Perspectives sur l’IA, son potentiel et ses limites

Roy Andraos
Taqadam
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4 min readJul 16, 2018

L’édition 2018 du Congrès AI Paris a permis de mettre en lumière les dernières innovations en matière d’intelligence artificielle et d’afficher les progrès réalisés dans le développement de l’écosystème de l’IA à l’échelle de la France mais aussi du monde. En démystifiant l’intelligence artificielle et en exposant ses applications potentielles dans le monde actuel, cela signe une étape importante dans la démocratisation de cette technologie et son acceptation par le grand public. En effet, on ne peut être que fasciné par les nombreuses applications de l’IA, notamment dans des secteurs, tels que la santé, l’éducation ou le retail. Cependant, comme nous le rappelle Rabelais, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » : le côté éthique reste donc à aborder.

La peur de la disparition de certains métiers, corps de métiers ou même d’industries à part entière est légitime dans le sens où l’impact de l’intelligence artificielle sur nos vies est plus en plus concret et mesurable. La question qui se pose est de savoir si cette ‘destruction’ va être accompagnée, à long-terme, par une création d’emplois, tel que théorisé par Schumpeter en 1942. Le phénomène de ‘destruction créatrice’ qu’il décrit, pourrait permettre de lever le doute et les réticences concernant l’impact de l’IA. D’un point de vue historique, l’IA se pose ainsi dans la continuation des innovations technologiques qu’a connu le monde au siècle dernier. L’optimisme serait ainsi de mise, sur le moyen terme, en comptant sur la capacité d’adaptation des êtres humains face aux changements technologiques.

Bien loin de moi l’idée et la prétention de faire une analyse économique et éthique de l’impact de l’IA, mon attention se porte plutôt sur les solutions que l’IA offre pour résoudre des problèmes sociaux majeurs qui peinent à être adressés à l’échelle du monde. En juin 2017, avec un groupe d’amis et d’anciens collègues des Nations Unies, on s’est penché sur cette question avec pour objectif de mettre au point une solution technologique qui permettrait de répondre à un défi humain de taille : la crise socio-économique au Moyen-Orient, et plus particulièrement au Liban. On a démarré notre projet par une phase de recherche et de conception centrée sur l’être humain (Human-Centred Design), qui nous a permis de mesurer les dimensions réelles de cette crise humaine ainsi que ces multiples facettes.

Plus de 70 % des réfugiés syriens et 10 % des Libanais vivent en dessous du seuil d’extrême pauvreté. 200 000 Libanais y auraient plongé du seul fait de la crise syrienne. 94,5 % des réfugiés syriens souffrent d’insécurité alimentaire,

- ID4D, https://ideas4development.org/crise-refugies-liban-arcenciel/

Nous nous sommes rendu compte, par exemple, que malgré les difficultés économiques et de niveau de vie éprouvées par les communautés vulnérables au Liban, la majorité des jeunes adultes dispose d’un smartphone et d’une connexion internet en continue (3G/4G). On a également découvert qu’une partie de ces jeunes avait suivi des programmes informatiques/de formation sur ordinateur, initiés par les agences des Nations Unies (et leurs ONGs partenaires). Malgré cela, les opportunités de travail qui leur permettrait de sortir du cycle de pauvreté, de l’isolement communautaires et de construire leur vie dignement, manquent toujours.

Par ailleurs, les dernières avancées en matière d’IA ont permis à de nombreuses entreprises de développer et de perfectionner des algorithmes de reconnaissance d’images à des fins diverses, y compris l’utilisation des drones et satellites à des fins humanitaires ou bien même l’optimisation des processus de fabrication dans l’industrie.

Bien que les deux univers décrits précédemment semblent distincts et loin l’un de l’autre, l’idée de rapprocher technologie et impact social a progressivement émergé. C’est alors qu’on a crée la startup TaQadam.

TaQadam permet de répondre à un besoin réel des entreprises de l’intelligence artificielle, qui est celui de l’annotation manuelle d’images, offrant un service de gestion et d’annotation d’images personnalisé à chaque cas d’usage. Les annotations sont réalisées par une main d’oeuvre principalement composée de jeunes femmes adultes, sélectionnée et formée en partenariat avec les Nations Unies et ses ONGs partenaires, au Liban.

Notre main d’oeuvre est spécialement formée à chaque cas d’usage, les familiarisant ainsi avec l’industrie et le type d’annotations

Au travers de cette startup, nous offrons ainsi la possibilité à ces jeunes personnes de générer un revenu, tout en les intégrant dans le monde du travail futur, alimenté par l’intelligence artificielle.

Roy Andraos

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