Interview avec Stéphane Marsan

À l’occasion du lancement de la collection, Stéphane Marsan répond à nos questions

Cher Stéphane, pourriez-vous nous présenter votre collection ?

C’est une collection d’écrivains, dédiée à leurs voix singulières, leur talent, leur propos, leur vision du monde et du temps. Une littérature du réel, actuelle et humaine, dont les sujets et la sensibilité trouvent un écho dans la vie de chacun d’entre nous. Ce qui m’intéresse, c’est la tension entre l’intime et l’universel, une passerelle qui fait que, bien que ces romans ne soient pas conçus pour être « grand public » au sens de tièdes et formatés, ils s’adressent à tous les publics, car ils peuvent toucher tout le monde.

Pourquoi cette envie de passer en littérature française et étrangère ?

Avec les éditions Bragelonne, j’ai publié des romans de genre depuis une vingtaine d’années. Mais je n’ai cessé de lire et de suivre la littérature contemporaine, pour mon plaisir personnel, sur le temps libre que me laissait mon travail d’éditeur. Puis, il y a trois ans, les circonstances m’ont conduit à intégrer la commission Roman du CNL. Je m’y suis plongé dans la création littéraire contemporaine et j’en ai discuté beaucoup avec les autres membres de la commission, libraires, critiques, éditeurs, auteurs. De plus mes fréquents voyages à l’étranger m’ont permis de rencontrer éditeurs et écrivains de tous pays. Ces expériences conjuguées ont finalement déclenché en moi le désir de publier de la littérature d’aujourd’hui, francophone et étrangère.

Combien de titres allez-vous publier par an ?

Je publierai peu, une dizaine de titres par an maximum. Dans le contexte actuel je crois qu’il faut se concentrer sur l’essentiel et ne publier que ce qui compte vraiment, ce qui s’impose comme un coup de coeur. Cette année, six titres sortiront entre avril et juillet, puis trois titres à l’automne.

Y-a-t-il un fil conducteur entre tous ces livres ?

Oui. Il n’était pas prémédité, je l’ai découvert au fur et à mesure de ma sélection, un livre après l’autre. La littérature, ce n’est pas ce qu’on cherche, c’est ce qu’on trouve. Je me suis rendu compte que ce sont des histoires personnelles qui s’inscrivent dans les moments forts de la grande histoire et les enjeux de la société, qu’elles reflètent ou contre lesquelles elles se révoltent. Ce sont des vies ordinaires qui deviennent des destins extraordinaires.

Quel livre recommanderiez-vous de votre collection ?

Je ne peux pas choisir ! Tous ont été pour moi des révélations, des moments très forts. Dans Power de Michaël Mention vous vous plongerez dans l’aventure des Black Panthers, défenseurs des Afro-américains, pleine de passion et de fureur. Dans Les Immortalistes vous vous demanderez, comme ses personnages, ce que vous feriez si l’on vous avait révélé la date de votre mort. Louise O’Neill avec Une fille facile dénonce la complaisance face au viol d’une façon juste, exemplaire et extrêmement urgente. Quant à Tous les soleils d’hier, c’est le roman qui m’a fait pleurer dans le bus et relir des passages à haute voix pour chérir l’émotion de cette histoire de deuil et de bonheur perdu.

Que peut-on vous souhaiter ?

Que les livres que j’ai aimés et choisis vous émeuvent et vous emportent comme ils l’ont fait pour moi.