Visite de La Ruche, le coworking dédié aux entrepreneurs sociaux
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StartupBegins continue son immersion dans les espaces de coworking. Cette semaine, nous vous emmenons à la rencontre de l’un des espaces pionnier : La Ruche ! Entrer dans la Ruche, c’est comprendre instantanément qu’entreprenariat et développement humain peuvent avancer main dans la main. Et croyez moi, ça fait du bien !
Florence Peissard, m’accueille. Aucun doute. Ici, on n’est pas avare en sourires. Officiellement, Florence est chargée de communication. En réalité, elle est bien plus que ça. Elle me fait visiter les lieux et me présente différents locataires. J’ai plutôt l’impression de découvrir sa maison et sa famille tant l’ambiance est douce, chaleureuse, bienveillante et vraie.
Bruno Humbert, cofondateur de la ruche
Qu’est ce qu’une ruche? “C’est une structure artificielle, presque fermée, abritant une colonie d’abeilles butineuses qui vit, produit du miel et élève de nouvelles générations d’abeilles.” (Wikipédia).
Chaque mot de cette définition colle parfaitement à ce que Bruno Humbert m’explique. Il y a 8 ans, quatre copains aux quatre coins de Paris, entreprennent dans des secteurs différents mais avec le même état d’esprit. Assez précurseurs dans l’entreprenariat sociétal, acteurs du changement, ils s’entraident beaucoup. Très naturellement l’envie de rassembler des personnes portant les mêmes valeurs, dans un même lieu, se fait ressentir. Deux avantages majeurs : plus besoin de traverser Paris pour s’entraider et surtout donner une visibilité importante au mouvement dit de l’innovation sociale. La Ruche est née.
Pour autant, gérer un lieu comme celui ci n’est pas simple. La Ruche est un lieu qui regroupe un ecosytème constructif, productif et animé par les mêmes valeurs : entraide et partage. Une équipe anime la communauté au quotidien à travers des événements divers et variés allant de la Toolbox (sorte de petite formation conseil pour outiller les entrepreneurs face à une multitude de problématiques) jusqu’à des soirées ouvertes au public où l’on parle d’économie, d’entreprise, où l’on pitche, on s’associe, tout ça autour d’un verre (rien d’incompatible là-dedans, au contraire), en passant par des cours de yoga.
Aujourd’hui, l’innovation sociale s’est démocratisée. Pour autant, Bruno Humbert pense que les choses ne vont pas encore assez loin.
« J’ai l’intime conviction, que ce mouvement reste encore un ghetto. Si nous restons avec des entrepreneurs de l’innovation sociétale, nous n’avancerons plus »
Voila pourquoi, Bruno et ses associés travaillent aujourd’hui sur la création d’une nouvelle Ruche qui sera développée sur plusieurs milliers de m2 en plein Paris dans laquelle nous trouverons en plus de l’activité habituelle, de l’événementiel, un restaurant, des artistes, … Tous les métiers, quand ils sont partagés, nourrissent les autres.
« Il faut s’ouvrir aux autres. La richesse et la valeur ajoutée, elles sont dans la rencontre avec les gens qui ont des expériences différentes des nôtres : des communicants, des artisans, des entrepreneurs, des artistes »
Il faut mixer ces publics. C’est à partir de ce moment là que tout cela deviendra incroyablement riche, si l’état d’esprit est toujours basé sur le partage.
La Ruche vue par ses coworkers
C’est finalement à travers leurs yeux que nous pouvons ressentir au mieux l’esprit et l’ambiance de la Ruche.
Fabrice Collet — Babylone Harmonie
En ligne depuis quelques semaines (septembre), cette plateforme a pour objectif de faciliter l’accès des parents de jeunes enfants aux sports, aux loisirs et au bien-être dans une période de leur vie où ils sont confrontés à des contraintes spécifiques de temps, d’organisation et de budget. Fabrice, bientôt 36 ans, est papa d’une petite fille de quatre ans et demi. Avec sa femme, ils se sont aperçus, durant les premières années après l’arrivée de leur fille qu’ils ont fait l’impasse sur les activités, le sport, les sorties le week end, … Même quand ils avaient envie de programmer quelque chose, le simple fait de devoir trouver une activité les décourageait, car c’est souvent plus long de chercher ce qu’il y a de disponible que d’en profiter réellement. C’est à partir de ce constat qu’il a décidé de créer Babylone Harmonie.
Comment as-tu connu la Ruche ?
Fabrice : Quand je me suis lancé dans le projet Babylone Harmonie, j’étais encore salarié dans une autre société. Le besoin de m’y consacrer à temps plein s’est très vite fait ressentir. J’ai quitté mon ancien poste et j’ai commencé à travailler de chez moi. La plupart des gens pensent que ce qui est dur quand on travaille de chez soi c’est de se concentrer. Je n’avais pas ce problème. Ce qui me pesait, c’était le silence et le confinement. Je travaillais avant dans une grosse structure dans laquelle il y avait une ébullition permanente. La vie collective me manquait. J’avais envie de retrouver l’émulation du groupe et je cherchais un accompagnement pour me perfectionner sur l’entreprenariat.
« J’avais à la fois besoin d’un accompagnement mais aussi besoin de dialoguer avec d’autres entrepreneurs qui allaient pouvoir me donner des conseils et m’aider sur certaines problématiques »
Au début je me suis tourné vers Paris & Co, qui était la structure de réseaux d’incubateurs de la ville de Paris. Au départ, je connaissais peu l’écosystème et ses différents acteurs. Très vite, j’ai entendu parler de la Ruche qui était un espace spécialisé dans l’innovation sociétale, l’économie sociale et solidaire. Il était évident que ma place était au sein de la Ruche. Dès les premières semaines, j’ai vu tous les bienfaits que m’apportait cette communauté.
Ici il y a des structures qui ont des domaines d’activité très différents, beaucoup plus que dans un incubateur classique. Ca va de l’environnement à l’alimentation en passant par le journalisme, des ONG, … Un bouillon de culture très riche qui m’a permis de comprendre rapidement la structure de la vie associative.
Que t’apporte la Ruche au quotidien ?
Fabrice : Sans aucun doute de l’inspiration. Ici il y a beaucoup de personnes qui sont à l’avant-garde de tous les sujets d’innovation sociale et écologique. Ca permet de comprendre ce qu’il y a dans l’air du temps et quelles sont les grands tendances qui feront demain.
« La Ruche me fait gagner un temps précieux grâce à l’entraide entre tous les coworkers. Seul, je serais bloqué régulièrement »
Le fait d’être dans cet environnement de l’innovation sociétale m’apporte enfin une visibilité. Il y a fort à parier que seul dans mon coin, je n’aurais pas pu rencontrer StartupBegins (rires).
Anouk Billet & Ingrid Allain — Double sens
L’agence de voyages solidaires Double Sens propose de voyager autrement, au gré d’un tourisme responsable pour des vacances solidaires en voyage humanitaire ou communautaire. Elle organise des voyages solidaires en Equateur, au Burkina Faso, au Bénin, à Madagascar, au Cambodge, au Vietnam ou au Sri Lanka et fait découvrir un tourisme axé sur le développement durable pour un voyage équitable, aux frontières de l’écotourisme.
Anouk et Ingrid sont en charge de la relation client. Elles préparent les voyageurs de la demande d’informations jusqu’à leur départ.
Que vous apporte la Ruche ?
Ingrid : Quand nous sommes arrivées à la Ruche, Double sens y était basée depuis 2010. L’agence fait partie des premiers à s’être installés dans cet espace.
Le fait que notre équipe de 5 personnes soit entourée par d’autres entreprises m’apporte une ouverture d’esprit et une richesse de dialogue. C’est une véritable motivation d’échanger avec des personnes qui sont soit dans le même secteur d’activité que nous, soit dans des secteurs différents. Ca enrichit ma façon de penser. C’est très stimulant.
Anouk : On s’inscrit dans une espèce de symbiose de l’alternatif. L’espace dans lequel nous sommes permet une émulation. Nous ne sommes pas des entrepreneurs avec Ingrid. Mais le fait de côtoyer des entrepreneurs nous amène à parler et comprendre leurs projets. De fil en aiguille, nous en apprenons beaucoup plus sur l’économie sociale et solidaire et les différentes initiatives qui peuvent voir le jour.
Ingrid : Autre chose agréable : ce sont les apéros. Ca fait partie du fait que nous sommes dans un espace de coworking. C’est super de se retrouver autour d’une table mais c’est aussi super sympa de discuter autour d’une bière sans avoir forcément ce cadre “boulot” et d’échanger sur quelque chose qui rassemble tout le monde à la Ruche : la passion !
« C’est notre premier job. Nous n’avons jamais travaillé dans une grande structure. Mais ce qui est sûr c’est que pour rien au monde nous aimerions travailler dans un cadre type la Défense ! »
La décoration est super importante et le quartier est super animé. La Ruche est sur le Canal Saint Martin, proche des bars et restaurants.
Anouk : La première fois que je suis arrivée à la Ruche, j’ai immédiatement adoré. Gros coup de coeur. C’est très atypique. C’est très important car quand nous faisons des rendez-vous avec des voyageurs potentiels, le cadre, en parfaite adéquation avec le positionnement de l’agence de voyages, les rassure et leur plaît beaucoup. Ca prouve que nous sommes alternatifs jusqu’à notre lieu d’implantation !
Céline Violet — celineviolet.com
Céline est freelance et fait de la communication et création “durable” : graphisme, illustration, direction artistique et conception-rédaction pour des entreprises d’économie sociale et solidaire et développement durable mais aussi pour des structures culturelles, des agences, … A chaque nouvelle collaboration, Céline plante un arbre avec Treez.
Comment as-tu connu la Ruche ?
Céline : Mon activité est au carrefour de l’artistique, du social, du culturel et de l associatif. Il y a quatre ans, je cherchais un espace de coworking et suis passée devant la Ruche par hasard. J’ai vu de la lumière et une petite pancarte avec marqué dessus : “La Ruche, pionnier de l’économie positive”. Par rapport à la morosité ambiante, j’ai aimé le ton et l’energie de cet espace. j ai pousse la porte et rencontré Antoine, de Double Sens. Nous avons discuté. Il m’a dit de venir visiter. A l’époque, je n’evoluais pas dans le monde de l’économie solidaire et je sortais d une structure beaucoup plus importante en taille. Le fait que la Ruche m’ait ouvert la porte aussi simplement et chaleureusement, m’a beaucoup touchée !
Que t’apporte la Ruche ?
Céline : Ce qui est particulièrement intéressant à mes yeux, c’est que je suis la seule créatrice. C’est ce que je cherchais à l’époque car j’avais besoin de me confronter à d’autres points de vue.
« Je trouve qu’il est plus enrichissant d’être entouré de personnes qui font des choses différentes de moi, qui viennent de tous les horizons, plutôt que de ne côtoyer que des gens faisant le même métier que moi »
Avant d’arriver à la Ruche, je travaillais dans une grande entreprise. J’ai aimé cette expérience mais à la Ruche l’ambiance, l’entraide, les relations humaines n’ont rien à voir ! Ce que j’aime ici c’est qu’il n’y a pas de compétition. C’est très rare et très appréciable. Et c’est dû au fait que chacun évolue dans son propre secteur.
Audrey Sovignet — I Wheel Share
Audrey a eu l’idée de créer cette application quand son petit frère est devenu paraplégique il y a trois ans maintenant. Les différents freins qu’il rencontrait dans son quotidien l’ont convaincue.
C’est une application mobile qui permet à tous et notamment aux personnes en situation de handicap de partager en ligne leurs expériences sur l’accessibilité des lieux. Véritable zone d’expression libre, I Wheel Share permet à ses utilisateurs d’identifier n’importe quel endroit sur une carte interactive pour témoigner de son accessibilité ou de sa non accessibilité.
Comment as-tu intégré la Ruche ?
Audrey : Je suis ici dans le cadre du programme des “Audacieuses”, qui était une sorte de concours lancé auprès des femmes qui entreprennent pour favoriser notre place dans le milieu de l’entreprenariat social et solidaire. Nous sommes 7 projets à être incubés ici par la Social Factory.
Que t’apporte la Ruche au quotidien ?
Audrey : Déjà, ça m’apporte un déplacement entre chez moi et mon lieu de travail. Ca a l’air bête comme ça mais c’est très important. Ca m’apporte aussi un lieu pour recevoir quand j‘ai des rendez-vous. Et enfin un réseau et une énergie grâce à la communauté.
Mais plus largement que ça, la Ruche m’apporte une chose à laquelle je ne m’attendais pas : des relations chaleureuses avec les autres coworkers. L’ambiance est très bienveillante. Par exemple, il y a eu un départ la semaine dernière, d’une équipe qui est restée pendant trois ans.
« Ca m’a surpris de réaliser l’émotion qu’il y avait de la part des autres équipes qui ont cotoyé ce projet pendant toutes ces années »
Et je me suis dit que peut-être un jour, quand je quitterai la Ruche, l’émotion sera aussi forte (rires).