des métadonnées suffisamment bonnes ?

Virginie Clayssen
textes parus sur teXtes
2 min readSep 6, 2009

C’est une chose de critiquer la qualité des métadonnées du programme Livres de Google, c’en est une autre de le faire de façon systématique et argumentée. C’est l’exercice auquel s’est livré Geoff Nunberg et que l’on peut consulter ici.

La réponse de Jon Orwant, responsable des métadonnées chez Google, est intéressante. Loin de nier le problème ou de chercher à le minimiser, il examine une à une les erreurs pointées par Geoff Nunberg et explique leur origine, et la manière dont Google traite ses questions, à l’échelle des millions d’ouvrages qu’il a numérisés.

Joseph Esposito fait (dans la mailing list Read 2.0) un rapprochement entre le parti pris de Google concernant ce projet — privilégier l’accès rapide à une grande quantité d’ouvrages, et améliorer ensuite progressivement la qualité des métadonnées — et le concept remis à l’honneur dans Wired cette semaine : celui de “good enough”. Francis Pisani traduit dans son billet sur le sujet “good enough” par “pas mal”. Je le traduirais plus littéralement par “suffisamment bon”, me souvenant du terme de “mère suffiisamment bonne” utilisé pour traduire le concept de “good enough mother” proposé par le psychanalyste anglais Winnicott. J’aime cette idée du “good enough”, essentielleemnt déculpabilisante (pour les mères, qui résistent difficilement à l’envie d’essayer de devenir des mères parfaites), mais dans beaucoup d’autres domaines aussi. Ça ressemble à première vue à un concept de feignant, celui qui se contenterait d’un “assez bien”, qui bâclerait le travail, un candidat au “peut mieux faire”. En réalité, le désir de perfection est souvent paralysant. Ce concept de “good enough” permet au contraire de lever bien des inhibitions, permet d’oser faire un premier pas, celui qui coûte le plus.

Mais ce n’est pas en priorité à cause de la qualité de ses métadonnées que le projet Google Livres, et surtout le projet de Règlement auquel le procès intenté à Google par les éditeurs et auteurs américains a abouti est violemment critiqué et combattu. Trois principaux reproches sont faits au Règlement Google Books Search :

- le non respect par Google de la législation sur le droit d’auteur
- le danger de constitution d’un monopole sur l’exploitation des versions numérisées des œuvres orphelines
- le manque de garanties sur le respect de la vie privée

Le délai prévu par le Règlement pour déposer des objections a été prolongé jusqu’au 8 septembre. Et il faudra attendre le 7 octobre, l’audience de la cour de justice américaine chargée de se prononcer sur la validité du Règlement, pour savoir si celle-ci l’aura considéré comme… “good enough”.

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