comprenant des intérêts, des personnalités et des niveaux d’expertises différents.
Mais il y a un tournant à prendre
Aujourd’hui les têtes bleues ont un air naïf et même bête. Non seulement une simple présentation de MakeSense n’est souvent pas comprise (ce à quoi nous étions déjà habitués), mais les mots clés ne fonctionnent plus.
Car aujourd’hui le mot « design » est utilisé comme jamais dans tous les secteurs et dans toutes les entreprises. Les vieux crocodiles pensent que Steve Job a eu raison et même les technocrates vouent maintenant un culte au design. Pour eux, il n’y a plus rien d’étonnant à ce que deux gars créent une révolution en bidouillant dans leur garage. Et le « design-thinking », c’est tellement Année 2010 ! Alors, comment pouvons-nous garantir aujourd’hui que MakeSense est spécial ?
En plus de ça, « Communauté » est le nouveau mot pour dire qu’on a une marque très sexy. L’économie collaborative est le mot tendance dans les conférences et les gens se réfèrent de façon implicite aux « communautés d’usage ». Cela ne veut plus dire open-source, maléable, de bas en haut, etc. Alors, tout le monde ne comprend pas qu’avec le mot communauté nous parlons de vraies personnes, de vies derrière les « timelines », et de singularités dans la multitude.
Les têtes bleues ne marchent plus !
MakeSense est en train de dire au revoir à une très forte identité faite d’avatars bleus, de Gangsters et de Hold-ups qui avient créé un état d’esprit unique et un sens d’appartenance.
Le terme « Gangster » n’est pas très utilisé au Mexique, ni plébiscité en Afrique. Et la notion de « hacking » aujourd’hui peut être négative. En fait, maintenant le terme « Gangsters » fait référence au groupe de copains des débuts. Même si, comme on l’a vu, les premiers membres se sont réunis autour de l’opportunité d’agir et ont construit des amitiés en cours de route, et non l’inverse. MakeSense est bien plus qu’une bande de copains. Ce qui nous unit les uns aux autres est l’urgence d’agir, pas de devenir amis. L’amitié suit.
En parallèle des têtes bleues, il y a une vraie demande de clarifier le UX (l’expérience utilisateur) et les messages. Comment est-il possible qu’une si grande organisation, menant de si grands projets avec des gouvernements, des grandes entreprises et des consultants de haut vol, puisse rester à ce point inintelligible ?
Qu’est-ce qu’on fait?
- Tu peux organiser un « Hold-up »
- Ok!….. Attends, qu’est-ce que je suis censé faire ?
Démocratisation
La communauté et les équipes internes de MakeSense ont fait des efforts et travaillent jour après jour pour défaire cette impression de « non-sens » (#paradoxe). Nous n’avons pas trouvé un message clair pour permettre aux gens de comprendre instantanément ce qu’ils peuvent faire avec MakeSense.
Cela a créé un écart entre les anciens et les nouveaux membres, ce qui ne devrait pas avoir lieu. Pourquoi est-ce que des anciens membres s’ennuient ? Pourquoi est-ce que de nouveaux membres se sentent perdus ? La bande des anciens se contente parfois de suivre le mouvement et les nouveaux sont forcés de s’inviter tous seuls et d’accepter une forme de chaos. Les demandes de réassurance que reçoivent les community developers de la part des membres ou des non membres sont surtout liés au « comment je peux contribuer ». Ce sont les modes d’action qui sont flous. Plus que l’identité de MakeSense en tant que telle. Parler de ces modes d’action est donc un défi collectif, et c’est un enjeu clé de la marque qui est elle-même un verbe d’action !
Empowerment
Une des pistes de solutions réside dans le fait que chaque membre est censé faire monter en capacité les autres membres en leur transmettant ce qu’il/elle a appris. Mais c’est vrai que ce transfert doit venir des membres eux-mêmes, et pas seulement des outils. Si aujourd’hui, il est clair pour tous les membres que nous nous adressons les uns aux autres comme à des membres d’une seule équipe ; que nous valorisons l’empathie, la bienveillance, la célébration, la collaboration ; que nous apportons autant que nous prenons (upload = download)… il n’est pas aussi clair que c’est de la responsabilité de chaque membre de transmettre et de permettre aux autres de progresser.
Les Objectifs du Millénaire, le flou
Prendre les Nations Unies pour exemple pour décrire ce qu’est MakeSense ne nous permet pas de réduire l’incompréhension de nos objectifs auprès de notre audience. L’ONU et sa façon de fonctionner sont très éloignés de notre quotidien et restent incompréhensibles pour la plupart d’entre nous. Les citoyens ne sont pas impliqués dans les décisions prises par l’ONU. Il y a de nombreuses ONGs qui défendent les Objectifs du Millénaire mais qui ne permettent pas de faire la preuve de ce que l’engagement citoyen au niveau local peut apporter. D’où la création de nombreuses plateformes liées à l’engagement citoyen.
MakeSense a toujours maintenu une distance avec le monde des ONGs traditionnelles mais les collaborations se multiplient dernièrement. Nous faisons la promotion de l’entrepreneuriat social non pas comme une fin en soi mais comme un moyen. Beaucoup de grandes ONGs traditionnelles ont une expertise par thèmes. Dans nos actions, nous mêlons volontariat, développement, plaidoyer pour chaque thème que nous abordons, grâce à l’agilité du modèle.
Pas besoin d’être un super activiste pour s’impliquer et pour comprendre, justement il est parfois difficile pour un activiste de se retrouver dans notre façon de faire. La raison pour laquelle nous n’attirons pas les activistes « traditionnels » est celle qui fait le succès de la marque MakeSense : il est question de toi, beaucoup plus que ce que tu imagines !
Prototype ta vie
Il y a l’histoire d’un projet. Et il y a toutes ces autres histoires, encore plus complexes, et mêmes plus longues : les histoires de comment l’on s’engage au niveau individuel.
C’est comme si les personnes se révélaient aux côtés des projets, des ateliers, des rencontres. Du point de vue des compétences, il est vrai que MakeSense permet à chacun de travailler et poser des références sur des compétences comme la créativité, le design, la communication, la gestion de projet, et aussi la confiance en soi. Mais l’histoire de comment l’on s’engage au niveau individuel consiste surtout à savoir transformer son environnement en un terrain de jeu, fait de défis à résoudre !
On voit ici que l’engagement repose sur la capacité à changer de perspective. Cela n’a rien avoir avec faire le maximum d’efforts, les compétences ou le fait de trouver la meilleure solution, mais plutôt avec la capacité à réagir au moment approprié en même temps que d’autres personnes, et à aligner sa vie avec chacune de ces réactions.
Une fois que tu perçois ton environnement comme un terrain de jeu aux défis à résoudre, alors il n’y a plus de limites, de gens, d’expertises, de rapidité, de politique pour t’empêcher d’essayer de changer les choses autour de toi.
Une fois que tu t’engages et que tu changes de perspective, cela devient naturel. Mais cette approche, qui peut aussi se résumer avec ces 3 points, n’est pas évidente pour tous :
· Tu peux commencer à changer les choses de n’importe quel point de départ. Il n’y a pas un seul objectif universel qui te donne la direction à prendre ou un point de départ.
· Le système dans lequel tu te trouves et ses limites, ne devrait pas t’empêcher de t’engager : il y a toujours des défis à résoudre, de l’enthousiasme à partager, des histoires auxquelles contribuer, des personnes que tu peux aider, tu peux en être sûr.
· Et quand tu seras en train de décider quoi faire, tu trouveras de plus en plus d’opportunités sur ton chemin : tu ne peux pas anticiper lesquelles, ni qui tu vas rencontrer, mais tu sais que tu prendras peut-être un autre train en route à n’importe quel moment !
Prendre conscience de cela, l’expérimenter, le sentir, pourrait bien changer l’histoire de comment tu t’es engagé au niveau individuel pour le reste de tes jours. Quand ça t’arrive, tu sais que tu auras des options pour des années à venir. Le champ des possibles d’ouvre !
MakeSense a changé la vie de certains des volontaires, en leur mettant à disposition un miroir de leurs choix de vie et de leurs choix professionnels, avec des outils pour les construire.
Parce qu’au bout du compte, on se demande tous pour nous-même : au fait, ça passerait par quoi de “ m’engager sur des causes qui me tiennent à cœur?”. MakeSense me permet de trouver une réponse pour moi, dans ma ville, avec mes compétences.
Cela commence par toi
Prends l’exemple de l’entreprise sociale
L’entrepreneuriat social est un des modèles les plus exigeants. Il veut rassembler deux opposés — profit et impact pour tous — dans un même modèle. C’est une approche, des principes qui inspirent d’autres aspects de nos vies, de nos jobs, de nos organisations, jusqu’à aboutir à des transformations profondes.
MakeSense offre une garantie implicite à ses parties prenantes : chaque action développée ou mise en avant par MakeSense a été conçue pour créer ou soutenir de l’impact social ou environnemental sur le long terme. Cette ligne de conduite collective se retrouve dans les membres de la communauté au travers de leurs engagements, de leurs projets, et dans les diverses activités de MakeSense au travers des défis.
Dans la communauté, nous savons que nous ne ferons des choses qui « does not make sense #no_bullshit ». Qu’il s’agisse d’une rencontre ou d’une résolution d’un défi, nous savons que cela avait un sens, au moins pour un d’entre nous. Comment pouvons-nous l’expliquer ?
Peut-être un peu comme le yoga. Le yoga c’était le truc hippie qui est devenu quasi mainstream. Une fois que tu expérimentes et comprends la pratique du yoga, tu peux l’expliquer à quelqu’un. Cette confiance implicite qui se crée avec la pratique est synonyme de transformation. Une fois que l’on comprend ce qu’est l’engagement social, alors on peut aisément naviguer dans l’écosystème de MakeSense. Alors comment faire l’équivalent d’un yoga 2.0 pour l’engagement social?
Tirer avantage des barrières
Il est vrai que les activistes ne trouvent pas forcément leur place dans les modes d’engagement proposés par MakeSense. Les activistes déclarés comme tels sont déjà fortement positionnés sur ce qu’ils veulent faire ou ne pas faire.
Au contraire, le public auquel nous nous voulons nous adresser n’est pas familier de ces prises de position ou ne s’y retrouve pas. Il s’étonne de ce modèle de l’entrepreneuriat social qu’il ne connaît pas, ces audacieux entrepreneurs qui veulent faire quelque chose de cool et avec du sens !
Des solutions aux problèmes de nos sociétés sont en train d’être construites par les entrepreneurs sociaux, qui les font émerger et les rendre viables. Nos ateliers de résolution de défis sont le levier qui permet de créer plus d’innovation et d’engagement. Nos évènements et notre communication démocratisent ces sujets.
Nous savons aujourd’hui que les solutions à fort impact ne viendront pas que d’un seul côté mais des ponts qui seront créés entre chaque acteur et citoyen. L’importance que nous donnons aux entrepreneurs sociaux révèlent notre vision du monde. Et le changement que nous voulons apporter, à tous les niveaux. Mais l’entrepreneuriat social, seul, n’est pas la bonne porte d’entrée dans ce monde pour les nouveaux curieux.
Alors que leur dire quand ils demandent « Que dois-je savoir si je veux changer les choses ? ». La réponse réside dans le fait de découvrir la force de ce qui existe déjà, de découvrir ses talents, ses compétences, et comment se connecter avec les autres. Comme une invitation, la réponse peut être : « Tu ne sais pas encore tout ce que tu es capable de réaliser ! »
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Nous sommes en train d’évaluer l’impact de MakeSense sur les volontaires et les entrepreneurs sociaux. Si tu te retrouves dans une de ces deux catégories ,ou même les deux, ton retour d’expérience est précieux! Le questionnaire prend 5 minutes à remplir!
Pour le volontaire -> https://tinyurl.com/surveyvolunteermks
Pour l’entrepreneur social -> https://tinyurl.com/surveysocent