La VR peut-elle rendre la réadaptation post-AVC plus accessible?
Développement d’un programme de réadaptation en réalité virtuelle en collaboration avec l’Université du Manitoba
La réadaptation est un processus long et intensif, mais pourtant bien nécessaire pour les survivants d’un AVC. La meilleure méthode pour une récupération efficace est un entraînement répétitif, ciblant des tâches spécifiques sur une période de plusieurs mois. Cependant, il s’agit d’un processus pénible, coûteux, exigeant en termes de main d’œuvre et nécessitant une adhésion stricte; il s’avère également difficilement accessible pour certains patients en raison de barrières telles que la distance, le coût, la logistique ou le milieu socio-économique. Il existe donc un besoin pour des services de réadaptation accessibles, pouvant être livrés équitablement à tous les survivants d’AVC. 👩🏽⚕️
Alors… Pourquoi pas à distance?
La téléréadaptation (TR) a déjà été explorée via des technologies telles que les téléphones intelligents, les ordinateurs, les tablettes et la vidéoconférence. Bien qu’ils aient prouvé leur efficacité de plusieurs manières, ces programmes comportent aussi des inconvénients; la perte de contact humain, ou encore l’incapacité à simuler une thérapie en personne de façon réaliste, en sont de bons exemples.
Maintenant… Pourquoi ne pas exploiter les technologies immersives? En voie de devenir un outil essentiel dans de nombreux aléas de la médecine moderne, leurs capacités dépassent amplement celles d’un simple écran. La réalité virtuelle (VR), par exemple, pourrait à elle seule répondre aisément aux problèmes mentionnés ci-haut. Elle a également déjà prouvé sa capacité à augmenter la motivation et l’engagement dans de nombreux domaines grâce à son degré d’immersion. Alors… Les technologies immersives pourraient-elles multiplier le succès des programmes de téléréadaptation, conduisant à la fois à une meilleure thérapie et à un meilleur accès à la thérapie?
C’est ainsi que l’Université du Manitoba s’est associée à l’équipe de StellarX pour développer un programme de réadaptation en réalité virtuelle. Ce programme «Active at Home Post-Stroke Program» (ou Home PSP), développé en collaboration avec le Dr Amine Choukou, combine l’entraînement cognitif en VR à l’activité physique sur tablette. Tout d’abord, une application mobile interactive, installée sur une tablette mobile, permet à un coach virtuel de délivrer un programme d’exercices. Puis, un environnement VR simulé offre des activités à compléter, similaires aux scénarios rencontrés chez soi au quotidien — seulement, avec la possibilité d’en tirer des résultats et de les analyser. 🏠
Paramètres du programme
Le programme entier comprend 24 séances en réalité virtuelle et 24 séances sur tablette à compléter sur une période de 12 semaines, pour un total de 48 séances. Chaque semaine, le participant doit compléter 2 séances pour chaque technologie, soit 4 séances par semaine.
Le programme sur tablette propose des exercices physiques tels que des entraînements de résistance, des entraînements d’équilibre, et des étirements. Les vidéos à suivre ciblent la motricité globale et fine, la force et l’amplitude de mouvement.
Par la suite, le programme VR transporte l’utilisateur dans un appartement virtuel, où il doit accomplir des activités émulant des scénarios de la vie quotidienne. Les activités en question sont basées sur des outils utilisés pour allouer l’assistance à l’autonomie, qui les divisent en deux catégories principales : les activités de la vie quotidienne (AVQ) et les activités domestiques (AVD). Les AVQ concernent les soins personnels de base, alors que les AVD sont des actions plus élaborées devant être effectuées de façon indépendante.
Le programme VR est divisé en un total de cinq modules:
Alors que les sessions progressent, leur complexité augmente progressivement, tout comme le nombre total de tâches à effectuer.
Test de l’hypothèse
Pour la présente étude, la participante est une femme de 55 ans vivant en milieu rural et ayant subi un AVC en mars 2021. L’AVC a affecté la mobilité de son bras droit et de sa jambe droite, ainsi que son élocution.
Puisque la participante suivait déjà un traitement de réadaptation en personne lorsque l’étude a pris place, notre programme a été considéré comme une thérapie complémentaire aux services de réadaptation conventionnels.
L’équipement fourni à la participante comprend un casque HTC Vive Pro, deux manettes, ainsi que deux stations de base sur un trépied.
Résultats
La participante a été évaluée de différentes manières tout au long de l’expérience. Celles-ci incluent:
- L’échelle de Fugl-Meyer (FMA)
- L’échelle d’Ashworth modifiée (MAS)
- Le test de 10 mètres de marche (10MWT)
- Le Mini-Examen d’état mental (MMSE)
- L’échelle de la perception de l’effort de BORG
Ces évaluations ont été complétées 3 fois; au jour 1, à la semaine 6, et à la semaine 12. Les résultats sont les suivants:
Certains résultats présentent une légère amélioration, alors que d’autres présentent une détérioration. 3 questionnaires ont aussi été complétés 3 fois:
- Le journal d’activité motrice (MAL)
- L’échelle d’impact de l’AVC (SIS)
- Le Questionnaire de l’autorégulation du traitement
Ces derniers montrent que la volonté de la participante à compléter le programme a diminué au fil du temps. Plusieurs facteurs sont à blâmer : une indisposition temporaire, une capacité limitée à utiliser l’équipement VR (ses problèmes de mobilité rendaient l’atteinte d’un bouton difficile), ainsi qu’un manque de motivation vu la nature autodidacte du programme. Certains résultats de test indiquent également une légère démence.
Dans l’ensemble, la participante n’a pas pu terminer l’intégralité du programme, ayant complété seulement 16 séances d’entraînement VR en 6 semaines et 10 séances d’entraînement sur tablette en 12 semaines; ce qui, bien évidemment, a affecté les résultats présentés ci-dessus.
Malgré que la participante n’ait pas complété l’entièreté du programme, les résultats démontrent néanmoins que le VR peut engager les patients de téléréadaptation de façon efficace, et constitue un espace virtuel sécuritaire pour la récupération de compétences neurocognitives.
Bien que l’expérience VR ait présenté certains défis pour la participante en raison de barrières personnelles, elle a tout de même été très bien reçue et a contribué à un certain degré d’amélioration. Si le programme a fonctionné sans même être suivi assidûment, imaginez ce qu’une utilisation diligente pourrait accomplir! Cela ne fait que souligner le besoin d’équipement immersif adapté aux personnes atteintes de conditions neurologiques. La liberté de réaliser les exercices au moment qui convient à chacun constitue également un atout indéniable. 🙌
Rappelons-nous que notre étude est la première à introduire la VR pour l’accomplissement d’activités quotidiennes dans un objectif de réadaptation post-AVC. Maintenant que nous avons recueilli des données préliminaires sur la faisabilité, la sécurité et l’efficacité du programme, des recherches plus poussées sont nécessaires pour l’évaluer en tant qu’intervention autonome!
Si vous aimeriez en lire plus sur cette étude de recherche, vous pouvez consulter notre site web, ou encore l’article Libre d’Accès de Dr. Choukou et ses collaborateurs.
Enfin, voici l’infographie complète résumant tout ce que vous venez de lire. N’hésitez pas à la partager si elle a capté votre intérêt (et n’oubliez pas de nous identifier)!
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