Un Running Heroes légendaire

Boris Pourreau
Sport Heroes
Published in
4 min readOct 31, 2017

Un coureur aux performances aussi régulières qu’incroyables — 22,5km tous les jours à 3h du matin — divise l’opinion chez Sport Heroes : héros ou fantôme ? Un soir d’octobre, un commando de quatre courageux s’est formé pour lever le voile sur le mystère.

Paris, 2h00 du matin. Un quartier résidentiel francilien désert comme il en existe des centaines d’autres. Seules quelques poubelles jonchent les étroits trottoirs qui s’étalent entre les pavillons desquels aucune lumière ne s’échappe. Malgré l’heure avancée, le fond de l’air est plutôt doux, comme une réminiscence d’un été trop vite passé. La brise légère, ce soir là, agite à peine les branches des arbustes avoisinants. À l’ombre relative de leurs maigres cimes, quatre jeunes gens attendent. Ils sont venus à vélo pour retrouver un homme qui les obsède, un mythe, une légende. Un homme qui, d’après les statistiques Running Heroes, parcourt quotidiennement 22,5km à 3h du matin en semaine et 25km à 5h le weekend. Toujours le même parcours, toujours la même allure… Et cela, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente. De quoi attirer la curiosité et alimenter tous les fantasmes chez Sport Heroes.

Mythe ou légende humaine ?
Placé stratégiquement à l’un des points de passage de leur chimère, les quatres compères regardent les minutes défiler. Viendra ou viendra pas ? À quelques mètres de là, plongé dans la pénombre, un château à l’allure singulière fait courir un peu plus leur imagination. Soudain, un craquement de feuilles mortes qu’on écrase. Les corps se raidissent, la respiration se coupe. Tous fixent le point, plongé dans la nuit, d’où semble s’être échappé le bruissement. Puis, rien. Fausse alerte.

2h59.« Je vous l’avais dit qu’il n’existait pas ! » s’empresse de lancer le plus sceptique de la bande pour briser le silence. Satisfait d’avoir à priori vu juste, il parvient néanmoins difficilement à feindre la déception qui l’envahit. Car, au fond, à l’instar de « l’abominable homme des neiges » et autres soucoupes volantes, n’espérons-nous toujours pas qu’un conte rocambolesque se révèle finalement véritable ? Alors que le groupe, désappointé, tourne les talons et se prépare à donner le premier coup de pédale, au loin, une silhouette se dessine dans l’obscurité. Une silhouette en tenue de… running.

La plus aventureuse s’extirpe de son vélo et s’élance vers l’inconnu en s’écriant « Guillaume*, c’est bien vous ? ». Interloqué, l’interpellé ne répond pas tout de suite. Les trois autres s’avancent enfin et éclaircissent le propos d’un « Vous connaissez Running Heroes ? ». L’homme se détend aussitôt et acquiesce. Comme quatre fans à la sortie d’un concert, la petite bande se lance alors dans un interrogatoire empli d’admiration.

- « Mais pourquoi courir si tôt ? »
- « Parce que je travaille. »

« Un coureur normal »
Petit à petit, ils en découvrent davantage sur lui et son rituel hors du commun. La quarantaine, l’homme fait figure d’athlète. À ses poignets, deux montres et un bracelet connectés « Au cas où ». Sur son rythme plus que matinal, il répond avoir opté pour ce dernier afin d’éviter le risque qu’un imprévu dans la journée lui fasse manquer une sortie. Car cela, pas question pour lui. En plus de son activité nocturne, il a un emploi et se lève à 6h00 pour rejoindre son lieu de travail. « Mais comment faites vous ? ». « À la pause déjeuner, je mange vite pour pouvoir dormir 15 minutes sur un banc ». Une technique sommaire mais qui semble lui suffire. « Si j’ai mal ? Je suis blessé depuis un an et j’ai un peu mal aux ischios depuis mes quarante ans mais cela ne m’empêche pas de courir. Je suis accro, oui. C’est une véritable drogue ».

Ne souhaitant pas troubler plus longtemps son emploi du temps d’horloger, les quatre intrépides lui remettent un T-shirt Running Heroes et un exemplaire du dernier magazine The Running Heroes Society. Apparemment ravi de cette rencontre inopinée, l’homme s’empresse de cacher les deux présents derrière une poubelle « pour les récupérer en rentrant », salue « les jeunes » et s’élance pour bientôt disparaître au loin. Et un mystère de plus d’élucidé par la team Sport Heroes…

*Les prénoms ont été changés à la demande du témoin

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