Comment trouver une idée de Startup ?

Ou un problème qui compte réellement.

David Wise
Startup Tour

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Est-ce qu’une ”bonne idée” ca existe ? A t’elle un génome précis ? La réponse est évidement : non. Cependant, je suis persuadé qu’on peut reconnaitre certains de ses traits à travers les points suivants

1. Une idée qui tue

Il est intéressant de constater que les technologies, ne sont en fait que des extensions de nos capacités d’êtres humains : communiquer, se déplacer, se restaurer, se protéger.

Dans nos communications par exemple : le téléphone a remplacé le télégramme, qui lui même a remplacé le pigeon voyager. Et aujourd’hui on utilise Snapchat.

Comme le disait un célèbre chimiste Français :

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.”

Antoine Lavoisier

C’est pour cela que votre idée doit tuer une autre idée. (concept de Nicolas Bordas — “L’idée qui tue”) Ou bien, à défaut de vraiment tuer, votre idée doit remplacer, petit à petit, d’anciennes pratiques ou usages, pour finalement les rendre marginales.

Par exemple, une des premières technologies de communication pour le débat citoyen fut l’agora grecque : dont l’architecture amplifiait la voix des orateurs et augmentait leur portée. Ensuite, d’autres technologies sont venues améliorer nos communications à distance : la radio, la télévision, et aujourd’hui les médias sociaux.

Dans les transports, nous avons vécu une autre rupture : la voiture a remplacé les chevaux. Pourtant, à l’époque il y avait de la résistance : les routes et la legislation n’étaient pas du tout adaptées.

Votre idée doit donc déranger. Si cela elle ne dérange personne, c’est inquiétant : c’est que vous ne remplacez rien. Ce qui nous amène à notre troisième point.

2. Une idée contre-intuitive

Personne n’aime le changement. Sortir de la représentation du monde qu’on s’était construite ? Quelle horreur ! Les gens qui viennent bousculer ces acquis sont très mal perçus. On s’en méfie : demandez à Galilée…

“Toute vérité franchit trois étapes. D’abord, elle est ridiculisée. Ensuite, elle subit une forte opposition. Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence.”

Arthur Schopenhauer

En fait la vraie bonne idée a des habits de mauvaise idée. Les vraies bonnes idées — celles qui sont fortes et qui changent le monde — paraissent absurdes au départ. Et heureusement : car pour tout ce qui est évident, de nombreuses personnes — avec plus de moyens que vous — travaillent déjà dessus.

“If you have an idea that sounds good, I am not going to fund you. Because I know the big companies are working on. I am looking for ideas that doesn’t sounds good, but you have an insight that will make them awesome.”

Ben Horowitz, partner chez Az16, investisseur chez Airbnb

La difficulté réside à trouver une idée géniale, mais qui, pour le commun des mortels, (ceux qui ne sont pas votre cible initiale) semble bizarre, voir absurde. Il faut que ce soit contre-intuitif, et que vous déteniez un secret. Ce secret (insight), qui fait que pour les personnes averties, cela devienne une évidence.

De façon plus triviale, mais non moins pertinente, Dave McClure dit qu’une bonne idée de startup doit rentrer dans au moins une de ces 3 cases :

Les 3 premières applications qui vous viennent à l’esprit, jouent probablement sur l’un de ces leviers. Voir les trois à la fois.

3. Trouvez un problème

Plutôt que de chercher une idée, focalisez votre attention sur un problème.

Google n’est pas seulement un moteur de recherche. C’est la solution qu’il a trouvé au problème d’accessibilité et d’organisation de l’information sur Internet.

Airbnb n’est pas uniquement un catalogue de chambres/ appartements chez l’habitant. C’est une des solutions qu’elle a trouvé au problème fondamental : Où est-ce que je vais dormir dans une ville que je ne connais pas ?

On touche au point névralgique : ce n’est pas tellement une idée, isolée en tant que soit, que vous cherchez, mais un problème qui compte réellement dans la vie des gens. Une “Pain” comme on dit en anglais. Une vraie SOUFFRANCE. C‘est la meilleure chance pour que votre produit soit utilisé. Et c’est votre unique objectif.

4. Quelque chose d’utile

C’est le motto de Y-Combinator. Ne faites pas quelque chose de beau, vous le ferez une fois que des utilisateurs se serviront de la solution que vous avez crée, pour le problème qu’ils ont.

Enfin, vous devez trouver une raison d’être, presque missionné, pour le problème que vous voulez résoudre. Certes au début, vous allez peut-être résoudre une “souffrance” simple, concernant un seul segment de la population. Mais à terme votre ambition doit être plus grande.

5. Ciblez

Identifiez votre cible et votre marché de façon précise. C’est complexe, car on est naturellement tenté de dire: “Le monde entier utilisera mon produit”.

Et c’est bien l’erreur. Peut être un jour ce sera le cas, mais d’ici là il faut commencer par gagner des parts de marché sur des cibles très précises et qualifiées. C’est l’approche “Monopoly” de Peter Thiel.

Au départ : Il vaut mieux être un gros poisson dans un petit bocal, qu’un petit poisson perdu dans un grand bocal.

Quelle est votre cible de départ ? Les étudiants ? Les journalistes ? Les retraités ? Que font-ils dans leur journée ? Qu’est ce qu’ils achètent comme magazines au Relay de la Gare avant de partir en week end ? Quelle musique ils écoutent ? Quelles séries ils regardent ? Oui, soyez aussi extreme. Définissez un portrait robot de votre cible. Evidement, plus vous apprendrez à la connaitre, plus son portrait évoluera, et s’affinera.

Une fois qu’on a conquis un marché initial, l’idéal, est de faire grossir son propre marché. Comme l’a fait Google avec la publicité en ligne (le “Search”), ou Airbnb, qui a réussi à loger des personnes qui ne se seraient pas déplacé à l’époque où, le marché, n’avait que les hotels comme offre de logement.

Vous voulez qu’un jour les “Innovators” deviennent des “Late Majority”. C’est le chemin qu’ont connu Facebook ou Apple récemment par exemple.

6. Testez l’intérêt

L’exemple de Buffer est très intéressant. Son fondateur a d’ailleurs tout documenté sur leur blog. Il a d’abord fait un petit prototype, un MVP (Minimum Viable Product) dans sa chambre, en Autriche, permettant de synchroniser des Tweets à l’avance. Il y a eu de l’intérêt sur cette petite idée, et Buffer s’est développé à partir de là. Aujourd’hui il synchronise les publications de 25 applications pour 1,5 millions d’utilisateurs.

Ce qui est extraordinaire aujourd’hui c’est que vous n’êtes même pas obligés de construire un MVP. Une simple “landing page” présentant un aperçu de votre idée peut suffire à faire comprendre, à vos futurs utilisateurs, la valeur que vous voulez créer. Nous sommes dans un nouveau paradigme vous pouvez vendre avant de produire.

Ayez une vision, des convictions, tout en étant flexible à leur propos, car vous allez les tester. Préférez toujours la pratique à la projection mentale.

“ Usage is like oxygen for ideas. You can never fully anticipate how an audience is going to react to something you’ve created until it’s out there.”

Matt Mullenweg, fondateur de WordPress.

Les idées ne sont que des hypothèses dont vous allez tester la réactivité. La bonne (ou la mauvaise ?) nouvelle c’est que TOUT le monde peut avoir des hypothèses. Donc avancez vite : la procrastination est votre ennemi.

7. Idée = Rien du tout

Et oui : c’est la façon dont vous allez mettre en place la solution à un problème, qui compté réellement. C’est ce qu’on appelle l’exécution.

Ce qui compte vraiment :

  • 1/ la façon dont vous exprimez la souffrance identifiée (votre “Value Proposition”)
  • 2/ la façon dont vous y répondez par un produit/service (votre “Product”)
  • 3/ la façon dont vous allez acquérir des utilisateurs, et les garder (votre “User Acquisition Strategy”)
  • 4/ la façon dont vous les monétisez (votre “Business Model”).

Ce sont ces 4 points qui constituent la vraie valeur de votre startup. Vous avez vu comme l’idée compte peu ?

Prenez encore Facebook ou Airbnb. Vous croyez vraiment que c’était les seuls à proposer cette idée, de réseau social pour le premier, ou de logement chez l’habitant, pour le second — à l’époque où ils ont débuté ?

8. Partagez vos idées

Puisqu’elles ne valent (presque) rien, il ne faut pas avoir peur de les partager. De nombreux entrepreneurs ont peur de parler de leurs idées. C’est normal. Mais c’est une erreur, ils se privent de trois choses essentielles :

  • 1/ S’entraîner à pitcher
  • 2/ Du feed-back sur votre projet
  • 3/ De l’aide

Ce dernier point est le plus important : comment voulez vous qu’on vous aide si vous en parlez à personne ? Et ne me dites pas que vous n’avez pas besoin d’aide lorsque vous vous lancez !

Sachez que personne — mais vraiment personne — ne va tout plaquer dans sa vie, pour lancer l’idée dont vous lui avez parlé la veille.

Conclusion :

Les lieux communs (conversations avec nos amis, les médias… ) nous apprennent à sur-évaluer l’importance d’une idée. En vérité une startup ne naît pas tellement d’une bonne idée, mais d’un bon problème.

Comme le disait Dave McClure, investisseur, et CEO de 500 Startups :

“Your solution is not my fucking problem !”

Lorsque vous pitchez, commencez toujours par parler du problème que vous résolvez en premier. Pas de votre solution/ idée.

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David Wise
Startup Tour

Life, startups & others little observations. — Salesforce consultant @DXCtechnology.