Portrait # 1 Chrystèle Gimaret, l’entrepreneure écolo-pragmatique.

Makeba Chamry
Le Bureau des Rituels
6 min readSep 8, 2017

Chrystèle Gimaret, dirigeante fondatrice d’Artupox, société de nettoyage écologique, livre sa vision d’un nouveau leadership et le moteur de son engagement entrepreneurial.

L’entretien a eu lieu dans ses bureaux du IIème arrondissement, dans un de ses passages dont Paris a le secret. Après avoir sonné, j’entends des pas décidés s’approcher. Elle m’ouvre la porte elle-même. Ici pas d’accueil gigantesque, tout est net, optimisé, sans fioritures, à son image. D’ailleurs tout est décidé chez elle : l’allure, la poignée de mains, le regard, le sourire. Une femme solide, ancrée, avec des convictions qu’on a tout de suite envie de faire siennes tellement cela lui semble naturel de faire les choses ainsi.

Issue d’une lignée de chefs d’entreprise, le goût de l’entrepreneuriat n’est pas un heureux hasard. Se promenant dans l’usine de son grand-père, haute comme 3 pommes, elle se souvient s’être déjà faite la promesse d’être « chef » comme lui plus tard. Dès lors, après des études de mathématiques et quelques années dans l’enseignement, elle a suivi le tropisme familial, elle s’est lancée.

Rendre visibles les invisibles.

Elle crée Artupox, en 2005, une société de nettoyage écologique, à base de produits écolabellisés d’origine scandinave, quand presque personne ne parlait encore de développement durable ou de responsabilité sociale de l’entreprise.

Elle installe un modèle disruptif et prend le contrepied de tous les standards du secteur : faire le nettoyage de jour, proposer le CDI comme seul contrat de travail, affecter l’employé à un site de façon pérenne. Traditionnellement, les hommes et les femmes de ménage interviennent tard le soir ou très tôt le matin quand les salariés sont en majorité absents. “Chez Artupox, le nettoyage intervient en présence des clients, on ne le cache pas, on va même le mettre en scène avec un uniforme seyant et un badge avec le prénom.

Chrystèle veut rendre visible les invisibles et permettre à ces travailleurs d’avoir une vie de famille plus digne. “Ils travaillent la nuit, tous seuls, dans les bureaux qui sont déserts. Ils ne peuvent pas voir grandir leurs enfants, les emmener à l’école, avoir une vie de famille normale.

Mais ce qui compte encore plus à ses yeux, c’est que le travail de jour réintroduit de la relation humaine entre l’entreprise de propreté et ses clients. “Artupox est une entreprise libérée, nous déclare-t-elle fièrement.

Pas de service commercial, pas de service d’inspection de la propreté. “On mise tout sur le contact direct entre notre client et notre salarié. Le contrôle qualité est rempli par le client. Tout le monde est impliqué à son degré. Artupox a encore des managers mais chaque hôte de propreté est responsable de son site. Chacun est affecté au même endroit tous les jours de l’année. Il y a une confiance qui s’instaure et une responsabilisation qui encouragent le respect mutuel. Un cercle vertueux est installé. “On ne peut plus dire pour l’employé : ce n’était pas moi, c’était mon remplaçant, etc. De même, c’est très difficile pour un client de jeter un papier à côté de la poubelle genre panier de basket, il sait très bien qui viendra ramasser après.

L’entreprise du bonheur.

Depuis la création de l’entreprise, Chrystèle est abonnée aux récompenses en tous genres. L’une des dernières en date : le Trophée du « Leader responsable » dans la catégorie Social en 2016.

Selon elle, trois pratiques retiennent le plus l’attention de l’écosystème. Tout d’abord le cercle vertueux qui s’instaure grâce à la connivence créée entre « l’hôte de propreté » et le client.

Ensuite la philosophie du « care » d’Artupox, une véritable symétrie des attentions collaborateur/client analyseraient les experts en management, avec une attention particulière au bien-être au travail totalement unique dans le secteur du nettoyage et de la propreté. “Par exemple, pour le transport, un vrai sujet dans le secteur, on va essayer de faire en sorte d’attribuer des sites plutôt proches du domicile ou en tout cas très accessibles. Pas plus de 5 stations de métro entre 2 clients et pas plus de 3 clients par jour. Pas de matériel à transporter non plus, tout est livré sur site.

Et enfin faire le maximum pour mettre les employés en valeur : des uniformes tendance qui changent en fonction des saisons, une couleur de T-shirt différente chaque jour, pour montrer qu’ils ne portent pas le même que la veille. Ils ont même une “Madame Bonheur” (Chief Happiness Officer) pour prendre soin d’eux et être à leur écoute.

“Je souhaite tout simplement qu’ils aient de la joie d’aller au travail, confie Chrystèle. Avoir un travail d’une certaine pénibilité n’empêche pas le bonheur au travail et c’est mon rôle d’y contribuer.

La notion de performance n’est absolument pas éludée, au contraire. « Quand on est heureux de ce qu’on fait, on a envie d’être performant ». L’enjeu a été surtout de trouver des moyens de reconnaissance et de valorisation différents auprès de salariés à qui pour la plupart, on ne pourra pas proposer des postes alternatifs avec plus de responsabilités et faire monter dans la hiérarchie.

Témoigner régulièrement d’une marque de respect, d’une attention particulière fait souvent toute la différence, même si l’octroi d’une prime financière pour des bas salaires reste essentiel. “Pour les fêtes de fin d’année les salariés reviennent souvent avec des pourboires des clients, mais ce qui leur fait le plus plaisir et ce dont ils parlent des mois après, c’est le mot de remerciement qui accompagne l’enveloppe, qui est la reconnaissance de leur travail et leur implication tout au long de l’année.

Aujourd’hui, avec ce modèle s’inspirant presque de la conciergerie de luxe, Artupox est devenu leader du secteur de nettoyage dans l’évènementiel, mais travaille également pour les entreprises du CAC 40 et des PME. Avec un chiffre d’affaires en augmentation de 10% et 9 nouvelles recrues en 2017, c’est une belle preuve par l’exemple de la possibilité d’offrir de belles conditions de travail à ses salariés, s’inscrire dans une démarche de développement durable et faire croître son chiffre d’affaires.

Le nouveau leadership

Navigant dans des cercles d’entrepreneur-e-s qui la nourrissent, entre Les Premières, Croissance Plus et Entrepreneurs d’Avenir, la vision du leadership de Chrystèle Gimaret est empreinte de pragmatisme. LA posture à cultiver dans cette nouvelle culture du leadership selon elle ? La réponse fuse, rapide : l’accessibilité !

Parce que l’accessibilité va de pair avec l’empathie, qui va de pair avec l’ouverture et la recherche de solutions alternatives. “L’erreur suprême à ne pas commettre : s’enfermer dans une bulle dans laquelle on reste tout seul ou avec uniquement des personnes qui vous ressemblent.

Travailler cette capacité d’ouverture est clef selon elle, un état d’esprit qui permet la perméabilité et la compréhension de nouvelles idées, qui autorise les changements de posture, qui aiguise la curiosité et l’envie de découverte, un appétit du monde. Pour Artupox, elle est allée chercher l’inspiration un peu partout. “J’ai pris l’idée de l’uniforme à Dubai, importé les produits écologiques labellisés de Suède, et emprunté à l’Espagne leur façon fun de faire du nettoyage, les couleurs flashy,…

Ce qui lui a permis de traverser les difficultés : promener son chien tous les matins, sans smartphone, au bois de Boulogne et puis cette citation de Mark Twain : « Ils pensaient que c’était impossible alors ils l’ont fait ». Ce qui lui a inspiré le mot de la fin : “Commencez quelque part, cultivez vos convictions et surtout agissez pour incarner vos idées. Le reste suivra.

Swaan est le rituel des leaders d’un nouveau type. C’est un programme de changement culturel pour accompagner les organisations et les individus dans un nouvel imaginaire collectif positif, inspirant et aligné avec les vibrations du nouveau monde.

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Makeba Chamry
Le Bureau des Rituels

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