Father of The Bride par Vampire Weekend [Album Review]

Vampire Weekend, le groupe de gentils garçons new-yorkais que l’on ne présente plus, a fini par sortir son 4ème album après 6 ans d’attente. Dans l’intervalle, les membres ont grandi (ou plutôt vieilli!). On s’est éloigné du rock indé, parfois fougueux, souvent surprenant, toujours original des 3 premiers albums. Pour autant, Father of the Bride, plus pop que rock, ne démérite pas. Dans sa différence, il recèle des qualités, parmi lesquelles quelques excellents titres.

L’album s’ouvre sur le très joli I can hold you now. Le titre introduit bien l’album pour plusieurs raisons: il lui donne son titre (au 2nd couplet), ensuite c’est un duo avec un artiste externe au groupe, en l’occurrence Danielle Haim (et l’album compte beaucoup de duo: 5!). Enfin, c’est un titre qui s’éloigne du style “Vampire Weekend” et qui annonce donc la couleur de ce qui va suivre. On y reconnait la voix d’Ezra Koenig, mais c’est à peu près tout. C’est une balade mélodieuse, calme, avec un sample de chant traditionnel mélanésien qui créée la surprise (on peut reconnaitre la BO de La Ligne Rouge, ou se rappeler le très bon remix qu’en avait fait le DJ français Brann en 2016), des voix qui dialoguent, et même des notes de Lap Steel Guitar pour un coté Country music… En bref, on est loin de la signature qui a fait le succès du group ( A-punk, Cousins ou Diane Young).

En fait, Father of the Bride peut s’écouter comme un double-album, de ceux qui comportent plein d’idées, jetées pêle-mêle, sans que les artistes et producteurs aient réussi à arbitrer lesquelles étaient les plus cohérentes pour figurer ensemble sur le même disque. Il n’y a aucun mauvais titre. Il y en a même de très bons ( Bambina, Harmony Hall), mais il y a plusieurs titres qui jurent avec le reste de l’album ( Sympathy), ou simplement avec le style de Vampire Weekend ( We belong together). Outre l’âge, les situations personnelles et les aspirations musicales des membres qui évoluent, il y a aussi un changement important: le quatuor n’est plus qu’un trio depuis le départ de Rostam Batmanglij, qui était co-auteur, co-compositeur et co-producteur des précédents albums.

Même s’il est inégal, cet album fait quand même bien plaisir à écouter. L’ambiance est moins décalée, mais la production est hyper soignée. On réalise que les membres du groupe ne sont plus des étudiants. Ce sont des adultes, qui ont largement passé le cap de la trentaine (on lit sur le web que Koenig serait papa depuis peu) et leur approche de la musique a donc évolué. On trouve même dans quelques chansons des allusions — timides — à la politique américaine de ces dernières années. Après diverses explorations, l’album se conclut sur le très élégant Jerusalem, New York, Berlin. Le titre, avec une musique épurée et un texte personnel de Koenig (référençant en filigrane la création d’Israel et l’identité juive du chanteur), achève de convaincre d’aller voir le groupe en live. Vampire Weekend sera au Zénith de Paris le 16 novembre prochain et Father of The Bride est disponible sur toutes les plateformes de streaming depuis le 3 mai dernier.

Originally published at https://www.lestroisdoigtsdelamain.com on May 29, 2019.

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