WanderCraft, la start-up française qui veut faire marcher les handicapés

Christophe Greuet
TechUpfr
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4 min readOct 1, 2017
L’un des premiers essais de l’exo WanderCraft. (Photo DR)

Créée en 2012 à Paris, la start-up WanderCraft utilise des concepts robotiques avancés afin de développer un exosquelette qui permettra aux handicapés moteurs d’adopter une marche quasi-naturelle.

Alors que les robots compagnons se développent, que les assistants en intelligence artificielle font déjà partie de notre quotidien, et que les véhicules autonomes sont une réalité, les handicapés moteurs, eux, restent toujours cloués dans leur fauteuil roulant. Aucune technologie, ou presque, n’est développée pour apporter une solution à un véritable problème de société, qui touche 50 000 personnes en France et 350 000 aux Etats-Unis. Une absence que veut corriger la start-up française WanderCraft, créée en 2012 par Nicolas Simon, Matthieu Masselin et Alexandre Boulanger, trois copains de promo de l’Ecole Polytechnique, passionnés de robotique et sensibilisés au monde du handicap.

“Dès la création de la société, WanderCraft a fait le constat que les solutions robotiques d’aide à la marche existantes utilisaient des concepts technologiques anciens” précise l’administrateur de la société Jean-Louis Constanza, qui rejoint les fondateurs peu après la création de la structure. “En effet, les projets concurrents obligeaient les handicapés à utiliser des béquilles, entraînant un important effort des bras, ce qui altérait leur sécurité et ne permettait pas une marche naturelle dans toutes les situations de la vie”.

L’équipe de WanderCraft. (Photo DR)

Une disponibilité début 2019 aux centres de soins

La start-up commence alors à développer un prototype d’exo (terme préféré par l’entreprise à celui d’exosquelette) autonome, fonctionnant sans béquilles, afin de permettre aux handicapés d’obtenir une marche quasi-naturelle dans un milieu de vie courante.

Le prototype de l’exo Atalante. (Photo DR)

Parmi les utilisations visées : marcher sur un sol plat ou accidenté, franchir un trottoir, monter dans une voiture… Un projet qui se concrétisera avec Atalante, le premier prototype de la société, nommé en référence à l’héroïne de la mythologie grecque aux performances physiques remarquables. Un exo d’une soixantaine de kilos dans lequel les bras restent libres, mais muni de pieds, de jambes et d’un dossier rigide.

Pour parvenir à un tel résultat, la société a réuni dans le 17ème arrondissement de Paris une équipe d’une trentaine d’experts en robotique dans un atelier occupant un étage de son siège social. La start-up tient à néanmoins à rester discrète sur les prototypes qu’elle développe. Ainsi, aucune vidéo n’a été rendue disponible au grand public. WanderCraft les réservent en exclusivité aux professionnels médicaux. “Notre exo ne sera disponible que dans plusieurs mois, et nous ne souhaitons pas donner dès aujourd’hui de faux espoirs aux handicapés” tempère Jean-Louis Constanza. L’une d’entre elles, que nous avons pu visionner, montre cependant les sourires affichés sur les visages de la dizaine de paraplégiques qui ont déjà testé Atalante, dans un centre de rééducation du Puy-de-Dôme.

Déjà près de 20 M€ levés

WanderCraft se situe aujourd’hui aux portes de la première commercialisation de son exo, prévue début 2019 aux seuls centres de rééducation (une version personnelle de l’exo est bien prévue, mais pas avant “plusieurs années”). Pour y parvenir, la société devra encore réaliser de nombreux essais cliniques en vue d’obtenir la certification des organismes de santé français (l’Europe, les Etats-Unis et l’Asie viendront ensuite).

Un test “grandeur nature” de l’exo WanderCraft. (photo DR)

Pour cela, la start-up vient d’annoncer une levée de fonds de 15 M€, auprès de plusieurs fonds de premier plan. Outre son actionnaire historique LBO France — Innovation Capital, on compte parmi les investisseurs les fonds XAnge, Idinvest, Cemag Invest, ainsi que Bpifrance dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir.

Cette série B est la troisième levée de fonds pour WanderCraft, qui a déjà réuni près de 20 M€ au total. Parmi les investisseurs “early stage” de la société, Xavier Niel (fondateur de Free) et Marc Simoncini (fondateur de Meetic) font partie des business angels ayant investi en 2013 les premiers 700 000 € de la société. Deux ans plus tard, la société boucle une série A de 5 M€ avec le groupe industriel Gorgé, et déjà le fonds LBO France.

Cette nouvelle levée, dont le co-fondateur Matthieu Masselin assure dans Le Monde qu’elle a été bouclée “sans banque ni roadshow”, permettra notamment à la société de recruter une dizaine de nouveaux collaborateurs, et de s’installer dans de nouveaux locaux plus spacieux, situés dans le 1er arrondissement de Paris.

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Christophe Greuet
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