LinkedAfrica, le réseau professionnel de TOUS les africains

Adèle Galey
Sparktour
Published in
4 min readDec 19, 2016

L’Afrique possède de nombreuses richesses mal exploitées. Je ne parle pas ici de matières premières, de diamants ou de pétrole, mais bien de sa première richesse : sa main d’œuvre. La classe moyenne grandit très rapidement, et les projections estiment que d’ici 2040, l’Afrique disposera d’un volume de main d’œuvre plus important que celui de l’Inde ou de la Chine ! Sans compter que cette dernière a déjà commencé à “outsourcer” vers le continent africain et ne s’arrêtera pas là.

Mais sans un réel effort pour développer ces ressources humaines, si rien n’est fait pour les diffuser, les valoriser et les vendre, le continent passera à côté d’une grande étape de son développement. Les mêmes étapes qu’ont traversé le monde occidental et que traversent aujourd’hui les pays émergents d’Asie et d’Amérique du Sud.

C’est le constat que nous expose Emmanuel Henao, fondateur avec son associé Nicolas Bussart, de LinkedAfrica. Ces deux amis, dont on retrouve les racines autant en France qu’en Afrique, en sont persuadés : les ressources humaines africaines vont générer énormément de valeur et de richesse dans les prochaines années, à condition seulement que ce bassin de compétences soit structuré. D’où leur idée de créer un vrai réseau social professionnel africain.

Emmanuel nous décline leurs objectifs, précis et clairement formulés : « Libérer, structurer, enrichir et décloisonner les énergies professionnelles en Afrique ».

Il ne s’agit donc pas de dupliquer le modèle existant des LinkedIn, Viadeo et autres acteurs déjà sur le marché, dont les modèles économiques sont adaptés à l’Occident : nécessité de posséder une carte bleu pour s’inscrire, maturité professionnelle des inscrits qui leur permet d’échanger facilement entre eux, capacité à identifier, valoriser et vendre ses propres compétences, services et profils fermés pour limiter les connexions entre « amis »…

Au contraire, LinkedAfrica s’adresse à la masse de ces « employés intermédiaires » qui font le quotidien de l’Afrique : techniciens, commerçants, caissiers, artisans… Eux ne possèdent ni carte bleue, ni identité professionnelle visible sur internet.

Les besoins sont très importants : il existe en effet un réel décalage entre les compétences identifiées comme présentes sur le continent, et les besoins des entreprises qui ne trouvent paradoxalement pas les bonnes personnes à embaucher. Ainsi, seuls 28% des Africains ont un travail rémunéré stable alors que la main d’œuvre africaine dans son ensemble constitue un véritable vivier de ressources humaines.

Parallèlement, la forte croissance d’utilisation d’internet et du mobile représente une réelle opportunité et même une légitimité à développer ce type de réseau social.

Pour mieux comprendre la complexité qui se cache derrière de tels objectifs, il faut revenir sur les enjeux de tout parcours professionnel en Afrique. « Aujourd’hui, l’identité professionnelle est très fragmentée et fragile, explique Emmanuel, on apprend une chose, mais on a une première expérience dans tout autre chose… » mais ces expériences, succès ou échecs, ne sont pas assez valorisées. LinkedAfrica a pour but « d’aider à mieux savoir qui vous êtes, ce que vous pouvez faire… », nous dit Emmanuel, afin de mieux identifier puis combler le fossé des compétences.

Pour mener à bien ses objectifs et augmenter son impact social, la plateforme se dote également d’un module Talent Cloud destiné principalement aux entreprises : il s’agit de travailler avec de grands groupes pour mieux comprendre leur stratégie RH et faire remonter ces besoins sur LinkedAfrica, afin de jouer le rôle de « réceptacle où les compétences rencontrent les entreprises ».

Enfin, LinkedAfrica est amenée à être une porte d’entrée sur l’Afrique pour les entreprises étrangères. L’ambition est que les recruteurs de tous les pays puissent trouver sur la plateforme une très large diversité de profils qu’ils ne rencontreraient pas sur LinkedIn ou Viadeo : non seulement des profils haut niveau dans les nouvelles technologies, mais aussi et surtout des mécaniciens pour telle entreprise automobile allemande désirant ouvrir une concession au Bénin, par exemple.

En accompagnant le travailleur intermédiaire à se valoriser, à se regrouper en communauté et à réellement intéresser les recruteurs, LinkedAfrica enrichit donc formidablement le capital humain dont dispose l’Afrique, et donne ainsi au continent une force considérable sur laquelle s’appuyer pour, enfin, ne plus gâcher son potentiel.

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