“We have removed the kobo store from the within application”

Virginie Clayssen
textes parus sur teXtes
4 min readJul 24, 2011

Apple l’avait annoncé, un changement devait se produire après le 30 juin, pour les applications de ses concurrents permettant l’achat et la lecture de livres numériques sur iPAd — iPhone — iPod Touch. Ces applications, qui permettent à des clients d’Amazon, de Kobo, de la Fnac, d’acheter, de télécharger et de lire leurs livres numériques directement depuis leur mobile, ne pourront plus conserver de fonction “acheter”, sauf si elles proposent l’inApp Purchase, soit la solution de vente d’Apple, qui permet le paiement via le compte iTunes du client. Et Apple demande 30% du montant de la transaction à ceux qui utlisent l’inApp Purchase. Jusqu’à présent, rien de concret ne s’était produit, mais voici qu’arrive la nouvelle version de l’application Kobo, et, de fait, elle ne permet plus l’achat de livres numériques . Accepter de reverser à Apple 30% du montant des transactions effectuées via leur application iPad est hors de question : cela signifierait pour Kobo reverser à Apple la totalité ou plus du montant perçu pour chaque vente.

Coup dur pour Kobo, et les autres plateformes qui seront probablement contraintes de se soumettre à la même règle au fur et à mesure de leurs mises à jour. (mise à jour 25 juillet : c’est fait pour l’appli Kindle, et aussi pour Bluefire…)

On sait que la simplicité d’achat est un élément clef dans la fidélisation des clients, et pour tous ceux qui lisent en numérique exclusivement sur leur terminal Apple, l’obligation de quitter l’application de lecture, d’ouvrir le navigateur, d’acheter le livre numérique sur le site web, pour ensuite ouvrir ce fichier via l’application est un vrai handicap. Miser sur les tablettes non iOS ? Il semble qu’aucune d’elle ne décolle réellement pour le moment, et qu’Apple risque de continuer à dominer le marché pendant une longue période, réitérant la performance réalisée avec le couple iPod /iTunes.

La solution : à terme, probablement des applications web, écrites en HTML5, et sur lesquelles Apple ne pourra imposer cette règle, qui ne s’applique qu’aux applications soumises à son approbation, celles qui sont téléchargeables sur l’Appstore. Plus ça va, plus il semble qu’HTML5 va introduire de profonds changements sur le web, même si aujourd’hui le fait qu’il ne soit pas ou mal supporté par les versions encore largement utilisées d’Internet Explorer (IE8) constitue un problème. Il existe cependant déjà des applications de lecture, comme Ibis Reader, qui utilisent cette technologie.

La société Apple a fait beaucoup parler d’elle cette semaine, avec la publication de résultats records, et le lancement de son nouvel OS, Lion, que je n’ai pas encore trouvé le temps d’installer. Un petit fait intéressant qui indique peut-être une tendance qui pourrait bien se développer dans l’édition numérique : le long article de John Siracusa passant en revue l’ensemble des fonctionnalités de Lion, publié dans la revue en ligne Ars Technica, a fait l’objet d’une “Kindle Single édition” : L’article est devenu un livre numérique en format court, vendu 5 $, alors qu’il est par ailleurs disponible gratuitement sur le web. Il semble que certains soient prêts à payer pour disposer de cet article en version Kindle, (le livre numérique a été téléchargé 3000 fois en 24h, comme l’indique cet article du Nieman Journalism Lab …)

Mais cet article/ebook, décrivant par le menu le dernier iOS d’Apple sera-t-il achetable directement via la prochaine version de l’application Kindle sur iPad ?

La puissance d’Apple lui permet de changer les règles en cours de route, d’imposer ses règles à d’autres acteurs (les premiers concernés par cette règle de l’inApp puchase ont été les acteurs de la presse, dont certains s’y sont pliés, d’autres ont cherché des échappatoires). Cette puissance, conquise par une firme qui a su créer des produits incroyablement attractifs, génère aussi des résistances : certains refusent de se laisser enfermer dans le confort des solutions Apple, les mêmes souvent qui résistent aux sirènes de Facebook et de Google, bien décidés à ne pas s’offrir en pâture publicitaire, bien décidés à conserver le contrôle de leurs données, de leur identité numérique. Karl Dubost fait partie de ceux qui résistent, et il s’en explique dans un billet joliment titré : “pour une communication ouverte sublime”. François Bon, qui utilise machines et logiciels Apple, s’est emparé tôt de Facebook, a ouvert sans tarder un compte Google+, François, qui aime aussi à penser tout haut sur Twitter dès les premières heures du matin, se défend de faire exactement une réponse à Karl, mais entre en résonance avec lui, dans un long billet intitulé, avec un clin d’œil à La Boétie, “de la servitude réseaux”. Par mes usages des réseaux sociaux je crois bien que je suis moi aussi plutôt du côté de la “servitude volontaire”, même si teXtes, auquel j’essaie vaillamment de redonner un peu vie ces jours-ci, est installé sur un serveur auquel j’ai accès chez mon hébergeur, et si je suis bien propriétaire de l’improbable nom de domaine archicampus.net.

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