Les dernières tendances des Greentechs et leurs levées de fonds

Focus sur l’évolution du secteur de l’écologie et des investissements VC

Dimitri Nitchoun
Startup Trend
10 min readOct 28, 2020

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Bonjour à tous !

Pour continuer cette série sur les secteurs des startups les plus en vogue, nous allons analyser aujourd’hui celui des Greentechs ! 🌳

Tout d’abord, précisons que les GreenTechs ne ciblent pas vraiment de secteur ou domaine spécifique mais qu’elles visent plutôt un ensemble d’innovations qui favorisent la transition de l’économie vers un modèle plus écologique. Deux courants peuvent être identifiés :

1) les Cleantechs, qui sont basées sur les technologies et les services industriels qui utilisent les ressources naturelles, l’énergie, l’eau ou les matières premières dans une perspective d’amélioration de la productivité.

2) les Climate techs, qui portent sur des solutions de décarbonisation de l’environnement au sens large : mobilité, consommation, agriculture etc.

Les Climate techs constituent donc un champ plus large que les Cleantechs puisqu’elles se concentrent sur tous les secteurs de l’économie et non pas uniquement sur celui de l’énergie !

Un attrait fort de la part des VC et CVC

Au cours des derniers mois, Amazon s’est engagé à lancer le Climate Pledge Fund, un fonds de capital-risque de 2 milliards de dollars (sympa) destiné aux Greentechs. Même mieux : Jeff Bezos a promis 10 milliards de dollars (hyper sympa) pour lutter contre le changement climatique avec la création du Bezos Earth Fund. Merci Jeff 👍

Et ce n’est pas le seul : Microsoft a annoncé un milliard de dollars pour son Climate Innovation Fund. Merci Bill 👍

(Mark, on attend ton annonce pour GreenBook Ventures 😎)

Les VC généralistes les plus côtés du globe ont également annoncé être à la recherche d’opportunités liées aux Climate techs, notamment Sequoia Capital, Founders Fund, Khosla Ventures, Kleiner Perkins et Union Square Ventures.

Par ailleurs, selon une excellente étude de PWC, les Climate techs n’ont attiré ‘’que’’ 418 millions de dollars de capital-risque en 2013. En 2018, près de cinquante fois plus de capitaux ont été déployés, avant que les valves se réduisent pour atteindre 16.3 milliards de dollars en 2019, soit 6% de l’investissement global en capital-risque dans le monde !

Mais alors, sur quels axes se développent les startups susceptibles d’intéresser nos amis VC ?

C’est ce qu’on va voir dans un instant 🕵️

1) Réduction de l’impact carbone

Sublime Non ? Hélas, plus pour très longtemps ⏳

L’an dernier, pas moins de dix milliards de tonnes de glace se sont fracturés au pôle nord. D’une largeur de 6 km, de 800m de profondeur et de 1,6 km de long, l’iceberg qui s’est dissocié pèse entre 10 et 14 milliards de tonnes. il représente 3 % de la perte de glace annuelle du Groenland, estimée à 286 milliards de tonnes. La faute au réchauffement climatique, donc au CO2 (en grande partie), au méthane et au protoxyde d’azote.

Be careful à l’émission de ces gaz donc. ⚠️

Les startups ont voulu apporter leur pierre à l’édifice afin de réduire lesdites émissions, et il est possible d’analyser leur positionnement sous deux angles complémentaires 📐 :
1) service rendu au plus grand nombre car au fond, on fait tous partie du même écosystème à l’échelle planétaire ;
2) affaire en or car taille de marché elle-même hyper importante (entre devoir réguler les pays développés et contrôler les pays émergeants, chaque Etat est dans le scope).

Analysons ci-dessous les solutions qui protègent/réparent l’environnement en limitant l’impact carbone issu d’activités à la base pas très éco-friendly :

Prometheus (Californie) : Fondée en 2018, la startup a pour but de récupérer le surplus de CO2 dans l’air et de le transformer en carburant. La grosse plus-value, c’est que ce carburant n’ajoute pas de nouveau dioxyde de carbone à l’atmosphère lorsqu’ il est fabriqué ou consommé. Il peut être utilisé dans n’importe quelle voiture qui utilise de l’essence car sa composition moléculaire est identique à l’essence fabriquée à partir du pétrole 🛢️. L’essence Prometheus commencera à être vendue en Californie à la fin de 2021, puis au reste des Etats-Unis et à l’étranger à partir de 2022 !
→ La startup a levé 150.000 dollars en Seed grâce à Y Combinator en 2019.

Holganix (Pennsylvanie) : Créée en 2010, Holganix vend des produits d’entretien de pelouse écologiques qui contiennent des microorganismes naturels. Leurs produits permettent de réduire jusqu’à 90% de l’utilisation d’engrais. L’équipe de direction a réussi à faire croître deux entreprises d’entretien de pelouses de plusieurs millions de dollars dans le passé et se concentre maintenant sur la création d’une autre entreprise ayant un objectif plus impactant et plus vert. Ses produits peuvent s’appliquer sur plusieurs surfances : terrains de fermes, terrains de golf et pelouse d’habitation pour le jardinage. 🏡
→ Holganix a levé 3 millions de dollars au cours d’un 6ème tour de table en 2017 par iSELECT FUND, Argonautic Ventures.

CelluComp. (Ecosse) : Née en 2006, cette entreprise écossaise se concentre sur le remplacement du ciment par un matériau durable. C’est une bonne idée car l’industrie du ciment atteint près de 7 à 8 % des émissions de CO2 au niveau mondial. Ce fameux matériau s’appelle le Curran, qui est produit via l’extraction de nanofibres de cellulose issu de racines de légumes.
→ La startup a bouclé une Série A de 3.7 millions de livres en 2016 avec la participation de Sofinnova Partners.

2) Nouveaux modèles de consommation

Pas cool ❌. Et encore, j’ai pris une image soft.

Des chiffres valent parfois bien mieux que des longs discours :

- Plus de 8.000 000 de tonnes de déchets plastiques se déversent chaque année dans les mers ;
-100.000 mammifères marins tués chaque année ;
- Plus de 1400 espèces marines déjà impactées ;
- 70 % des déchets flottants finissent par couler ;
- 450 ans pour qu’une bouteille plastique se dégrade ;
- 5 pays d’Asie du Sud-Est sont à l’origine de 60 % de la pollution plastique océanique.

Voilà. 🤓

Logiquement, si on prend le problème à la source, on se dit que ces déchets et cette quantité de plastique viennent bien de quelque part, à savoir de nos modes de consommation industriels, énergétiques ou alimentaires.
→ Alors certes, il y a également une gestion catastrophique de la destruction de ces déchets à l’échelle planétaire. Mais on peut tout de même essayer de faire mieux. 👊

Faire mieux, c’est le travail auquel se sont attelées certaines startups afin de créer des alternatives pour réduire les excès dans l’utilisation des ressources :

Ÿnsect (Paris, Next 40) : Depuis 2011, Ÿnsect transforme les insectes en ingrédients de qualité supérieure et à haute valeur ajoutée pour les animaux de compagnie, les poissons et les plantes en apportant un meilleur apport nutritionnel mais également des bénéfices significatifs sur la santé. La startup construit des installations industrielles de haute technologie en harmonie avec les écosystèmes naturels, offrant ainsi une solution long terme à la demande mondiale de protéines qui est en plein essor. Son savoir-faire unique lui permet d’être un partenaire privilégié des professionnels de l’agroalimentaire, des laboratoires, des institutions publiques et des agriculteurs de l’industrie des insectes. La startup emploie aujourd’hui 130 personnes.
→ Ÿnsect vient de lever 139 millions de dollars en dette et 65 millions de dollars en Série C avec la participation de plusieurs fonds dont Upfront Ventures, Supernova Invest, Astanor Ventures, Armat Group et Happiness Capital.

Lactips (Rhône-Alpes) : Fondée en 2014, Lactips conçoit et commercialise des produits plastiques biodégradables, comestibles et non comestibles à base de protéines de lait. Par exemple, Lactips propose un bioplastique soluble dans l’eau froide qui peut être utilisé pour les films, les sacs et les imprimantes 3D !
→ La startup a bouclé une Série A de 3.7 millions d’euros en 2018 avec BNP Paribas Développement, le Crédit Agricole Haute-Loire, BASF Venture Capital et Demeter Partners.

Agricool (Paris) : Née en 2015, la startup souhaite cultiver des fruits et des légumes sans pesticides tels que des fraises, des herbes aromatiques ou de la salade. Demain, ce sera un éventail plus large de produits qui sera proposé ! Pour atteindre leur objectif, des conteneurs recyclés sont utilisés. Et avec seulement 35 m2 de surface, Agricool produit la même quantité de nourriture que 4000 m2 de terres agricoles traditionnelles. Le tout sans transport et avec une énergie 100% renouvelable.
→ La startup a levé 25 millions de dollars (Série B) en 2018 notamment grâce à la BPI, Kima Ventures, XAnge et Daphni.

Glowee (Paris) : Née en 2014, Glowee est un système de bioluminescence sans consommation d’énergie externe. Il utilise la capacité naturelle des bactéries luminescentes à produire de la lumière. La solution est comparable à celle d’un autocollant luminescent et peut donc adopter n’importe quelle forme. Par exemple, elle peut être utilisée sur les vitrines des magasins pour donner de la visibilité aux marques la nuit. C’est une excellente alternative pour réduire l’impact énergétique ! 💡
→ La startup a réussi un crowdfunding d’un montant de 1.3 million d’euros en 2019.

Winnow (Londres) : Fondée en 2013, Winnow a créé une solution appelée Winnow Vision qui consiste en un outil d’IA aidant les chefs cuisiniers à réduire de 50 % les déchets alimentaires. Les cuisines utilisant Winnow ont constaté une réduction de 40 à 70 % du gaspillage alimentaire en un an et des économies à hauteur de 2 à 8 %. Ainsi, les cuisines obtiennent plus de bénéfices tout en réduisant leur impact sur l’environnement. 👨‍🍳
→ La jeune pousse a effectué une Série B de 12 millions de dollars financement par dette de 8 millions de dollars en 2019 notamment grâce à Circularity Capital, D-Ax corporate venture et European Investment Bank.

3) Economie circulaire et Responsabilisation citoyenne

Et hop, un beau cercle naturel pour parler économie circulaire 🌍

Actuellement, nous utilisons bien plus de ressources que notre planète ne peut en fournir. C’est problématique, étant donné que la population mondiale devrait atteindre près de 9 milliards en 2035. A cela s’ajoute un deuxième problème (décidément on n’en finit pas) : les déchets mondiaux devraient atteindre 3.40 milliards de tonnes d’ici 2050.

Quand je regarde ces chiffres je suis pas bien. Vous non plus, on va pas se mentir ; Catastrophe environnementale is coming. 👑

Heureusement, il existe (encore et toujours) un moyen pour surmonter ça : L’économie circulaire. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un modèle économique en boucle fermée qui permet aux entreprises de recycler et de réutiliser divers produits de nouvelles manières après la fin de leur cycle de vie. Autrement dis, passer d’un système “fabriquer-utiliser-éliminer” à un système “produire-utiliser-réutiliser”. ➰

L’objectif premier est de réduire au minimum la production de déchets et de les maintenir le plus longtemps possible hors des décharges et des incinérateurs. Or, la difficulté réside dans le fait de savoir si recycler un type de déchet consomme davantage d’énergie que son élimination (On utilise le TRE = Taux de retour énergétique pour le vérifier). En effet, plus les composants sont difficiles à recycler, plus ils nécessitent d’énergie. S’ils nécessitent plus d’énergie pour être recyclés que pour être éliminés, alors autant ne pas recycler. Par exemple, si on essayait de recycler l’asphalte laissé par les traces de pneus sur la route, ce serait un gouffre énergétique sans nom.⚡

Ceci étant, il existe de nombreuses ressources qui rentrent totalement dans le périmètre de l’économie-circulaire et qui peuvent (enfin, qui doivent) être recyclées. Cette technique offre un véritable impact sur la préservation de l’environnement, et nous allons voir ça plus en détail avec les startups suivantes :

HelloZack (Paris) : Créé en 2016, HelloZack proposait au départ aux particuliers de racheter leurs produits électroniques d’occasion pour les revendre en quelques clics. Six mois après sa création, la jeune pousse a pivoté pour se concentrer uniquement sur les produits Apple.
HelloZack a ainsi développé une plateforme destinée à faciliter la revente en ligne des produits de la marque à la pomme. Une fois le prix du produit estimé (MacBook, iMac, iPhone, iPad, Apple Watch…), la société procède à son rachat avant de le remettre sur le marché. La startup propose au vendeur, s’il se trouve à Paris, de déposer le produit dans une boutique physique ou de réserver un coursier pour lui simplifier la tâche. Si le vendeur se trouve en province, il doit envoyer son produit par La Poste.
Une fois le produit dans les mains de la startup, il est nettoyé et réparé le cas échant. Dès que les produits sont prêts pour vivre une seconde jeunesse, ils sont proposés à la vente sur plusieurs sites e-commerce, à l’image d’Amazon, d’eBay ou de Leboncoin.
→ La startup a levé 1.2 million d’euros en 2018 grâce aux Business Angels Aurelien de Meaux, Alexandre Huckert et Etienne Turion.

Heru (Abbots Morton, Angleterre) : La solution d’Heru permet de produire de l’eau chaude pour la maison à partir de nos objets du quotidien. L’unité de ressources énergétiques domestiques d’Heru est brevetée et permet donc à ce que les déchets habituels ne deviennent en réalité jamais des déchets. Imaginez vous en train d’acheter un article, de le rapporter à la maison, et d’utiliser son emballage pour alimenter votre maison en énergie. Concrètement, ça ressemble à une machine à laver, sauf qu’au lieu de mettre du linge vous y mettez vos emballages. Smart.
→ La startup n’a pas encore levé de fonds, mais ça vaut peut-être le coup pour les VC de s’y intéresser car le concept est hyper prometteur !

EcoTree (Paris) : Ecotree permet d’acheter des arbres sur leur plateforme et de devenir ainsi propriétaire forestier. Il est possible de les suivre sur son espace personnel ou en se rendant directement sur place. Ces arbres finiront par être exploités pour produire un bois d’œuvre durable qui stockera le carbone. 100% des bénéfices reviennent ensuite à l’investisseur.
→ La startup a bouclé une Série A de 1.2 million d’euros grâce à West Web Valley en 2018.

Hesus (Ivry-sur-Seine) : Hesus est une société spécialisée dans la gestion (évacuation et valorisation) des déchets de chantier (terres et matériaux). Grâce à sa plateforme numérique Hesus Store, la société digitalise la gestion des déchets de chantiers en optimisant l’offre et la demande de matériaux et terres inertes, promouvant ainsi l’économie circulaire.
→ Hesus a réussi un tour de table de 10 millions d’euros en 2019 (Série B) avec Demeter Partners en qualité de Lead Investor.

Cet article touche à sa fin ! Merci pour votre lecture, j’espère que vous l’avez apprécié ! D’ailleurs, si vous connaissez d’autres Greentechs, n’hésitez pas à l’indiquer en commentaire 😎

Pour continuer l’aventure, le 9ème épisode portera sur un secteur passionnant qui nous a tous concerné : celui des Edtechs ! 🎓

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Dimitri Nitchoun
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Interested in startups from all ecosystems, venture capital and tech ! 🚀