Brown-out: quand votre travail n’a plus de sens et qu’il est temps de switcher…

SWITCH COLLECTIVE
SWITCH COLLECTIVE
Published in
4 min readNov 3, 2016

Switch Collective fédère une communauté d’actifs en quête de sens et leur apprend à inventer un parcours qui leur correspond grâce à du contenu, des événements et sa formation “Fais le bilan calmement”.

Il a beaucoup été question de brown-out ces derniers temps dans la presse (voir dans le Figaro, LCI et Le Temps). L’expression est nouvelle, mais la réalité sous-jacente ne l’est pas. Le brown-out, littéralement “baisse de courant” (plus exactement, en anglais, c’est la baisse de tension sur un réseau électrique), désigne la souffrance que nous éprouvons quand nous avons le sentiment que notre travail est inutile. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une étude Gallup, 91% des salariés français se sentent désengagés de leur travail!

Il y a trois ans, l’anthropologue David Graeber avait déjà popularisé l’expression bullshit job, et concentré son analyse sur le pouvoir abrutissant des organisations bureaucratiques (voir notre article Switch sur les bullshit jobs). Le brown-out, lui, s’applique à une crise existentielle qui nous affecte au plus profond de nous-mêmes.

Chez Switch Collective, nous observons au quotidien la réalité du brown-out. Parmi les quelques 250 switchers qui ont déjà participé à notre programme de formation Fais le Bilan pour enclencher leur switch, une majorité explique souhaiter switcher parce qu’ils doutent de l’utilité de ce qu’ils font, ou parce que ce qu’ils font n’est pas en adéquation avec leurs valeurs. Ils se sentent aliénés.

L’aliénation au travail n’a jamais été autant d’actualité

Les économistes classiques expliquent l’aliénation au travail par la division du travail, autrement dit, le “travail en miettes”, lorsque le travailleur n’est qu’un rouage dans un vaste système qu’il ne maîtrise pas et ne comprend pas.

Déjà, pour Adam Smith, la division du travail était source de croissance et de richesses infinies, mais le prix à payer était un sentiment d’aliénation et d’ennui. Le prix était acceptable au 18ème siècle car l’autre branche de l’alternative était la famine et la misère.

Dans la continuité de Smith, Karl Marx a approfondi la théorie de l’aliénation au travail. Pour lui, cette aliénation affecte profondément la condition humaine : le travailleur est morcelé, déchu ; il a abandonné ou perdu une part de son humanité. Quand l’être humain n’est qu’un rouage dans un système social qui le dépasse et l’asservit, alors il intériorise cette aliénation sociale et y voit l’ordre naturel des choses. Il est un être humain incomplet.

L’homme complet, à l’inverse, est celui qui recouvre la maîtrise des processus de production, la maîtrise de son travail. Il peut organiser sa vie en fonction de l’union du travail intellectuel et du travail manuel. Il peut développer toutes ses capacités et les appliquer à un art oublié : celui de travailler et de vivre dans le même temps et le même mouvement.

Devenir un homme ou une femme complet(e)

La notion d’aliénation selon Marx est revisitée dans le concept de brown-out. Le salaire, les avantages du salariat, la sécurité statutaire mettent le salarié à l’abri des besoins primaires, mais ils ne suffisent pas à en faire un homme ou une femme “complets”.

Quand on ne sait plus pourquoi on accomplit les tâches du travail au quotidien, il se produit une démission intérieure, une forme d’aliénation qui sépare l’individu en deux. Il y a “deux corps” : le corps physique mime les gestes du salarié impeccable — gestes répétitifs ou simplement vides de sens. Ce corps enchaîne les réunions, suit les processus adéquats, répond aux emails ou remplit les formulaires pendant que le deuxième corps, le corps psychique, part à la dérive et se détache du premier.

Tant qu’on ne s’attaque pas à la question du sens, toute amélioration du bien-être au travail n’est qu’accessoire

Les managers soucieux de remotiver leurs employés ou d’augmenter leur bien-être au travail leur ménagent de jolis espaces de travail, achètent des fauteuils ergonomiques, installent des baby-foot et des tables de ping-pong, embauchent même des “Chief Happiness Officers”.

Mais tout ça est aussi vain que de poser un pansement sur un membre rongé par la gangrène. Tant qu’on ne s’attaque pas à la question du sens, toute amélioration n’a d’effet que décoratif.

Beaucoup de gens qui souffrent de brown-out pensent que le problème, c’est eux. C’était aussi notre cas avant que nous nous lancions dans l’aventure Switch Collective. En venant rencontrer d’autres switchers au sein de notre communauté et dans le cadre de notre programme de formation “Fais le bilan calmement”, ils comprennent que le mal ne vient pas d’eux, mais du système dans son ensemble.

Contrairement aux bilans de compétences classiques, nous adoptons une approche globale et collective plus axée sur les potentialités des individus que sur leurs expériences passées. L’objectif étant de viser la « réussite pour soi et non la réussite en soi ». Avec comme enjeu premier : savoir qui l’on est et ce qui a profondément du sens pour nous. Car comme disait Nietzsche :

« Celui qui a un Pourquoi qui lui tient lieu de but, de finalité, peut vivre avec n’importe quel Comment ».

Et vous, quel est votre Pourquoi?

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le partager :)!

Pour en savoir plus sur notre formation “Fais le bilan calmement” c’est par ici. Pour découvrir nos autres posts sur le sujet, inscrivez-vous à notre publication Medium

--

--

SWITCH COLLECTIVE
SWITCH COLLECTIVE

Switch Collective fédère une communauté d’actifs en quête de sens et leur apprend à inventer un parcours qui leur correspond. Suivez-nous sur Twitter @Swiiitch