Live // Less Than Jake + Big D and the Kids Table + The Bennies + Oz One (14/10/16)

Laura Urso
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Published in
5 min readOct 22, 2016

Évitant la pluie battante, les parisiens arrivent peu à peu à la Flèche d’Or ce soir. L’affiche 100% ska-punk (ou presque) aligne quatre groupes et nous promet un show remuant !

Oz One — Edouard Camus

Les premières notes de Zelda s’élèvent et on découvre les 7 musiciens d’Oz One sur scène. Avec un batteur, un bassiste, deux guitaristes, un trompettiste, un saxophoniste et un accordéoniste, les parisiens occupent bien la petite estrade de l’ancienne gare. Alors, comme la foule se fait encore disparate, le bassiste et sa casquette “Retour Vers le Futur” ne se gênent pas et descendent dans la fosse, puis vont même dans le salon annexe pour motiver ceux qui s’y cachent encore. Mais leur bonne humeur et leurs paroles profondes (à base de Boobies et Bukkake) fonctionnent à merveille et réveillent le public qui arrive doucement. Leur ska-punk est énergique, avec des parties rock plutôt rare mais très bien gérées. La polyvalence des musiciens, qui participent quasiment tous au chant, est très agréable, et on se surprend à regretter que la musique de “Pirates de Caraïbes” annonce déjà la fin du set.

Oz One — Edouard Camus

Beaucoup moins nombreux, mais tout aussi colorés, les australiens de The Bennies interrogent. Un groupe de ska sans cuivre, c’est quand même rare. Le chanteur se pose devant un soundboard et on devine qu’on ne va pas avoir à faire à une pale copie de Less Than Jake ou Reel Big Fish. En effet leur description Instagram “ Psychedelic Reggae Ska Doom Metal Punk Rock From Hell” est juste sur toute la ligne. Entre des screams, de la guitare punk-rock, des rythmes reggae et des riffs ska, il y en a un peu pour tout le monde. Un gros plus pour la guitare, qui fait presque oublier les cotés plus électro apportés par le soundboard, avec une puissance très bien maîtrisée. Pour leur première date parisienne, on peut dire que les chevelus ont transformé l’essai.

The Bennies — Edouard Camus
Big D and the Kids Table — Edouard Camus

La soirée avance bien et Big D and The Kids Table prennent place. Leur vingt ans de carrière fêtés l’année dernière, ils en imposent avec un set bien rôdé. Parfois même un peu trop : l’interaction avec le public est limitée au minimum jusqu’au milieu du set. Puis le charme opère, le chanteur et son T-shit Bill Nye (The Science Guy!) commencent à discuter et l’atmosphère se réchauffe. Les têtes bougent alors au-delà du premier rang et tout le monde entonne le refrain de LAX. Les deux saxophonistes s’en donnent à cœur joie et le vrai pouvoir du ska-punk se dévoile : faire danser des barbus quadra comme s’ils étaient en boite. Avec 6 musiciens, ils ne peuvent pas vraiment faire de folie sur la petite scène de la Flèche d’Or mais l’expérience montre qu’il n’ont pas besoin de sauter partout pour faire bouger une salle.

Au moment où Less Than Jake débarquent, la salle est très correctement remplie et l’ambiance se fait électrique. En showmen chevronnés, ils instaurent dès le début un dialogue avec le public, vannant ceux qui voulaient entendre de nouvelles chansons : “Too fucking bad !”. Comme le rappelait très justement Christophe, leur dernier album est sorti en 2008 et rien de neuf n’est prévu pour l’instant. Leur plaisir de jouer est communicatif, même s’ils jouent certaines chansons depuis près de 25 ans. On voit que la scène est une vraie passion et qu’ils sillonneront les routes jusqu’au bout.

Il y a des règles auxquelles on ne déroge pas dans un concert de Less Than Jake et celles-ci sont : le papier toilette, les ballons et les personnes invitées sur scène. Aujourd’hui, ce sont deux personnes d’une soixantaine d’années, présentes au premier rang depuis le début du show, qui montent et qui nous offrent leur meilleurs mouvements de danse made in 60s, sous le regard goguenard de Chris DeMakes. Puis une jeune fille d’une dizaine d’année : un vrai show transgénérationnel ! Leur mascotte passe également faire un petit coucou.

On ne peut rester de glace fasse à l’énergie déployée, notamment fasse au tromboniste qui lipsync toutes les chansons, comme un karaoke endiablé. Le public slam avec entrain et les chansons sont presque des interludes entre deux vannes et altercations. L’ambiance monte d’un cran quand le public est enfin assez motivé pour faire plaisir au groupe et lui offre ce qu’il réclame depuis le début : un circle pit géant, du devant de la scène au bar, en tournant autour de la régie. Le pit est énorme et même s’il doit fausser le compte et donner l’impression d’une salle plus remplie qu’elle n’est, ça fait plaisir de voir que le ska-punk peut encore faire déplacer les gens, même dans un mois d’octobre qui ne manque pas de choix.

Et finalement, c’est ça l’attrait d’un concert des pionniers du Ska-Punk : on ne sait jamais à quoi s’attendre, à part à une bonne barre de rire et une musique entraînante. Less Than Jake prouvent encore qu’ils ont mérité leur place et qu’ils ne comptent pas laisser la place aux petits jeunes de sitôt.

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