Photo : Pierre-Luc Arseneau

À contre-courant… en Béssikàpédale

Symbiose
Synthèse

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Par Pierre-Luc Arseneau

L’été dernier, j’ai pris la décision d’utiliser seulement le vélo pour mes déplacements quotidiens pendant mon séjour à Beresford pour un emploi étudiant. L’idée m’est venue à la suite de mon implication dans le mouvement environnemental. Plus précisément, j’ai été inspiré par Gandhi cité par Cyril Dion : « Montrer l’exemple n’est pas la meilleure façon de convaincre, c’est la seule ».

Bon, au début je m’étais dit : mes proches vont comprendre, ils vont me supporter, ils comprennent la réalité de la crise écologique et de l’urgence des changements climatiques. En réalité, ce n’était pas si simple. La plupart de mon entourage trouvait ça un peu bizarre. J’ai l’impression qu’ils voyaient le transport actif comme une façon de perdre du poids, ou de se remettre en forme, mais pas comme une façon efficace de réduire mes émissions de gaz à effet de serre.

Au travail, j’ai eu des questions du style : « C’est quoi t’as pas de char? », « Ya pas de bicycle au gym? », « Qu’est-ce tu vas faire quand y mouille? Quand y vente? ». Je leur expliquais en réponse tous les bienfaits du transport actif : économie d’argent, réduction de la pollution, meilleure santé mentale, meilleure santé physique. Mais ils me regardaient quand même avec des grands yeux perdus.

Le pire, c’est les gens qui conduisaient leur auto une dizaine de kilomètre pendant une journée d’été parfaite, le tout pour se rendre à la salle de sport, pour ensuite faire trente minutes de vélo stationnaire. Ah, l’ironie.

Ça peut paraître fou faire une vingtaine de kilomètre à vélo tous les jours : les autos qui passent tellement près de toi que tu songes à écrire ton testament à 23 ans, la senteur du diesel quand un camion lourd passe, c’est un peu moins rapide, les gens te confondent pour un sans-abri…

Mais l’été avance et je comprends qu’il y a d’autres bienfaits au transport actif. Tu ne te tannes pas du vent de la mer et du soleil qui frappe ta peau le matin. De l’air frais, des rencontres avec les gens qui font la même chose, de l’effet de réveil sans la caféine et de la résilience mentale que tu développes. De plus en plus de gens m’encouragent, et je trouve des façons ingénieuses pour transporter mes choses. Je me sens plus vivant que jamais.

L’été terminé, c’était l’heure du bilan : j’ai sauvé de l’argent, réduit mon empreinte écologique, changé l’avis de certaines personnes dans mon entourage et je termine avec un bon « farmer tan » sur mes jambes un peu plus musclées comme souvenir.

En rétrospective, je me sens comme si je n’avais pas du tout perdu de temps comme on me l’avait promis. J’ai plutôt gagné en expérience et en qualité de vie. Même si rouler en auto m’aurait fait « économiser » 8 minutes tous les matins et tous les soirs, j’aurais sûrement pris ce 8 minutes de temps libre pour faire quelque chose de plaisant comme du vélo.

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Symbiose
Synthèse

Environnement et justice sociale — Université de Moncton