On a fait des Ctrl+F pendant 1 an - Théo Dorp (Crème de la Crème)

David Baruchel
Start The F*** Up
Published in
8 min readJan 22, 2018

Start The F*** Up relaie les meilleures histoires de bootstrapping des startups, telles que racontées par leurs fondateurs.

Crème de la Crème connecte les entreprises avec les freelances
issus des meilleures formations.

La légende raconte que Steve Jobs lui a légué son style 🍏
  • Fondée: 2015
  • Fondateurs: Jean-Charles Varlet, Théo Dorp
  • Prototype: Landing Page + Questionnaire + SMS
  • Résultats la 1ère année: Quelques milliers de freelances inscrits, 500 missions générées en 1 an, moins de 100€ dépensés en tech.

Si comme Théo, vous voulez lancer votre projet en 48h, rdv le week-end du 26 janvier pour un Startathon (hackathon sans code !) sur le futur du travail en freelance en partenariat avec Nextdoor, Crème de la Crème, Ignition, Mangrove, Atalian, Social Media Squad, Cowork.id.

Crème de la Crème, ça vient d’où ?

A l’époque, j’étais en école de commerce. Et comme pas mal de monde dans ma situation j’avais besoin de gagner un peu d’argent pendant mes études. Mais à l’époque, le calcul était vite fait: étudiant + besoin d’argent = livrer des pizzas.

Un été j’ai dû travailler en tant qu’intérimaire: je gagnais pas beaucoup, et surtout, c’était pas très intéressant…
Quand tu travailles, c’est aussi pour apprendre. Tu veux améliorer tes compétences et booster ton profil.

A côté de ça, on me demandait régulièrement: “Est-ce que tu connais quelqu’un qui sait faire ça?” Que ce soit de la finance, de la compta, du marketing, de la tech, etc. C’était souvent pour des parents d’élèves, ou des startups.

Et ma réponse était toujours oui.

Entrepreneur wisdom #1: Scratch you own itch

Fig 1: Bélier se grattant l’arrière seul

Comment est venue l’idée ?

Un site nous a amusés: Nerd. Il permettait d’envoyer un texto à des étudiants de Stanford pour leur demander de l’aide.
(ndlr: on était en plein dans le buzz des “invisible apps”, plus d’interfaces, que du conversationnel)

Apparemment un Nerd c’est l’homme invisible avec des lunettes 👓

Ce concept nous a séduits parce qu’il combine deux idées assez opposées:

  • La facilité d’accès: tout se fait par texto
  • Un réseau fermé de haut niveau

On se sent immédiatement très proche d’un réseau d’élite.

On s’est dit qu’on pouvait faire la même chose avec toutes les écoles de France. On se voyait comme les chevaliers blancs qui allaient décloisonner les réseaux des écoles vieillissantes par le peer-to-peer:

Si j’ai un film, tout le monde l’a. Si j’ai des contacts, tout le monde les a.

Entrepreneur wisdom #2: Steal like an artist

Et n’oubliez pas de sourire à la personne que vous volez

Bootstrapping: c’était quoi la v0 de Crème ?

On voulait se lancer vite, donc on a fait simple.

Juste une landing page (site vitrine) avec:

  • un numéro auquel envoyer un SMS pour proposer une mission
  • un formulaire pour recueillir les profils des étudiants intéressés pour faire des missions.
Les débuts de Crème de la Crème (Merci Internet Archive ! 🙏 )

Pour le site, on ne s’est pas s’embêtés à coder quelque chose nous-mêmes: on a copié-collé le code source de Nerd. On écrit Crème de la Crème à la place. On change les couleurs. Fini.
(ndlr: si les mots “code source” vous effraient, il existe de nombreux constructeurs de landing page pour débutants. Strikingly est un bon exemple)

Pour nous contacter par SMS, on a d’abord créé un 2ème numéro de téléphone sur OnOff, un service de Cloud Number pour 3€ /mois.
Rapidement on est passés sur une carte SIM à 2€, et on faisait arriver les SMS sur nos ordinateurs pour les traiter plus facilement.

Pour avoir le profil de l’étudiant, on a utilisé un questionnaire Typeform. Les réponses arrivaient dans un Excel, qui nous servait de base de données. On a fait des Ctrl+F pendant 1 an, sur des mots-clés comme “Finance”, “Audit”, “Web”.

En 48h, on était prêts.

Comment avez-vous lancé le site ?

On a mis la page en ligne, et on l’a envoyée à toutes les listes de diffusion mails des écoles auxquelles on avait accès.

On a immédiatement eu des réponses d’étudiants. Tout leur parlait dans notre offre: La proposition de valeur, le logo, le nom… On a un peu fait appel à leur fierté: tu es à HEC, c’est “normal” que tu puisses gagner de l’argent sur des missions intéressantes…

D’où venaient vos premiers clients ?

En réalité, au début on n’a pas eu besoin de faire beaucoup d’acquisition. Les étudiants qui avaient reçu notre mail en parlaient autour d’eux. Et notre offre était suffisamment forte pour que ça suffise.

C’était comme dire: “On propose des Porsche à 5000€. Qui veut ?”

Fig 2: Un étudiant sur CDLC et ses clients potentiels

Ensuite, notre but était d’avoir le plus de traffic possible sur le site.

Pour ça on utilisait beaucoup Twitter:
Grâce à Crowdfire. On suivait des comptes en masse, mais de manière ciblée. Par exemple: tous les followers du twitter d’HEC.

Comme ça, on suivait environ 3000 comptes par jour, que ce soit avec nos profils personnels comme startup. Et surtout, on placardait nos profils des descriptions qui expliquaient clairement le concept, et des liens vers le site.

On obtenait entre 5 et 10% de follow-backs. Ce qui fait rapidement un gros nombre de followers, mais assez bien ciblés !

Et les médias ?

Les 3 points clés pour nous c’était la communauté, les clients, et les médias. Quand tu as les 3, tu commences à te dire que tu tiens quelque chose.

Au début, on ne connaissait rien aux RPs.

Mais il faut comprendre quelque chose sur les médias: ils doivent écrire, c’est leur job. Le nôtre, c’est leur donner des sujets intéressants. Et pour ça il faut avoir un angle d’attaque un peu différent des autres:

Un service par SMS pour faire appel aux étudiants des grandes écoles.

Ils ont adoré.

Et votre v0 a suffi ?

Largement.

On est restés sur ce système pendant 1 an. On a généré comme ça plus de 500 missions.

Surtout: on a pu lever. Avec une landing page et un Excel.

Et ça nous permet maintenant d’élargir notre plateforme: Crème de la Crème ce n’est plus seulement pour les étudiants, c’est pour tous les freelances !

C’est quoi le futur du travail en freelance pour toi ?

C’est vraiment en train d’exploser.

Pourtant, les gens ont encore des a priori très marqués: soit tu es en CDI, soit tu es freelance à plein temps.

Les jedis c’était un peu les freelances de Star Wars. Ou pas. Non vraiment pas en fait.

Mais il y a beaucoup de freelances occasionnels !

Par exemple, quelqu’un qui travaille en cyber-sécurité chez Thalès peut faire un projet en freelance à côté. Ça lui permet d’explorer de nouvelles techniques, de découvrir d’autres projets qui lui plaisent, tout simplement de faire des choses qu’il ne peut pas faire au travail.

Le CDI est une bonne sécurité pour commencer à faire du freelance.

Très vite, tu apprends à te positionner, tu connais ta valeur sur le marché, tu sais mieux gérer la relation avec le client: tu te développes ! Et le jour où tu n’es plus satisfait par ton travail, le full freelance devient l’option évidente: il te suffit de démarcher plus de clients.

Et inversement, si tu es en freelance et que tu veux entrer dans une boite qui te plait, tu le fais pour augmenter tes compétences, pour en tirer quelque chose. Et si après 1, 2, ou 3 ans, tu sens que tu en as fait le tour, tu peux repartir en freelance !

Je ne dis pas que le CDI va disparaitre. Simplement qu’aujourd’hui les gens sont prêts à travailler pour des clients. Et ça n’a jamais été aussi simple de le faire.

Les gens ont le choix. C’est ça la révolution.

Un conseil à donner à ce qui veulent monter une boîte dans le domaine ?

Si je me lançais aujourd’hui, j’irais sonder la manière dont mes utilisateurs vivent: avant même de réfléchir, je passerais mon temps avec eux. En mode “vis ma vie”.

Si je vois 10 personnes tous les jours, en une semaine j’en ai vu 50,

En 1 mois, je deviens la référence.

Quand je me lance, je suis sûr de moi: je connais exactement leur frustrations, leurs problèmes. Et combien ils paieraient pour les résoudre.

Les prochaines boites que je monterai, ça sera comme ça.

Entrepreneur wisdom #3: Get out of the building

Et c’est Cary Grant qui le dit

La plus grosse galère ?

Trouver le bon CTO.

Au début, on s’est pressés pour prendre un CTO. Et quand il est parti, j’ai déprimé: t’as plus de dev, t’as plus rien. Mais on a vite rebondi et on a sollicité beaucoup de devs en freelance.

C’était plus simple pour nous car on avait déjà construit quelque chose:

Ce n’est pas la même chose de chercher un développeur quand tu n’as qu’une idée, ou quand tu as déjà une preuve de concept, une équipe, une image, un positionnement, des clients, une communauté, …

Il faut comprendre qu’aujourd’hui, des gens qui cherchent “un CTO pour développer leur idée” on en voit tous les jours. C’est normal: aujourd’hui tout le monde veut monter une startup, c’est le nouvel El Dorado. Il y a 20 ans c’était travailler chez KPMG. (Sauf qu’il y a 20 ans on savait que tout le monde ne pouvait pas entrer chez KPMG.)

C’est plus simple de trouver un développeur si on lui montre qu’il rejoint un projet complet, pas une utopie imaginée par un wanna-be entrepreneur un peu trop sûr de lui.

Et attention: ton CTO n’est pas forcément ton 1er développeur. Un très bon développeur n’a pas forcément les compétences pour être CTO:

Il faut savoir manager des personnes. Plus dur: savoir manager des devs.

Le prochain bootstrapper à interviewer ?

Ronald Gautruche, de Digifood:
Il fait de la livraison de food pour les gros événements, notamment dans les stades de foot.

Attention Ronald, on arrive.

Sincèrement, l’équipe Start The F*** Up

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