La vague artificielle à Paris, c’est pas pour tout de suite…

Laurent
Surf Culture
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13 min readNov 13, 2016

[Edit : cet article fait également le point sur les différents projets et technologies de vague artificielle — Attention également, il a été écrit en 2016, depuis, beaucoup de choses ont évolué depuis]

L’arlésienne ? On peut en effet se poser la question du lancement de ce projet “Waves in City” en région parisienne, projet lancé en 2011 de “surf park”et maintes fois reporté, annoncé pour mise en service en 2014 puis pour 2016 et maintenant prévu plus raisonnablement pour 2018 ou 2019.

(Edit du 12/01/2017) une vidéo présentant le projet ci-dessous

Pourtant, malgré ces reports, le sujet semble très sérieux. Et comme tout projet d’infrastructure nécessitant un certain nombre d’autorisations administratives en tout genre (on est en France….), on peut comprendre que le projet nécessite du temps.

© Waves in City

et bénéficie du soutien de nombreux partenaires

© Waves in City

Le site Waves in City nous fait rêver avec cette promesse publiée sur son site

montage © Waves in City

“ Un site exceptionnel de 6 hectares, lui conférant une envergure nationale, dans un bassin économique dynamique à la croissance démographique soutenue, à 20 minutes du centre de Paris, bien desservi par les transports en commun et les axes routiers, dans une zone de chalandise de qualité…”

Alors, qu’en est-il plus précisément ?

Le site Vice Sports France a interviewé très récemment (Octobre 2016) les 2 fondateurs de ce projet, Jérôme Villeminot et Christophe Verrier.

“On peut comprendre la peine des utilisateurs. Il y a beaucoup de passion autour du projet, mais ça ne se monte pas en cinq minutes. C’est un projet d’infrastructure, d’équipement sportif, avec une dimension immobilière et donc des délais longs. Pour rassurer notre public, on peut confirmer qu’il y a bien un projet en Île-de-France avec une ouverture prévue d’ici 2 à 3 ans. Le terrain a été trouve, c’est site exceptionnel qui correspond exactement à ce qu’on cherchait, situé à moins de trente minutes de Paris en RER et déjà doté d’une gare. Et sur la technologie utilisée, on annoncera tout cela au printemps prochain en principe.”

Waves in City est le projet de “wave park” à date en France en tout cas le plus abouti même si on ne sait pas encore quelle techno sera utilisée et c’est un choix important pour le succès ou non à venir. Et d’autres “Waves in City” sont à l’étude hors de Paris dans des régions plutôt Est ou Sud-Est de la France, là où le surf en milieu naturel n’est pas possible.

Nul doute que “Waves in City” viendra compléter l’offre de vagues naturelles que nous offre la côte landaise et basque mais aussi les côtes girondines, charentaises, vendéennes et bretonnes ! La France bénéficie d’une riche variété de vagues sur le littoral côtier.

Côté Fédération Française du Surf, on regarde tout ça avec beaucoup d’intérêt, les aspects réglementation étant très important en France. Vice Sports nous apprend que la fédé avait son propre projet jusqu’à l’année dernière, baptisée le “Clairefontaine du surf” dans les Landes mais qui semble être désormais au point mort.

(Edit de Juin 2017), dans une interview pour BFMTV.com, quelques nouvelles précisions sur le projet Waves in City

Si la localisation exacte n’est pas encore arrêtée, plusieurs sites sont à l’étude sur la deuxième couronne parisienne et à environ 45 minutes de la capitale

Cette année, si tout se passe bien, on choisit le site et on aura les principales autorisation administratives avec le début des travaux programmé pour le printemps 2018”, ajoute Jérôme Villeminot.

Le site retenu devrait être annoncé dans le courant de l’année pour une ouverture prévue à l’été 2019.

Plus de détails sur le projet Waves in City dans cet article

et sur cette vidéo

Le projet “Waves in City” était potentiellement localisable sur le site d’Europacity à Gonesse. Mais comme l’indique Libération dans un article de fin Août 2017, ce projet est loin d’être valdié….

A suivre donc !

Les projets de vague artificielle se multiplient partout dans le monde avec plus ou moins de succès, plus ou moins d’ambition aussi parfois…

Arte avait fait un reportage très intéressant sur le sujet qu’il est possible de revoir ci-dessous

Le plus abouti à tout point de vue est le projet de Kelly Slater avec sa société qu’il a revendu à la ligue de surf professionnelle (la WSL). Je vous invite à regarder les vidéos publiées, la vague est parfaite et les sensations ont l’air d’être au RDV.

Un aperçu en vidéo

A lire à ce sujet, mon article sur la vague artificielle du King Kelly ! La techno est propriétaire développée dans le plus grand secret et est à ce jour unique au monde.

et aussi ici avec la compétition organisée au Surf Ranch de Kelly Slater en Septembre 2017

L’autre projet de “vague artificielle” utilise la techno dite “wavegarden” et pour le coup déjà bien opérationnelle. Le premier projet d’envergure au niveau mondial, est la vague artificielle située au Pays de Galles au Royaume-Uni, Surf Snowdonia, mise en service depuis l’été 2015.

© Snowdonia — la plus grande piscine à vague artificielle du monde

Le site wavegarden recense d’ailleurs les projets utilisant cette technologie de création de vagues artificielles. Le pilote et centre de recherche est situé au Pays basque espagnol et sert de véritable labo pour les projets d’envergure partout dans le monde. Ainsi, en Octobre 2016, le wavegarden Nland situé au Texas à Austin aux USA a ouvert ses portes mais a dû fermer moins de 3 semaines après son ouverture pour effectuer quelques réparations.

Preuve que le sujet fascine, la simple requête “vague artificielle” sur Google renvoie le nom de plusieurs villes françaises qui ont déjà leur vague artificielle ou des villes dont des projets sont à l’étude !

Requête Google “vague artificielle”

En piscine, l’un des projets les plus anciens est la piscine à vagues de l’aéroport de Munich en Allemagne. Le magazine Surf Session avait fait un test il y a 2 ans déjà.

Plus proche de nous, à Bordeaux dans le cadre du Wave Surf Café, une piscine à vagues a ouvert à l’été 2015.

et depuis cet été 2016 en Vendée à Saint Gilles Croix de Vie avec le projet “The Glassy House”

(Edit du 09/12/2016) : C’est aussi cette même structure qui était en démo pendant le salon nautique de Paris. Et c’est la société belge WaveSurfer qui est à l’origine de ce concept.

Enfin, impossible de parler de vague artificielle sans parler d’un autre projet de wave park inventé par un bordelais, Laurent Héquily avec sa start-up “Waveriding Solution”. Ce projet se nomme Okahina Wave.

Système breveté à l’été 2015, qui s’inspire du fonctionnement hydraulique des récifs coralliens annulaires (atolls) et consommerait trois fois moins d’énergie que les autres procédés. Autre avantage, pas d’installation “en dur” puisque le procédé serait installé dans des spots/récifs existants en pleine mer, océan ou même lac.

Sa promesse exprimée sur son site web est la suivante

Une vague en milieu naturel : mer, lac, rivière ou plan d’eau des villes. Un atoll flottant sans bassin en béton ni système de filtration. Une vague toutes les 15 s qui creuse et qui tube. Un temps de glisse de 30s et dans une certaine configuration, une vague artificielle à surf infinie. Un fonctionnement inspiré de la nature, économe en énergie et qui n’impacte pas l’environnement. Un récif artificiel pour la faune et la flore.

© Okahina Wave
© Okahina Wave

Selon le journal Sud-Ouest, Okahina Wave aurait déjà réalisé un prototype à l’échelle un quart et aurait bouclé un premier tour de table, à hauteur de 260 K€. Il bénéficie du soutien d’Eurosima, l’association qui fédère l’industrie des sports de glisse.

En savoir plus sur le projet Okahina :

(Update Juin 2017) : le wavegarden situé au pays basque espagnol a publié une vidéo de sa vague artificielle capable de produire jusqu’à 1 000 vagues par heure.

The wave is really good, it’s pretty similar to the waves in the ocean. — Gabriel Medina (Brazil), 2014 World Champion

After years of R&D, we are delighted to share with you a video on our latest innovation, the Wavegarden Cove. Understand all the features of this technology and listen to the feedback from some of the best surfers in the world who have tested our demostration center in the Basque Country.

La Wavegarden basque peut proposer des vagues de 50 cm à des tubes allant jusqu’à 2,40m.

Situé sur la commune de Aizarnazabal dans la province basque de Guipuscoa, près de Zumaia et à moins d’une heure en voiture de la frontière française (Hendaye), la technologie The Cove peut produire au maximum 2 vagues toutes les 8 secondes.

© Wavegardern
Maud Le Car © Wavegarden
Joan Duru © Wavegarden

Le test de The Cove par le couple de surfeurs français Joan Duru et Maud le Car à découvrir ci-dessous

Dans une interview au journal Sud-Ouest, Karin Frisch, cofondatrice de Wavegarden, décrit une technologie capable de produire 21 types de vagues.

Le bassin de “The Cove” est de 50 m sur 80m

“Nous pouvons modifier la hauteur, la vitesse et la forme de la vague pour s’adapter au niveau du surfeur. L’ancienne version, présentée en 2013, offrait moins de possibilités et des déferlantes plus “mécaniques”. Elle était aussi nettement plus vorace en énergie”

L’ancienne technologie est celle déployée aux Pays de Galles et au Texas. Le nouveau prototype est nettement plus abouti.

La start-up basque espagnole travaille sur ce concept depuis plus de 10 ans et tente de modéliser les houles artificielles.

Joan Duru, interviewé par le journal local, commentait ainsi son expérience de la wavegarden

“C’est un très bon complément pour travailler sur la technique et essayer de gommer ses défauts. On peut surfer pendant des heures avec l’assurance d’avoir des vagues. Mais cela ne remplacera jamais l’océan où tout est plus compliqué, moins “organisé””

Tous les détails sur la Wavegarden à voir sur leur site

Pour JL Arassus, président de la Fédération Française de Surf, à propos des vagues artificielles (itw Sud-Ouest)

“La vague artificielle permettrait de modifier de A à Z la préparation de nos athlètes, mais aussi de donner un élan à cette filière du surf, qui ne serait plus l’apanage des régions côtières. On sait que l’Île-de-France est aujourd’hui le plus gros réservoir de surfeurs en France.”

© Wavegarden

La polyvalence de notre technologie signifie que nous pouvons modifier instantanément la hauteur, la forme et la puissance des vagues afin de les faire correspondre au niveau de tous les surfeurs présents. Quant à la quantité des vagues, elle peut aussi être ajustée en fonction du nombre de surfeurs à l’eau.” (Josema Odriozola, fondateur de WaveGarden dans une interview à Sud-Ouest)

Recently we invited 16 yr old Brazilian surf prodigy Mateus Herdy to drop past our R&D demo centre in Spain to trial the Wavegarden Cove on his new Pukas surfboards. Rated as one of the most talented junior surfers in the world, the young upstart was able to put his equipment through its paces in a solo session he won’t be forgetting any time soon.

© Wavegarden

Et la dernière vidéo publié début Septembre 2017 avec différentes équipes nationales qui étaient présentes à Biarritz en Mai 2017 dans le cadre des championnats du monde et qui sont venues faire un petit saut au Pays basque espagnol pour tester la fameuse Wavegarden !

In 2017, surf teams from 47 nations made their way to Biarritz, France to compete in the ISA World Surfing Games. We seized the opportunity to meet surfers from distant lands and offer them the chance to surf the Wavegarden Cove at our R&D demo center. Amongst the lucky ones were surfers, coaches and trainers from France, Spain, USA, Japan, England, China, Germany, and Scotland.

Et encore un autre projet en France avec l’Infinitywave à découvrir ci-dessous à Châteaudun (28)

Le fonctionnement

Infinitywave est un nouveau concept de vague artificielle continue, permettant de surfer sur une vague sans arrêts, et ce, grâce au rebond de la vague sur les parois du bassin. Un système simple mais audacieux qui conviendra tant aux surfeurs expérimentés, à la recherche de nouvelles sensations, qu’aux débutants voulant s’initier au surf !

Le projet

L’idée (après la conception !), est de développer le projet aussi bien au niveau national qu’à l’international et pourquoi pas, de créer une nouvelle discipline de surf “freestyle” ! Le surf parc en construction à Châteaudun est donc un prototype ; Ce sera le premier bassin Infintywave (avec une taille réduite mais qui prend déjà pas mal de place !).

Côté Bordeaux, ça avance aussi avec d’ici quelques années un surf park près du parc des expositions avec Suez et l’UCPA comme partenaires.

© S.Martigue — SudOuest

Le journal Sud-Ouest nous en apprend plus sur ce projet dans un article de Juin 2017. Ce projet initié en 2012 par 5 passionnés de surf et qui se concrétise en 2015 par la création de la société Inspiral Developpement souhaite devenir le premier “surfpark” de France.

Le plan d’eau devrait se situer à Bruges dans le quartier de Bordeaux-Lac sur un terrain de 8ha situé près du parc des Expositions et du Camping international de Bordeaux. Le terrain correspond à un terrain où la mairie de Bruges souhaite ériger son futur stade nautique.

Le projet a le soutien de la métropole de Bordeaux et du pôle attractivité de cette dernière présidée par Virginie Calmels, adjointe d’Alain Juppé.

Suez (qui apporte son expertise en ingénierie technique) et l’UCPA (spécialiste du tourisme outdoor) ont formé un consortium investisseur-exploitant-mainteneur pour accompagner la société Inspiral Développement.

« Pour le moment nous sommes accompagnateurs sur ce projet, précise Matthieu Briol, directeur du développement chez UCPA, mais on y croit beaucoup. Nous connaissons bien le monde du surf pour avoir une vingtaine de spots sur la côte, et l’idée de faire un lien avec la métropole de Bordeaux, à Bordeaux-Lac, cela a du sens. » (interview 20Minutes Bordeaux, Octobre 2017)

La technologie retenue par le surfpark de Bordeaux est celle de Wavegarden. Selon les porteurs de projet bordelais, la techno surfpark est celle permettant “la meilleure expérience de glisse, le nécessaire équilibre économique et une intégration durable dans le territoire”.

Pas de date en revanche sur ce projet qui ne verra de toutes façons par le jour au mieux avant 2021. Le projet se chiffre à près de 20 M€.

Il faut un partenaire solide, et l’UCPA c’est le premier fournisseur de cours de surf en France ainsi que le premier employeur dans le monde du sport. » Lilian Labit vise « 100.000 heures de cours de surf par an » avec son équipement. « Ce que l’on souhaite, c’est offrir un plus grand accès à la pratique, en complément à la pratique en milieu naturel. C’est un équipement qui peut servir au loisir, mais aussi à l’entraînement. » (itw 20Minutes Bordeaux)

Plus d’infos à suivre sur le site du SurfPark Bordeaux

Enfin, un projet dans les Landes près de Lit-et-Mixe est toujours en discussions, la réflexion datant déjà depuis quelques années.

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