Une Néo-Brunswickoise à la COP25

Symbiose
Synthèse
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4 min readFeb 3, 2020
Claire Kelly raconte son expérience à la COP25 durant le Green Drinks du 30 janvier. Auteur : Antoine Zboralski

La candidate du Parti Vert pour Moncton-Riverview-Dieppe à la dernière élection fédérale, Claire Kelly, a eu l’opportunité de se rendre à la COP25 en décembre dernier à Madrid, en compagnie de deux autres personnes du Nouveau-Brunswick. Elle nous a offert un récit de son voyage durant le Green Drinks du 30 janvier, qui a attiré une trentaine de personnes. En voici un résumé.

Chaque année depuis 25 ans se tiennent les COP, des conférences internationales organisées par les Nations Unies pour coordonner la lutte contre les changements climatiques à l’échelle mondiale. Les plus fameuses furent à l’origine du protocole de Kyoto (COP3 en 1997) et de l’Accord de Paris (COP21 en 2015). Pourtant, peu a été fait au regard de l’ampleur des changements climatique. Les deux dernières conférences ont surtout été dédiées aux négociations sur la mise en place d’un marché du carbone à l’échelle mondiale, sans succès jusqu’ici.

Claire nous raconte qu’il y avait deux COP à Madrid : l’une, officielle, qui sert d’espace de négociations entre les différents gouvernements et qui est très peu accessible au public. L’autre, militante, qui accueille des gens du monde entier venus demander aux dirigeants d’agir pour le climat. Par exemple, près de 500 000 personnes ont manifesté à Madrid au début de la COP25 en ce sens, avec Greta Thunberg, les jeunes et les autochtones de nombreux pays. Durant la semaine, plusieurs centaines de personnes, notamment des jeunes et des autochtones, ont aussi manifesté au sein même de la zone de négociations, ce qui leur a valu de perdre leurs accréditations. La COP constitue une occasion idéale pour que les militantes et les militants se rencontrent, discutent et réfléchissent ensemble. Claire a par exemple participé à une rencontre avec des Verts venant du monde entier.

Al Gore à la COP25. Auteur : Reuters

Elle a assisté à différentes conférences. L’une faisait notamment intervenir un astronaute en direct de la station spatiale internationale qui témoignait de l’apparente fragilité de la vie sur notre planète vue de l’espace. Une autre conférence portait sur les changements à l’œuvre dans les courants-jet (jet streams). Une troisième était présentée par l’ancien vice-président états-unien Al Gore, qui exposait les données et le constat de son documentaire « Une vérité qui dérange » (An inconvenient truth) mis à jour. Il semble avoir été l’un des rares lors de la COP25 a avoir souligné le lien entre changements climatiques et migrations de masse. Il a aussi souligné une augmentation du nombre de projets d’oléoduc annulés par rapport à ceux mis en service ces dernières années. Claire a cependant appris qu’Al Gore siège depuis de nombreuses années sur le conseil d’administration d’Apple Inc., ce qui peut sembler paradoxal au regard de son engagement écologique.

En ce qui concerne le Canada, le discours d’ouverture du ministre de l’environnement alors nouvellement nommé, Jonathan Wilkinson, ne semble pas avoir convaincu Claire. Le Canada, avec les États-Unis, a d’ailleurs reçu cette même semaine le prix du Fossile du Jour pour son double discours. D’un côté, le gouvernement canadien souhaite lutter contre les changements climatiques. De l’autre, il autorise la construction du pipeline TransMountain. À la même période, on apprenait aussi que le mégaprojet Teck Frontier, qui serait la plus grande mine de sables bitumineux d’Alberta, pourrait bientôt être autorisé par le gouvernement fédéral.

Cette COP s’est achevée sans accord, sans réussite majeure. Beaucoup repartent divisés et déçus. Le Brésil, l’Australie, la Chine et les États-Unis sont jugés comme les principaux responsables de cet échec. Le Canada, bien que ne faisant pas partie de ces « quatre diaboliques », n’a pas non plus brillé par son leadership. Pour rendre la COP26 plus efficace, Claire propose d’exposer les négociateurs à la pollution de l’air de nombreuses villes du monde, à l’image de cette exposition organisée pendant la COP permettant aux visiteurs d’entrer dans des capsules où l’air pollué de différentes villes du monde est simulé.

Les capsules de pollution mises en place à la COP25 par Michael Pinsky de la University of East London simulent la qualité de l’air de plusieurs villes du monde, comme Pékin, Londres, São Paulo ou New Delhi.

En conclusion, les COP, malgré leurs échecs diplomatiques successifs, permettre de partager les expériences réussies de changements et d’ouvrir des espaces internationaux de discussions pour les États, mais aussi pour les activistes. Claire rappelle quelques données essentielles : le changement climatique, c’est maintenant, 2030 est à nos portes, et nous n’avons pas le luxe d’attendre vingt-cinq autres années de négociations avant d’agir. Le Canada est 158ème pour l’indice de développement durable, qui mesure l’efficacité écologique du développement humain. Aujourd’hui, nous avons besoin de collaboration, de volonté politique, et de mouvements populaires pour soutenir les changements. Cette année, des élections municipales auront lieu dans plusieurs provinces. Elles seront l’occasion d’élire des gens qui pensent à l’environnement dans toutes les décisions. Nous en avons besoin à tous les niveaux de gouvernement, et il faut les soutenir.

Texte rédigé par Antoine Zboralski à partir de la présentation de Claire Kelly du 30 janvier 2020 au bar étudiant Le Coude.

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Environnement et justice sociale — Université de Moncton