Interview Endi Pons, professeur innovant

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6 min readMar 5, 2018

Le profil d’Endi Pons

Formé comme ingénieur généraliste, Endi poursuit avec une spécialisation en robotique puis se rend compte qu’il manque généralement aux formations d’ingénieur un élément clé, la prise de recul par rapport à la technique. Il s’inscrit alors dans une formation intensive sur la stratégie d’entreprise et l’entrepreneuriat, une vraie révélation.

Désormais auto-entrepreneur, il propose des prestations de transition numérique et de mentoring de startup. Ses spécialités sont la veille stratégique, le marketing de l’innovation ainsi que la culture lean startup. Sa démarche tente d’être holistique, scientifique et fun ! Il a de nombreuses passions incluant le cinéma, la culture web, ou les sports de rue.

Quelles techniques d’apprentissages innovantes mettez-vous en place ?

Je ne saurais dire si c’est réellement innovant ou juste pragmatique, mais le mot d’ordre pour moi est simplement de faire le cours comme j’aurais aimé en avoir.

J’ai donc passé du temps à fouiller dans mes meilleurs souvenirs scolaires, pour tenter d’assembler plusieurs éléments marquants. J’ai ensuite réfléchi à ma nouvelle façon d’apprendre, hors du système scolaire : veille intensive, sérendipité connectée, expériences de la vie active, débats, et vidéos YouTube passionnantes.

Un élément souvent sous-estimé par les professeurs est le phénomène de la supériorité de l’image. En effet si on arrive à associer des images à des notions, l’apprentissage est d’autant plus facile. C’est pourquoi j’utilise de nombreuses icônes pour représenter des idées simples. Celles-ci reviennent souvent, et s’assemblent pour former des concepts plus complexes.

La force de l’humour est aussi à prendre en compte. J’utilise des formes de comique comme le ridicule, la répétition et la surprise. L’humour a aussi cette capacité de montrer facilement des points de vue différents, ceci pour éviter de présenter aux étudiants des vérités absolues.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser intuitivement, la forme peut d’après moi être plus importante que le fond. Elle permet d’accrocher l’attention de l’élève et crée plus facilement des souvenirs mémorables.

Mis à part les images et les vidéos, je construis également mes cours autour de problématiques modernes et d’exemple connus des élèves. Les entreprises qui nous servent d’exemples sont souvent celles des GAFA et des NATU, connues de tous. Je trouve aussi des marques comme Eleven Paris ou des projets comme Watchdogs 2 qui parleront certainement aux élèves et les engageront dans l’écoute.

J’utilise aussi très souvent l’imagerie de films blockbusters récents, des séries à la mode et parfois des personnalités du web. Les jeux vidéo et leur design réfléchis en profondeur sont aussi de parfaits exemples. C’est la première industrie du divertissement, à l’intersection entre nouvelles technologies, art, marketing innovant et stratégies efficaces.

Les mises en situation et ateliers sont essentiels pour appliquer la théorie. Je place les élèves en groupe et leur propose de créer une entreprise virtuelle autour de thèmes d’actualité, pour y appliquer ce que nous avons appris, et mieux appréhender comment ces notions pourraient les aider en situation réelle.

Enfin, j’ajoute toujours un volet numérique à ma formation. Pour cela j’ai construit un site qui regroupe les règles de vie en classe, les documents du cours, les thèmes des ateliers, les sources et livres sur lesquels la formation s’appuie, ainsi qu’un document pour aller plus loin. Ce document évolutif est complété au fil des tangentes prises en cours. Il me permet de transmettre aux élèves de nombreuses ressources, issues de ma curation personnelle, parfois éloignées du cours. Celles-ci feront, je l’espère, fleurir leur curiosité.

Observez-vous une augmentation de motivation de la part de vos étudiants?

J’observe en effet plus de motivation chez les élèves quand ces éléments sont mis en place. J’ai beaucoup expérimenté et trouvé différentes recettes efficaces, en fonction du public.

Les élèves sont particulièrement enchantés par l’utilisation de YouTube, que trop peu de professeurs utilisent d’après eux. Certains découvrent d’ailleurs qu’il y a une place pour du contenu autre que comique ou divertissant sur YouTube.

Les élèves sont aussi fans d’outils modernes comme le « value proposition canvas », le « AARRR framework » ou la moodboard. Ils jugent être trop souvent confrontés à des outils similaires et « vieux jeu » comme la matrice SWOT, qu’on leur rabâche. La démonstration d’outils numérique comme Trello, Slack, Buffer ou Pocket me confère aussi toute leur attention, particulièrement s’il s’agit d’une application mobile comme le chronomètre Tide ou le moteur de recherche intelligent de Google Photos.

La nouveauté sera toujours une bonne façon d’attirer l’attention des élèves, même pour leur enseigner des savoirs anciens.

Demandez-vous des feed-back ?

Afin de recueillir l’avis des élèves sur le déroulé, le fond et la forme du cours, je commence par donner le mien. J’explique aux élèves comment j’ai été recruté comme professeur, et dans quel but. Je montre ensuite comment j’ai créé et abordé le cours, en survolant tout le processus, documents à l’appui. Viens ensuite le moment où je parle de ce que j’ai aimé dans cette classe, et des éléments qui m’ont gêné.

Je les invite ensuite à me faire des retours, positifs ou négatifs, sans craindre de me vexer ou de voir leur note changer

Ça se passe plutôt bien et j’insiste pour qu’il n’y ait pas de gène. Je note tout ce qu’on me dit à ce moment-là, et c’est souvent un moment agréable.

Je fais ceci lors de la dernière séance, après avoir gagné leur confiance, notamment en parlant de thématiques personnelles lors de ma présentation initiale, ainsi qu’au travers de notions de développement personnel, éparpillées dans les différents cours.

Les élèves me contactent aussi beaucoup par mail après coup, pour des conseils sur des projets, de l’aide, ou simplement pour me remercier de cette formation « hors norme ».

J’envisage de demander du feedback plus régulièrement, et d’installer sur le site compagnon une boîte à suggestion anonyme.

Quels sont les avantages pour vous?

L’intérêt d’avoir des retours est bien sûr de pouvoir améliorer le cours de classe en classe, puis d’année en année. Cela me permet notamment de voir les axes d’améliorations prioritaires selon les élèves, ainsi que les éléments qui ont gêné leur compréhension.

Étant donnée la nature expérimentale de ma démarche, les retours m’aident à comparer deux modèles de formation et choisir le plus efficace, celui qui sera le plus bénéfique aux étudiants.

Je pense aussi que demander du feedback envoie un message fort d’humilité et aide à sortir du modèle traditionnel professeur-élève dont le système scolaire actuel souffre.

Merci Endi, l’équipe Studizen vous a trouvé très inspirant.

N’hésitez pas à le contacter :
hello@endipons.com

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