Pèlerinage à Utrecht : “ They’ve been on the mountain top”

Buterfly.io Thesis 1/8 La ville libérée existe: ‘spring is coming’ !

Nathanaël Arnera
The Buterfly Effect

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Cet été je suis parti en “pèlerinage” à Utrecht ( 4ème ville des Pays-Bas ). Les entrepreneurs partent à San-Francisco pour s’imprégner de la culture tech, quiconque s’intéresse à la mobilité devrait visiter à Utrecht, c’est la Mecque de la mobilité douce. J’y suis allé par curiosité, pour voir à quoi ressemble une ville où la bicyclette est le principal mode de déplacement, mais surtout pour voir à quoi ressemble une ville à la pointe des transformations auxquelles toutes les villes seront confrontées ces prochaines années. Plus qu’un pèlerinage ce fut un voyage dans le future.

Une ville éclairée:

Si Utrecht est aujourd’hui un paradis pour les mobilités douces, cela n’a pas toujours été le cas. Comme beaucoup de villes, Utrecht a investi massivement dans les années 50 dans de nombreuses infrastructures pour favoriser l’essor de la voiture. Mais la prise de conscience de l’impact négatif de la voiture sur la ville, sur la qualité de vie des habitants et leur mobilité y a été assez rapide grâce à la mobilisation citoyenne et au dialogue avec les autorités municipales.

Le symbole de cette grande transformation est l’histoire du canal qui entoure le centre ville. En 1973, il est vidé puis remplacé par un périphérique à 10 voies.

16 ans après des groupes de citoyens se sont organisés pour défendre la démolition du périphérique et le retour au canal d’origine. Le conseil municipal entend la demande et les arguments et décide en 1999 de supprimer cette infrastructure pour la remplacer par un canal avec des pistes cyclables.

Cette destruction n’a rien d’anecdotique et s’inscrit dans une vision plus large de la municipalité. Après avoir voulu devenir un paradis pour voiture, une large coalition du conseil municipal ( des verts à la droite libérale) a adopté un plan pour faire d’Utrecht la capital du vélo. Ce plan n’est pas resté à l’état de projet ( comme beaucoup de “plan vélo” en France). Ils l’on doté d’un budget ambitieux : en 4 ans la ville a investit 110 millions d’euros dans des nouvelles infrastructures (sans compter l’entretien). Pour avoir un élément de comparaison, l’Ile de France dispose en 2016 d’un budget de 17 millions d’euros ( pour 10 millions d’habitants )...

Des moyens à la hauteur des ses ambitions :

Lorsque j’arrive à Utrecht j’ai eu la même sensation de vertige qu’à Copenhague ou Amsterdam. Ça doit être la présence continue de pistes cyclables qui oblige une prudence lorsque l’on traverse et une constance interrogation pour savoir si l’on est sur piste cyclable ou un trottoir. Je trouve ça plus perturbant que le changement du sens de circulation propre du Royaume Uni. Pour un piéton ça demande un temps d’adaptation, mais pour le cycliste, cette offre sans discontinue d‘aménagements cyclables est un paradis.

Je ne parle pas de piste cyclable comme à Paris que l’on partage avec les bus. Ici, aucun danger, pas de place de parking à côté, pas de risque de se prendre une portière, même les enfants de 6 ans circulent à vélo dans la ville !

En avril 2015, la municipalité a mis en place le premier système au monde qui guide les cyclistes vers le parking disponible ( sec, gratuit et sécurisé) le plus proche. Avec quelques algorithmes le système parvient à anticiper les flux et prévoir à l’avance la disponibilité des différents parkings pour mieux gérer les flux.

En 2018, Utrecht détiendra le record mondial du plus grand parking à vélo ( devant Amsterdam), avec un total de 12500 places, 12500! Situé à côté de la gare centrale, l’option vélo-train sera une bonne alternative pour ceux qui habitent loin du lieu de travail.

Des résultats au rendez-vous :

Utrecht compte +300.000 habitants dont 100.000 utilisent la bicyclette quotidiennement pour se déplacer. Ces chiffres ont considérablement augmenté : entre 4 et 6 % par an ces dernières années.

Si la venue du tout-voiture avait vidé les canaux, supprimé les arbres pour ajouté une voie supplémentaire, le retour du vélo apporte un nouveau souffle de vie à cette ville. Je ne peux pas comparer à la Utrecht avant sa transformation, mais on reconnait en quelques heures une ville où il fait bon vivre, où les terrasses et les marchés remplace les places de parkings et où les enfants font du vélo sur des routes principales.

La ville transforme peu à peu les habitudes de ses habitants, aujourd’hui, 60% d’entre eux travaillent à moins de 15 km du domicile. Je n’ai pas trouvé les chiffres, mais je suis persuadé qu’il doit y avoir un impact sur les retards, les arrêts maladies, la productivité et le bien être dans les entreprises, ou mêmes des résultats scolaire pour les élèves.

Une chose est sûre, la mobilité douce est une arme de transformation rapide et peu couteuse, elle peut transformer n’importe quelle ville ou métropole en un grand village. Utrecht en est le parfait exemple. La troisième révolution dans les transports sera autant celle de la voiture autonome/électrique que celle des mobilités douce et du retour du “low-tech”. Et qui sait, peut être qu’un jour le périphérique parisien sera un grand canal :-)

Spring is coming !

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