Comment Tous les soleils d’hier est entré dans ma vie

Elodie Baslé
Stéphane Marsan Éditeur
3 min readMay 31, 2018

Pour Stéphane Marsan, c’était une évidence.

L’histoire d’un livre c’est aussi l’histoire de sa découverte.

En mars 2017 je me trouvais à la foire du livre de Londres, comme tous les ans depuis 15 ans, mais cette fois, ayant annoncé dans le milieu que j’allais lancé une nouvelle collection de littérature, j’avais rendez-vous avec des agents que je n’avais encore jamais rencontrés. Par exemple, Robert Caskie.

Robert Caskie est un agent britannique qui, fort d’une longue carrière au sein d’une grande agence renommée, venait de créer sa propre agence. C’est un homme flamboyant, très drôle et plein d’esprit. Il m’informa d’emblée qu’il venait de conclure les enchères pour son « gros livre de la foire » mais qu’il avait quelque chose pour moi.

Il me tendit alors un petit livre à la couverture cartonnée uniformément jaune et me dit : « Vous allez lire ce livre, vous allez en tomber amoureux et en faire un best-seller. »

J’éclatai de rire, pensant que cet homme rompu aux astuces de la vente de droits avait dû faire le coup à tous les éditeurs m’ayant précédé à sa table. Mais je dus avouer que jamais en 23 ans de carrière on ne m’avait dit ça, d’une façon aussi directe, et qu’il est rarissime qu’un agent mette un exemplaire dans les mains d’un éditeur plutôt que de lui envoyer un fichier par email.

Je pris le livre, rentrai en France, posai le livre près de ma table de nuit, me laissai submerger par la reprise du quotidien (et le petit livre jaune par le bordel près de ma table de nuit) et l’oubliai.

Quatre mois plus tard je me rendis à New York comme chaque année au mois de juillet pour une semaine de rendez-vous avec agents, éditeurs et écrivains locaux. J’eus notamment la chance de rencontrer Sally Kim, à la tête de la prestigieuse maison Putnam, qui se dit ravie de me rencontrer car nous avions un livre en commun : LES IMMORTALISTES de Chloe Benjamin, qui allait être son livre de l’année 2018.

Après avoir parlé de notre passion commune pour ce roman exceptionnel pendant une demi-heure, elle me dit : « Mais il y a un autre livre que vous devez absolument lire ».

Et elle me tendit le petit livre jaune.

Je lui racontai aussitôt ma rencontre avec Robert Caskie. « Et vous l’avez lu ? » Non, répondis-je un peu penaud. « Moi non plus, jusqu’au jour où je me suis dit qu’il fallait quand même que j’y jette un œil. Page 48 j’ai compris ce que voulait dire Robert. Et c’est le plus beau livre que j’aie lu depuis 25 ans. »

A mon retour à Paris, je me suis rué sur le bouquin.

Page 48 j’ai compris.

Je l’ai fini, en pleurs, dans le bus et, une fois rentré chez moi, j’en ai relu des passages à haute voix, comme on le fait d’un poème si beau que vous ne pouvez l’épuiser ou d’une chanson qui vous touche au point que vous y trouvez refuge.

Je savais alors que s’il n’y avait qu’un seul livre à publier dans ma collection, ce serait celui-ci : Tous les soleils d’hier, de Sarah Winman.

Stéphane Marsan

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