Interview: Tahoe

Spread Their Sound
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8 min readAug 4, 2015

Avez-vous déjà entendu parler du groupe Tahoe ? Existant depuis seulement 2013, la formation parisienne est en pleine effervescence et ils viennent tout juste de sortir un clip pour leur titre Crossed Paths, issu de leur EP Wonders. Spread Their Sound a eu le plaisir de pouvoir échanger quelques mots avec Maxime Thomas (guitare) et Pierre Kerneis (synthé/chant).

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Tahoe

Tahoe © DR[/caption]

Spread Their Sound: Seulement fondé en 2013, votre groupe Tahoe arrive à se démarquer parmi tous les groupes de la scène rock alternative française. Comment en êtes vous arrivé là ?

Maxime: C’est vrai qu’on a été surpris de recevoir rapidement autant de retours positifs. Si on devait l’expliquer, ça serait surement par la préparation minutieuse et tout le travail accompli avant chaque sortie — on a pris la décision dès de départ d’attendre d’être pleinement satisfaits par chaque morceau avant de les diffuser, quitte à prendre un peu de retard sur notre planning. On espérait que cette démarche fonctionnerait, et apparemment ça a été le cas.

Pierre: C’est assez dur d’évaluer soi-même l’impact que l’on peut avoir sur les gens, surtout dans un milieu aussi restreint que la région parisienne dont on a pas encore vraiment bougé jusqu’ici. Pour ce qui est de se démarquer, ça vient peut-être aussi de la diversité de nos influences respectives qu’on a réussi à marier au sein de l’EP. On n’a pas vraiment d’idée arrêtée sur notre musique, même si elle est bien sûr contrainte par nos compétences respectives.

STS: Le groupe était t-il seulement un groupe « entre amis » juste pour le fun au début de sa formation ?

Maxime: Tahoe n’a jamais été pensé comme un projet “juste entre amis” pour passer nos après-midi ensemble. Dès le début, le concept du groupe a été de faire les choses sérieusement pour pousser le groupe aussi loin que possible. Bien entendu ça ne nous empêche pas d’avoir fait de super découvertes sur le plan humain, et d’être devenus très proches, mais on essaye de conserver une certaine discipline pour toujours continuer à avancer.

Pierre: On passe quand même plus de temps à dire des conneries qu’à vraiment bosser! Mais c’est vrai qu’on s’est mis d’accord dès le début sur nos objectifs pour s’assurer qu’il n’y aurait pas de malentendu entre nous sur nos attentes respectives et bien ancrer l’idée qu’on veut faire quelque chose ensemble qui aille plus loin que juste jouer, répéter à l’occasion et maquetter à la maison. A vrai dire, on s’est rencontré à un âge où on avait déjà eu l’occasion d’avoir des groupes “pour le fun” qu’on monte avec les copains du lycée et qui explosent en cours de route parce que chacun ne peut pas forcément s’impliquer de la même façon.

STS: D’ailleurs, on peut remarquer que vous avez joué en compagnie de Circa Survive en juin dernier. Une très grande chance ! Un peu (voire beaucoup) de stress à gérer non ?

Maxime: La minute où on a appris qu’on allait ouvrir pour Circa… je pense qu’on se rappelle tous ce qu’on faisait ! Ca a été une surprise et un plaisir énorme pour nous, d’enfin pouvoir approcher un groupe dont on est fan depuis si longtemps, et qui n’est pas étranger à notre volonté de faire de la musique… une sorte de mini aboutissement !

Pierre: C’est clair qu’on a pas mal stressé… Déjà, on a commencé à se préparer pour le concert longtemps à l’avance, c’était un peu comme notre ligne d’horizon. Et une fois le jour du concert arrivé, on a eu des tonnes de petits problèmes logistiques qui ont fait qu’augmenter la pression. Ce n’est qu’une fois l’intro de notre set entamée que mon stress a complètement disparu. A part ça, on a pu parler aux gars de Circa Survive qui ont été super sympas, tout comme From Indian Lakes qui m’a particulièrement plu sur scène. Ca a aussi été super sympa de retrouver nos potes de Merge et de partager pour la première fois la scène avec eux.

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Tahoe © Christophe Soulas

Tahoe © Christophe Soulas[/caption]

STS: De plus, vous allez ouvrir pour Alesana (tout de même 2,6M de likes sur Facebook) en Août. De nouvelles chansons seront interprétées ?

Maxime: On a été super heureux d’apprendre qu’on allait ouvrir pour un si gros groupe ! Pour ce qui est des nouveaux morceaux, tout ce qu’on peut dire c’est que la période post-EP a déjà bien été entamée, avec des choses bien prometteuses et de très belles surprises (même nous on frétille en y pensant). Mais c’est impossible à l’heure actuelle de prévoir si de nouveaux morceaux seront joués sur scène cet été.

Pierre: Ça va en effet dépendre de grosses décisions qui vont pas mal orienter notre musique à venir. On espère pouvoir vous en dire plus au plus vite.

STS: Votre EP, Wonders, composé de 6 chansons est sorti en février 2015. De très bons échos se sont faits remarquer sur divers webzines. Un album en préparation pour fin 2015 ou début 2016 ?

Maxime: Là encore, dur d’avancer une date, tout ce qu’on peut dire c’est que plusieurs morceaux sont déjà en cours de route, et que de belles choses se préparent pour l’avenir.

Pierre: Wonders a été comme un terrain d’expérimentations pour nous. Il nous faut encore un peu de temps et de recul pour savoir ce qui a marché dans l’EP et ce qu’il faudra améliorer. Dans tous les cas, nous ne sortirons pas de nouveaux morceaux si c’est pour faire une redite de Wonders.

STS: Vis-à-vis de la composition des chansons, est-ce que chacun ajoute son petit mot ?

Maxime: Il nous paraît un peu impensable de composer les parties pour un autre. Depuis le début, même si l’idée de base d’un morceau vient de l’un d’entre nous, chacun a pris l’habitude de recomposer sa partie et de proposer des modifications aux autres quand il trouve que tel accord irait bien ici ou là.

Pierre: Depuis Wonders, on a de plus en plus tendance à privilégier les grosses séances de compositions de plusieurs jours chez l’un de nous. On peut tous discuter de la structure globale des morceaux, de l’ambiance générale… On y est plus à l’aise qu’en répétition et beaucoup plus productifs que chacun chez soi car il se crée naturellement une sorte de dynamique : si l’un sèche, il va se changer les idées dehors ou dans le canapé et quelqu’un d’autre rebondit sur ses idées.

STS: Quelles sont vos principales influences pour composer et écrire ? (Groupes, livres, films, séries,…)

Pierre: Il y a évidemment tous les groupes qu’on aime et que l’on peut reconnaître dans notre musique. En dehors de ces influences musicales, j’avoue que je ne sais pas trop… Notre culture commune se situe quelque part entre Iron Sky, Alex du 76 et des documentaires rétros et trash de sociologie… On a plutôt tendance à se pourrir le crâne quand on est ensemble alors j’ai vraiment du mal à savoir d’où nous viennent nos idées.

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Tahoe © Christophe Soulas

Tahoe © Christophe Soulas[/caption]

STS: D’ailleurs vous êtes un groupe français, pourquoi avoir fait le choix de chanter en anglais ?

Pierre: C’est surtout une question de goût. Je trouve que la langue française va très bien par exemple à des groupes issus du punk ou à vocation expérimentale mais honnêtement, dans du post-hardcore blindé de chant clair, ça peut vite devenir ridicule. Il faut ajouter à cela la difficulté de la langue française, qui pardonne difficilement à une mauvaise intonation ou un défaut de sens. Je ne dis pas non plus qu’il est plus simple d’écrire des paroles qui ne veulent rien dire en anglais, mais juste que ce sont deux langues qui, à mon sens, nécessitent une approche musicale différente.

STS: Selon vous, pourquoi la scène rock/post hardcore/metal est très peu développée en France ?

Maxime: C’est vrai que les groupes de rock français qui ont eu un succès considérable se comptent sur les doigts de la main. Finalement, ceux qui s’en sortent le mieux, ce sont les groupes qui visent un public plus restreint comme par exemple ceux qui font justement le choix d’assumer une identité française. Pour les autres, le conseil est toujours le même : “Quittez la France, vous n’y ferez pas carrière”. D’ailleurs, certains le suivent et s’en sortent très bien.

Pierre: Il faut dire que le public français, qui lui est pourtant bien développé, se tourne plus facilement vers les groupes des pays anglophones qui ont une influence bien plus énorme. Peut-être parce que la scène française n’a pas encore sû faire école (alors qu’on s’en tire mieux par exemple dans les musiques électroniques).

STS: Une tournée de prévue à la rentrée ? Si oui, pouvez vous nous en dire plus ?

Pierre: Nous allons descendre quelques jours en Espagne à la rentrée, en passant par le sud de la France. C’est pas vraiment une tournée mais on est super excités parce que ça va être la première fois qu’on enchaînera les concerts, jusqu’ici nous n’avons que fait des dates uniques. En plus, on fera la route avec nos potes de A Time to Hope avec qui on s’est pas mal lié d’amitié alors ça promet des moments mémorables. On essayera de filmer le plus possible pour partager ça avec vous!

STS: Que pensez vous de la musique en streaming ? (Spotify, Deezer)

Pierre: Je pense qu’on a tous un côté un peu nostalgique du bon vieux disque physique. Pas vraiment pour la “qualité audio” du CD puisqu’un mp3 avec un bon taux de compression fait bien le boulot. Mais surtout pour l’artwork, le fait de décrouvrir le livret, de lire toutes les lyrics jusqu’au dernier des remerciements,… C’est ce qui manque trop à la musique digitale, on a perdu cette dimension “unitaire” de l’EP ou de l’album qui ne devient plus qu’un paquet de singles à mettre dans une playlist d’artistes divers. C’est d’autant plus vrai pour les services de streaming, même si ses avantages sont indéniables pour les gros consommateurs de musique. Personnellement, même si j’utilise pas mal les services de streaming pour découvrir rapidement de nouveaux morceaux, j’ai quand même gardé l’habitude d’acheter un CD ou un format digital de temps en temps, pour pouvoir l’écouter dans son intégralité sur tous supports même sans connexion internet.

Maxime: On est nous-même présents sur les services de streaming mais on a pas l’impression que le réflexe du streaming soit particulièrement intégré chez le public. En fait, ce type de service est super pour un artiste qui a déjà un bon fanbase mais les gens qui ne nous connaissent pas iront d’abord regarder si on a des vidéos sur Youtube ou taperont notre nom sur Facebook.

STS: Notre webzine s’appelle Spread Their Sound, quels groupes ou artistes recommanderiez vous ?

Maxime: Nous recommandons sans hésiter les talentueux A Time To Hope avec qui nous partons en Espagne en septembre. Ils préparent actuellement leur premier EP et pour avoir eu l’occasion d’écouter les démos, ça laisse présager de très bonnes choses !

Spread Their Sound: Un mot à ajouter ?

Pierre: On a qu’une hâte : remonter sur scène.

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Tahoe

Tahoe © DR[/caption]

Interview : Alizée Sol

Merci à Margaux et à Pierre et Maxime pour cet interview.

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