La Grande Vague de Kanagawa, célèbre estampe japonaise par le peintre japonais Katsushika Hokusai — et qui a inspiré le logo Quiksilver

Laurent
Surf Culture
Published in
7 min readApr 30, 2020

Cette encre et couleur sur papier, impression sur bois, de 25,7 cm x 37,9 cm, a été produite autour de 1831–1832. Elle existe en de nombreux exemplaires, dont certains sont présents dans quelques musées prestigieux ou lors d’expositions à travers le monde.

Le titre exact de l’eouvre en japonais est “Kanagawa oki namiura” ce qui peut se traduire par”Sous la grande vague au large de la côte à Kanagawa”.

Cette oeuvre fait partie d’une série baptisée les 36 vues du Mont Fuji.

La scène représente une tempête dans la baie de Tokyo, au large de Kanagawa, dans laquelle sont piégées 3 barques de pêcheurs. Trois éléments se détachent de la composition : la mer agitée par la tempête, trois bateaux et une montagne, la plus haute du Japon, le mont Fuji. Le mont Fuji est souvent considéré comme un symbole de beauté, lieu de pèlerinage et site de méditation bouddhiste. La hauteur estimée de la vague est de 14 à 16 mètres de haut.

Au mont Fuji répond en écho formel une vague plus petite au premier plan. De l’infiniment grand à l’infiniment petit, la vague évoque un mouvement continu et perpétuel, dont la géométrie suit le principe de la fractale. L’extrémité de la lame en écume acérée rappelle la main crochue d’un monstre invisible. Le bleu et le blanc sont clairement dissociés, les formes marquées d’un cerne noir caractéristique du style d’Hokusai, et l’équilibre est parfait entre les formes, les pleins et les vides — on a parlé de la matérialisation, dans cette nature animiste et harmonieuse, du principe du yin et du yang, la complémentarité parfaite.(source)

Les années 1830 constituent une « révolution bleue » dans l’aspect des estampes de Hokusai, par le recours massif à la nouvelle couleur à la mode, le « bleu de Berlin », que nous connaissons sous le nom de bleu de Prusse. C’est ce bleu qui fut utilisé pour La Grande Vague, couleur d’origine chimique bien différente du bleu délicat et fugace, issu de pigments naturels (indigo), qu’utilisaient auparavant les graveurs japonais de l’ukiyo-e. Ce « bleu de Berlin », le berorin ai, importé de Hollande, fut utilisé, en particulier par Hiroshige et Hokusai, à partir de son arrivée massive au Japon, en 1829 (source : Wikipédia)

En savoir plus sur le bleu de Prusse → https://au-coeur-du-japon.com/blogs/blog-japon/tout-ce-quil-faut-savoir-sur-le-bleu-de-prusse

Et c’est bel et bien cette vague de Hokusai qui a servi comme source d’inspiration pour le logo de la marque de glisse Quiksilver.

Avec cette double représentation d’une vague qui englobe une montagne, le logo Quiksilver rend un bel hommage à l’estampe japonaise.

Cette vague avec une montagne en arrière-plan, suggère en effet les deux domaines d’activité de la marque. Il a été créé en 1969–70.

Dans cette vidéo de la marque Quiksilver, on retrouve ainsi clairement

la montagne et la vague, les 2 territoires d’expression de la marque australienne.

Cette vague inspire même aujourd’hui l’émoji “vague” sur les smartphones de marque Apple.

détail de la vague de HOKUSAI
émoji vague sur les téléphones de marque Apple

Cette vague a aussi contribué à la créativité de certains artistes, on peut noter parmi quelques oeuvres “célébres” comme celle de Dan Cretu avec un “remix” de la nuit étoilée de Van Gogh (dont on connait son attachement pour la culture japonaise)

ou celle de Nic Mac qui nous éveille sur la pollution plastique qui menace nos océans

mais aussi cette vague faite en LEGO © en Décembre 2020 par Jumpei Mitsui, un fan de Lego ;) avec 50 000 briques et près de 400 heures de travail.

pour voir tout le montage en accéléré…

ou encore ce modèle 3D en résine

Pour en savoir plus sur cette oeuvre magistrale de l’art japonais, je vous conseille la lecture de ces articles ou l’écoute ou le visionnage de ces documentaires.

Documentaire de 13 min d’ARTE

À l’ère Edo, le peintre japonais Katsushika Hokusai, le « vieux fou de dessin » comme il s’appelle lui-même, fait découvrir à l’Occident son pays grâce à une collection d’œuvres colossale. Il dépeint de manière vivante un Japon préservé, ses habitants, ses forêts, ses lacs et sa montagne sacrée : le Mont Fuji. Ce contemplatif saisit d’un trait juste et dynamique, la vie qui s’écoule aux pieds de la montagne.

Podcast de France Culture

Elle est monstrueuse, dévorant presque tout le cadre, le tout petit Mont Fuji au loin, avec son dôme enneigé, n’est rien à côté de cette vague… Sous son écume aux doigts crochues, un bleu de Prusse qui s’enroule, prêt à tout engloutir, à commencer par cette minuscule barque de pêcheurs sur le point de se briser. Ce n’est plus une carte postale, c’est du grand spectacle. Un film fantastique en 2D. Le Godzilla de la mer ! Avec Marina Ferretti, historienne de l’art et directrice scientifique du musée des impressionnismes de Giverny.

Un article — analyse très complet sur la vague d’Hokusai

Un autre article décryptage à lire

et aussi plein d’information sur la page Wikipédia dédiée à la vague la plus célèbre du monde

[Edit Avril 2021]

Une actu récente à partager avec la vente en Mars 2021, à New York, par Christie’s d’une gravure sur bois de La Grande Vague de Kanagawa, réalisée par l’artiste japonais Katsushika Hokusai et qui a été adjugée 1,6 million de dollars.

“C’est plus de dix fois les estimations basses dont l’œuvre avait fait l’objet. Plus remarquable encore, ce montant dépasse le record précédent pour une œuvre de Hokusai, établi à 1,47 million de dollars en 2002” nous dit Jeremy Ghez dans son article sur The Conversation à lire ci-dessous et qui revient sur comment cette estampe nous attire encore et toujours notamment en ces temps de pandémie mondiale.

Comment expliquer l’attrait persistant et universel de cette estampe japonaise du XIXᵉ siècle ?

“L’intérêt pour l’art en temps de crise n’est pas d’ordre exclusivement intellectuel ou esthétique, aussi fondamentales que soient ces dimensions. Il peut aussi correspondre à un impératif stratégique, voire existentiel, dans la mesure où il nous rappelle l’importance d’élargir nos horizons et de faire preuve d’ouverture d’esprit au service d’un projet, qu’il soit citoyen ou à but lucratif. Les impasses qui semblaient autrefois insurmontables peuvent alors prendre une forme bien différente. Question de perspective, que nous explorons inlassablement grâce à l’art, mais que nous oublions, au quotidien.” Jeremy Ghez

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