Féministe et engagée, Xenia Laffely s’impose comme un talent à suivre
Après des études en histoire de l’art et de français moderne à Lausanne, Xenia Laffely poursuit son cursus en bachelor Design Mode à la HEAD Genève, dont elle diplômée en 2012. Elle y reprendra son cursus en Masrer, suite à des expériences professionnelles, à Londres chez Agi&Sam et à New York avec l’équipe “imprimés et broderies” de la marque de maroquinerie 3.1 Phillip Lim.
En 2016, elle conçoit — en tant que projet de diplôme — la collection Psycho Slut Wicca Bitch. We are not angry. La ligne de vêtements pour homme ose le paradoxe. Celle-ci est inspirée par le travail et le style vestimentaire de personnalités féminines : la veste de Simone de Beauvoir, les dessins de Louise Bourgeois, les sculptures Nicky de Saint Phalle. À partir de cela, la styliste dessine manuellement des tissus à fort pouvoir narratif et communicatif. Les motifs et les illustrations sont imprimés sur des matières premières durables. Des hommes portent les aspirations des femmes, et des jupes : la collection s’envisage comme un manifeste pour l’égalité homme-femme.
En 2018, Xenia Leffely s’intéresse, avec le projet self·help·sleep,aux lieux de retraite ou de repos. Elle conçoit une collection de coussins et des couvertures destinées “aux féministes épuisées”- sic. Une couverture est un support d’image idéal et un objet réconfortant. Étant au plus proche des corps, elle convoque les notions d’intimité et de sensualité. Le lit accueille la nudité et permet de se départir des tensions, des conventions sociales… En quelque sorte, la chambre offre la liberté et devient ainsi un lieu privilégié pour les femmes. Virginia Woolf avait théorisé cette pensée dans son essai Une chambre à soi.
Les couvertures de lit de Xenia Laffely, une douzaine, sont des reproductions de peintures digitales enrichies de coutures, de broderies ou de patchwork, alliant ainsi technologies contemporaines et techniques artisanales. Elles figurent une galaxie de femmes : Patti Smith, l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie, la performeuse Charlotte Nagel, l’artiste Judy Chicago, ou d’autres personnalités du matrimoine de la designer. Ces dernières deviennent des personnalités hybrides, en revêtant une apparence surréaliste, et sont représentés sur des fonds psychédéliques. Attrayantes et dérangeantes, les couvertures sont fabriquées en Europe dans des tissus à base de plante, en série limitée. Ce travail de labeur, particulier et précis, leur donne un caractère artistique, elles seront alors considérées comme des tapisseries.
