Live // The Hunna + Coasts + We Are Major (06/02/18)

Spread Their Sound
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6 min readFeb 25, 2018

Alors que l’hiver fait rage et que la neige paralyse Paris, c’est dans le cocon de la Maroquinerie que nous nous sommes retrouvés le 6 Février dernier pour y trouver un peu de chaleur.

Le premier groupe à briser la glace n’est autre que les locaux WE ARE MAJOR. Les garçons nous ont invités dans leur antre, en n’ayant qu’un souhait : mettre le feu. Peu à peu, les visages se décongèlent et, aidés par leurs morceaux subtiles et délicats, nous nous trouvons face à une chaleur semblable à celle de l’automne. Les couleurs chaudes des lumières d’ambiance qui les surplombent instaurent cette atmosphère, secrète et chaleureuse à la fois. Leur musique aux arômes de The Weeknd est très certainement de ces genres que l’on doit laisser infuser pour se laisser séduire : pleine d’épices, de saveurs différentes (rock, jazz, electro), WE ARE MAJOR n’est pas à consommer rapidement mais un met riche, qu’il faut éplucher, décortiquer pour en saisir la beauté.

En conséquence, le seul bémol de cette sérénade semble être le format live qui, dans l’instantané, ne semble pas rendre forcément service à la subtilité de leurs compositions. On savourera néanmoins leur tube “593”, fierté de ces parisiens, qui sont ce soir heureux de jouer devant tant de visages connus. Malheureusement, il est déjà temps pour les feuilles de l’automne de s’évaporer en beauté sur les airs de “GHOST”, sans doute la plus propice à la transition vers la chaleur estivale qui est à suivre.

C’est anachroniquement l’été qui vient ensuite pointer le bout de son nez. Quel meilleur endroit que la côte pour profiter du soleil ? COASTS l’a bien compris et semble avoir choisi son nom en conséquences. L’apéro à la main, le diable au corps, le public semble déterminé à célébrer cette nouvelle saison qui arrive sur des airs de “Modern Love”. Leur tenues sont propice à la température annoncée : chemise déboutonnée, T-shirt sans manches, cheveux au vent. Leur musique est fraiche, aérienne, leurs morceaux pétillants illuminent la salle encore engourdie par les températures, que leurs prédécesseurs n’ont que partiellement fait évoluer. La formation respire le soleil, la chaleur, que ce soit dans leurs compositions ou humainement : ils n’hésitent pas à serrer les mains de leurs fans, ou avoir de petites attentions envers eux.

A coups de “Let me love you”, “Paradise”, ou encore de “Something Real”, sans oublier “Tonight” très largement reprise par la foule, le quintette embrase la salle, et apporte de la lumière dans les coeurs. Tout se monde semble deshinibé, transportés sur une plage imaginaire, à danser sur le sable chaud la nuit tombée. Mais comme tout amour de vacances juvénile, la fin du rêve arrive fatalement, et il s’agit désormais de laisser son coeur près de l’« Ocean », qui emportera tout au large avec elle, ne laissant derrière lui que de beaux souvenirs éphémères, mais importants.

La venue des garçons en fleur de The Hunna est le signe du printemps naissant, venant clore notre année fictive. La saison des amours ne peut que convenir à cette formation dont les textes ne traitent presque qu’exclusivement de ce sujet. Les premières lueurs sonores se font sur “You and Me”, morceau qui annoncera la couleur joliment pastel de leur set. En effet c’est un nouveau type de chaleur qu’ils nous offrent : à la fois fragile, intime, mais enrobant par la même occasion. Moins imposants que COASTS, The Hunna joue la carte de la subtilité, d’une lumière pale mais réconfortante. Même leur morceau “Summer”, qui donnerait envie à n’importe qui de prendre le volant pour s’enfuir sur les routes au lever du soleil ne déborde pour autant pas de chaleur estivale, mais semble bien plutôt emplie de mélancolie, ou d’expectations quant à cette saison. C’est définitivement le printemps qui est face à nous. Mais pour la première fois de la soirée, la formation ne propose pas d’électronique dans ses morceaux, mais bien du rock dans ce qu’il a de plus dénudé. À l’image des premiers bourgeons naissant sur les branches mortes de l’hiver, les garçons donnent naissance à des musiques belles et délicates, avec peu de moyens, et sans fioritures.

Mais, paradoxalement, bien qu’étant lumineux, ce son authentique, cru, apparaît parfois emprunt d’une certaine forme de lourdeur, voire presque de noirceur, comme lorsque les musiciens se mettent en cercle face à la batterie en nous offrant un concerto de notes virevoltantes, chaotiques, incroyablement enivrantes, et intrigantes à la fois. Leur setlist est riche et diverse, et en cela il sera difficile de ne pas se laisser prendre soit par la ballade “Sycamore Tree” par exemple, soit par l’explosive “Bonfire”, ornement principal de leur bouquet sonore. Quoi qu’ils en soit, bien que la transition entre l’excentricité de COASTS et la simplicité de The Hunna a pu en décevoir certains, et faire que certains ne soient qu’à moitié dans l’ambiance, réfugiés sur les côtés de la salle, le public est majoritairement conquis, tout comme les anglais qui ne cachent pas leur joie d’être enfin de retour dans notre capitale. En tous cas, au vu des visages réjouis, il semble évident qu’à l’hunna-nimité, nous avons passé une bonne soirée.

Finalement, l’adage disant que l’« On ne transmet que ce que l’on a » ne semble jamais avoir été aussi vrai que ce soir, dans ce froid glacial, où trois groupes ont su réchauffer nos cœurs, apporter du soleil à notre soirée morose, pour finalement le laisser s’installer en nous. Brûlants de joie et de gaieté, la neige ne nous fait plus peur, car nous savons qu’il y a un après, mais nous savons aussi qu’elle a une beauté, que l’hiver a sa place dans l’année, car chaque saison donne du sens aux autres, à l’instar de chaque formation ce soir.

Merci à WE ARE MAJOR, COASTS, THE HUNNA, ainsi qu’à Live Nation, sans oublier les travailleurs de l’ombre qui ont fait un fabuleux travail ce soir en nous offrant une qualité sonore assez exceptionnelle, et de belles lumières.

Review: Aurélie Renault / Photos: Emma Forni

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