Avec Frankie, se résoudre aux adieux

Stéphanie Thrt
stephanieT
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2 min readDec 2, 2019

Ira Sachs livre un film simple, où la vie est ramenée à l’essentiel à travers le personnage de Françoise Clermont. L’actrice, célèbre mondialement, réunit sa famille pour des courtes vacances.

Autour d’elle, son mari, son ex-mari, son fils et la famille de sa belle-fille, ainsi que l’une de ses rares amies. Le film est choral, c’est à dire qu’il donne à voir un peu de chacun des personnages, alors qu’ils sont confrontés à différentes problématiques dont le point commun est l’amour, le fait d’aimer ou de rechercher la bonne personne. Chacun vit de son coté, certains habitent à Londres, d’autres à New York, ou en France. Jamais tous ensemble, ils dialoguent en petit comité. Ils seront réunis dans un très beau plan filmé de haut. Sous une lumière crépusculaire, leurs silhouettes se détachent alors du bord d’une falaise.

Le lieu choisi par Frankie (le surnom de la comédienne) pour ces instants entre proches est Sintra. Filmé tantôt en couleurs saturées, tantôt en plans larges, les ruelles de la ville portugaise et son abondante nature environnante laissent cours à quelques plans esthétiques. Ces endroits pourraient toutefois ressembler à d’autres, les protagonistes aussi. Leur façon de se questionner, leurs liens étroits mais distendus par le temps, leur vie comme sujet du film, une façon de filmer en pleine lumière ne sera pas sans rappeler le cinéma de Robert Guédiguian, notamment son film La Villa.

Autour de Frankie, ceux qui la connaissent pour son statut d’actrice la félicitent et lui parlent d’avenir. Mais sa famille et ses amis sont concernés par une échéance. Atteinte d’une maladie, Frankie se sait condamnée. Son corps frêle navigue dans ce qui lui reste de la vie, plonge dans une piscine immense, se promène, solitaire, dans la forêt. Elle semble avoir accepté son sort. Son rôle se nourrit de celle qui l’interprète, remarquablement bien, Isabelle Huppert, de son aura de diva du cinéma d’auteur international, de son omniprésence distanciée… Parfois froide dans ses attitudes, elle se révèle petit à petit délicate. Parents et complices doivent gérer la disparition progressive de celle qu’ils affectionnent et qui représente leur repère.

Quêtes et interrogations des personnages semblent futiles face à la fin de vie programmée de leur amie, de leur mère, de leur femme. Chacun est questionné, dans son individualité, sur son rapport à la mort. Dans ce long-métrage bercé de mélancolie, l’universel réside.

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