La start-up Domraider boucle la première ICO française

Christophe Greuet
TechUpfr
Published in
5 min readOct 8, 2017

C’est fait ! Basée à Clermont-Ferrand, la start-up Domraider boucle cette semaine la première ICO française d’envergure, qui pourrait financer son pivot.

Cela n’aura mis que quelques semaines à traverser l’Atlantique. L’ICO, méthode de levée de fonds décentralisée basée sur la Blockchain et les crypto-monnaies (voir ci-dessous), connaîtra cette semaine sa première mise en oeuvre grandeur nature en France, grâce à la start-up Domraider, basée à Clermont-Ferrand.

Créée en 2013, Domraider est jusqu’à aujourd’hui spécialisée dans le “drop-catching”, qui consiste en l’enregistrement automatisé de noms de domaine expirés. “Nous achetons ces noms de domaines, puis les revendons aux enchères à nos clients qui nous les ont demandés” précise Tristan Colombet, fondateur de la société. La société finance son activité via la vente du nom, puisqu’elle est un acteur supplémentaire de l’enregistrement des domaines, accréditée de auprès vingt registres dans le monde.

Le film de présentation de la Domraider ICO.

Une ICO pour financer un futur pivot

Mais, comme dirait la pub, ça, c’était avant. “Nous envisageons aujourd’hui de céder notre activité historique, qui a généré en 2016 un peu moins d’un million d’euros de chiffre d’affaires” poursuit Tristan Colombet. A l’origine de ce projet, la volonté de la société de “pivoter”, afin de passer d’un modèle centralisé à un autre décentralisé. “Nous souhaitons profiter de la révolution Blockchain afin de créer un réseau décentralisé destiné aux professionnels de la vente aux enchères, sur tous types de biens, que ce soit en live ou en ligne” détaille le fondateur. Pour cela, la société a investi un million d’euros, et mobilisé 35 de ses 40 salariés afin de préparer, depuis un an, son projet d’ICO, qui elle l’espère lui “permettra de rembourser (son) investissement”.

Dans le livre blanc qui accompagne le lancement de l’ICO, Domraider écrit : “Nous allons lancer une nouvelle plateforme ouverte, décentralisée et dédiée à la gestion en temps réel de n’importe quelle vente aux enchères dans le monde, online ou live. Nous souhaitons poser les fondements d’un écosystème accessible à tous, dont les fonctionnalités et les possibilités ne seront pas limitées. Chacun pourra en effet s’y connecter pour vendre, enchérir, organiser une enchère ou proposer un service à destination de l’écosystème”.

Les schémas de présentation du futur réseau Domraider.

15% des tokens distribués à la communauté

Afin de supporter son projet, Domraider a lancé sur la plate-forme Ethereum le Domraider Token (DRT), et émis 1,3 milliards de cette devise. A ce jour, la quasi-totalité des 560 millions de DRT mis sur le marché ont déjà été acquis. “Nous conservons 35% des tokens en réserve, et allons en distribuer les 15% restants à ceux qui participé à l’ICO : nos advisors et partenaires, sans oublier la communauté d’utilisateurs des crypto-monnaies, qui est fondamentale pour nous” résume Tristan Colombet.

Par la suite, le réseau d’enchères Domraider permettra aux professionnels du secteur (salles d’enchères, sites web…) de publier leurs offres de manière décentralisée, tandis que les tokens serviront de moyen de paiement sur le réseau. “Grâce à cette conception, nous allons attirer des acheteurs du monde entier avec toute la transparence et la résilience que garantit la technologie Blockchain. Sur le réseau Domraider, un enchérisseur restera bien entendu anonyme, mais le suivi de la somme de l’enchère sera public.” Les jetons DRT seront émis le 18 octobre prochain tandis que le lancement du réseau d’enchères Domraider aura lieu au premier trimestre 2018.

La campagne publicitaire TV de la Domraider ICO.

Une campagne de publicité TV remarquée

Passionnée par le fait d’être “précurseur français dans un nouveau modèle de financement”, Domraider n’a pas lésiné sur les moyens pour communiquer sur son initiative. La start-up a ainsi lancé une campagne de publicité sur trois chaînes télévisées, BFMTV, BFM Business et LCI. “Notre objectif n’était pas d’expliquer le concept d’ICO, ce qui nécessite plus de trente secondes, mais d’attirer l’attention des investisseurs professionnels sur ce nouveau mode de financement” ajoute Tristan Colombet.

Le chef d’entreprise est aujourd’hui très enthousiaste sur le développement des ICO. “C’est un nouveau mode de financement qui trouvera rapidement sa place entre le financement traditionnel (levée de fonds), les introductions en bourse, et le crowdfunding”. Il ajoute que selon lui elles seront “massivement adoptées en France”. Sans toutefois oublier un bémol : “Il convient d’être encore très prudent, tant que le secteur n’est pas régulé. Il est ainsi capital pour les investisseurs de choisir avec un maximum de prudence les opérations auxquelles ils souhaitent participer”.

C’est quoi, au juste, une ICO ?

Très en vogue dans le secteur tech, le concept d’Initial Coin Offering (ou ICO) est une nouvelle forme de levée de fonds basée sur la Blockchain et la plate-forme Ethereum. L’ICO permet généralement de financer le lancement d’une activité, en émettant une crypto-monnaie (ou token) propre au projet. Les acquéreurs des tokens obtiennent alors en contrepartie de leur achat l’accès à certains services du projet, ou peuvent également revendre les tokens afin de les convertir en devises traditionnelles.

L’objectif est de maximiser la valorisation des tokens afin d’assurer un financement maximal au projet. Les ICO sont majoritairement mal vues par les régulateurs financiers internationaux, et sont parfois comparées à un outil d’”ubérisation des VC” car, à l’inverse d’une levée de fonds traditionnelle via un fonds ou un business angel, les acheteurs des tokens n’obtiennent de parts dans le capital de la société émettrice, ce qui permet à ses créateurs de garder la souveraineté sur leur capital et leurs actions.

Selon les observateurs, 1,2 milliards de dollars auraient été levés grâce à des ICO au cours du seul premier trimestre 2017. Le taux de succès de ce type d’opération serait particulièrement élevé : 81% des ICO seraient un succès, selon une étude récente publiée en septembre 2017.

Pour en savoir plus, lire l’article sur les ICO sur Les Echos.

Le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, parle des crypto-monnaies et des ICO à TechCrunch Disrupt SF 2017.

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Christophe Greuet
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