Traiter la malnutrition aiguë sévère au Burkina : le défi d’InnoFaso

Adèle Galey
Sparktour
Published in
3 min readDec 19, 2016

868 millions d’êtres humains dans le monde sont victimes de sous-alimentation, selon les estimations de la FAO. Parmi eux, 55 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë, et 19 millions de malnutrition aiguë sévère. Face à ces chiffres alarmants, qui font appel pour nous européens aux images les plus choquantes que l’on croise parfois mais devant lesquelles on détourne bien trop vite les yeux, certaines entreprises, fort heureusement, réagissent.

C’est le cas de Nutriset. Cette société normande invente, fabrique et distribue des produits de traitement et de prévention de la malnutrition, dans le but de « contribuer à l’autonomie nutrionnelle des pays en développement ».

Plus précisément, Nutriset transfère sa technologie à ses entreprises partenaires de pays du Sud, réunies depuis 2005 au sein du réseau PlumpyField, qui fabriquent donc sur place, avec des produits locaux et selon les normes de qualité internationales très strictes de l’Unicef et du Programme Alimentaire Mondial, les produits de lutte contre la malnutrition de la gamme Plumpy. Elles les revendent ensuite à des ONG ou en magasin, selon les cas. La plupart des partenaires de Nutriset sont des entreprises déjà existantes dans le domaine de l’agroalimentaire, partageant, et c’est très important, les valeurs de Nutriset.

Au-delà de la lutte contre la malnutrition, l’impact social de Nutriset réside dans le développement local permis par ce partenariat Nord-Sud (création d’emplois, achat et transformation de matières premières locales, transfert de technologies et de système qualité…). Par ailleurs, Nutriset demande à ses partenaires de donner accès à leurs salariés à une mutuelle de santé, dans la mesure du possible selon les pays, et d’assurer des conditions de travail décentes et équitables. L’impact de l’entreprise se trouve aussi dans les échanges Sud-Sud qui ont lieu entre les différents partenaires locaux du monde entier, qui échangent régulièrement sur leurs expériences.

L’objectif d’InnoFaso : répondre aux besoins du Burkina

Le cas d’InnoFaso est un peu particulier. En effet, cette entreprise sociale a été créée uniquement dans le but de fabriquer les produits Nutriset au Burkina Faso, où 4 millions de personnes, soit 26% de la population, est sous-alimentée (chiffres FAO). Incubée à l’école 2IE, école d’ingénieurs spécialisée dans les projets à fort impact social (l’école envoie notamment plusieurs candidats, et souvent lauréats, à la GSVC tous les ans), InnoFaso est aussi la première entreprise du technopôle, avec une usine, d’une capacité de production de 1200 tonnes par an, implantée directement sur le campus. Deux étudiants de 2IE sont fortement impliqués dans sa création et son développement.

L’objectif d’InnoFaso ? Répondre aux besoins du Burkina en terme de produits thérapeutiques de lutte contre la malnutrition, et éventuellement à plus long terme à ceux de toute la sous-région.

Le produit fabriqué par InnoFaso s’appelle PlumpyNut. Produit thérapeutique prêt à l’emploi, qui traite la malnutrition aiguë sévère, il n’y a qu’à ouvrir le sachet et à le consommer. A l’intérieur du sachet rouge et blanc, une pâte de type beurre de cacahuète, au goût d’arachide assez prononcé, très riche en nutriments et qui contient également de la poudre de lait. Et nous avons goûté, c’est étonnamment bon !

Selon le modèle développé par Nutriset, InnoFaso se fournit donc auprès de producteurs locaux d’arachides et de sucre, puis revend sa production aux organismes internationaux qui luttent contre la malnutrition, en l’occurrence l’Unicef. Eux redistribuent ensuite à d’autres ONG de terrain, qui assurent un suivi médical absolument nécessaire aux enfants malnutris sévères, ou au Ministère de la santé burkinabé. Le produit arrive donc dans tous les centres de santé du pays et il faut alors 150 sachets PlumpyNut, consommés 1 fois par jour pendant 3 semaines, pour guérir un enfant de la malnutrition. Au Burkina, si le nombre de malnutris n’augmente pas, l’Unicef s’est donné pour objectif de guérir 120 00 enfants en 2013.

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