CONFÉRENCE — Crise du logement et sans-abris

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stubudapest2016
Published in
4 min readJul 19, 2017

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Crise du logement et sans-abrisme :
With : membres de l’association A Város Mindenkié (La ville est à nous)

Authors : Laure Chaslin et Léo Kahn

Dans un contexte de crise de l’habitat et de criminalisation des sans-abris en Hongrie, l’association A Város Mindenkié lutte pour le droit au logement et pour changer l’image de ceux qui sont victimes de l’absence de politique nationale du logement.

Jeudi 10 novembre, 14h

Nous sommes reçus dans les locaux de l’association A Város Mindenkié (La ville est à nous), au 22–24 rue Szentkirályi, dans le VIIIème arrondissement de Budapest. La rencontre est organisée et animée par Zsuzsanna Posfai, ancienne étudiante du Master STU, actuellement doctorante à l’Académie des sciences de Hongrie. Zsuzsanna traduit en anglais les interventions en hongrois de plusieurs membres de l’association.

L’habitat, enjeu social majeur pour Budapest

Depuis la transition à l’économie de marché de la Hongrie, le domaine du logement a connu une vague de privatisation extrêmement rapide, réduisant la part du logement social à environ 3% du parc, tandis que 90% du stock national de logements est aux mains de propriétaires-occupants. Ces propriétaires, souvent endettés, n’ont pas toujours les moyens d’entreprendre les travaux de rénovation nécessaires pour rendre leurs logements décents, amenant notamment un phénomène marqué de précarité énergétique.

La dégradation avancée d’une partie du parc de logements se traduit également par un phénomène de vacance, en particulier dans les arrondissements centraux de Pest.

Disposant d’un stock de logements sociaux très limité et ne pouvant réellement en construire davantage du fait d’une vacance importante, le gouvernement, au-delà du soutien aux prêts subventionnés, ne joue dans ce contexte qu’un rôle très limité dans les politiques de logements.

L’association a pour but d’offrir aux sans-abris, ainsi qu’à tous ceux souffrant de difficultés relatives au logement, l’opportunité de défendre leur droit au logement et à la dignité.

L’association lutte depuis son origine pour défendre les droits et intérêts des personnes sans domicile, et changer la vision négative dont ils sont victimes dans la société hongroise. Pour autant, la dégradation rapide de la situation du logement à Budapest les a poussés à élargir leurs efforts aux locataires du logement social, ainsi que de façon plus spécifique aux problématiques de logement des femmes.

Exclusivement composée de bénévoles, la principale mission d’A Város Mindenkié est de défendre les intérêts des personnes qu’ils accompagnent, notamment sur le plan juridique. L’association disposant cependant de moyens réduits, elle n’est jamais en mesure de fournir directement de l’argent ou un logement à ceux qui en ont besoin. Une partie du travail consiste à soutenir les personnes menacées d’expulsion, avec des marges de manœuvre souvent limitées par le fait qu’ils ne sont souvent sollicités qu’en dernier recours.

À plus long terme, l’association milite pour une protection légale du droit au logement, en essayant par exemple de monter des collectifs de locataires pour qu’ils défendent leurs intérêts.

Le VIIIème arrondissement, point de cristallisation du conflit sur l’habitat

Le VIIIème arrondissement, où se trouvent les locaux de l’association, est aujourd’hui devenu le principal lieu de tension autour de l’habitat. A l’heure où une politique de gentrification volontariste et conflictuelle est menée par son Maire, l’association doit faire face à la sollicitation d’un nombre croissant de locataires menacés d’expulsion.

D’après nos hôtes, le VIIIème arrondissement est devenu le laboratoire d’une politique de responsabilisation individuelle des personnes pauvres, souvent considérées comme des boucs émissaires dans le cadre des opérations de renouvellement urbain. C’est ici aussi que se joue la criminalisation des sans-abris, avec une application très stricte des mesures inscrites dans la Constitution en 2013.

Face au contexte de vacance, et à la vente les logements sociaux à leurs occupants au moment de la transition, le gouvernement a perdu le contrôle de l’habitat en ne pourrait regagner la capacité d’action nécessaire à l’amélioration des conditions de vie qu’en mobilisant des investissements publics massifs pour acquérir et requalifier le bâti existant, ce dont il n’est peut-être pas capable. Face à cette paralysie, il aurait ainsi tendance à rejeter la responsabilité de l’habitat sur l’individu, ce qui nécessite l’action d’associations telles que A Város Mindenkié pour défendre les intérêts de ceux-ci.

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